Salim Himidi ©Cheha Salams à toi, Salim Himidi Salim Himidi est entré dans l’histoire comme peuvent le faire les héros : ceux qui s...
Salim Himidi ©Cheha |
Salams à toi, Salim Himidi
Salim Himidi est entré dans l’histoire comme peuvent le faire les héros : ceux qui se mettent au service des autres en temps de péril sans compter ni l’effort, ni les risques ni les sacrifices.
Mais pour moi Salim Himidi a été un grand frère de cœur....A chaque fois que je vais à Paris, je l’appelle. Et à chaque fois, il vient me voir et me fait visiter de nouveaux endroits.
La dernière fois que je l’ ai vu dans cette ville , il m’a remis « les livres qu’il faut lire » comme à son habitude dont un ouvrage de Hubert Védrine sur la globalisation, un autre livre sur l’aveuglement de Mitterand par rapport ce qui allait être la réunification de l’Allemagne...
Il m’a ensuite invité dans un bistrot hindou pour gouter le « lassi », breuvage à base de lait avant de m’ emmener au « Théâtre de l’Archipel » pour regarder un spectacle inspiré par l’œuvre de Claude Nougaro :« Toulouse ».
Voila Salim Himidi, une montagne de culture doublée d'une générosité rare. Il doit absolument partager non pas à la manière des pédants qui écrasent par le savoir mais une générosité qui tend la main pour t’élever par les produits de l’esprit. Une qualité héritée de son père dont il parlait souvent tout comme sa sœur qui travaille la terre en Tanzanie.
Quand j'étais en formation à Paris ( 90-91) , il m’apportait régulièrement des billets de théâtre et de cinéma. Si j’utilisais systématiquement les places de Cinéma à Odéon j’allais rarement au théâtre. Il a dû insister une fois pour que j'aille voir Hamlet, œuvre de Shakaspeare qu’il adorait. Sha ndjenda.
C’est l’époque où il m’a présenté au directeur de Panos Info, Olivier Colombani, qui a bien voulu me prendre des piges. ( C’est le frère de Jean-Marie , ancien directeur du journal le Monde. Leur père a été Haut-commissaire aux Comores)
Pourtant, j'ai connu Salim Himidi sur le tard. Évidemment comme tous les jeunes de mon âge, j’étais intrigué par ce jeune homme barbu aux habits surprenants ( il portait des chemises amples africaines, une mode alors inconnue chez nous ) qui sillonnait nos villages pour critiquer Mohamed Taki et parler d’Indépendence. Dans les chaumières, on l’appelait le « fils fou de Hadji Himidi ».
Plus tard, ce n’est pas sans fierté qu'on le voyait passer dans sa voiture de fonction comme ministre de l’Intérieur d’Ali Soilih jouant en même temps sa partition diplomatique de concert avec Mouigni Baraka et Mouzawar Abdallah.
Au collège, feu Abdoulbar, son frère, donnait au compte-goutte quelques bribes d’informations sur ce frère prodige qui venait de "signer le nouvel accord de coopération avec la Chine ». C’est par cette source aussi que nous apprendrons que la belle Africaine devenue sa compagne était en réalité une journaliste éthiopienne tombée amoureuse au cours d’une interview à l’étranger. C’est enfin par ce biais que nous serons mis au courant du fait que le feu couvait sous la cendre entre Ali Soilihi et Salim Himidi et que les deux révolutionnaires allaient vers la rupture.
Plus tard, ce sera avec une certaine tristesse que j’assisterai au palais de justice à son face- à -face avec le procureur Ali Salim alors au sommet de sa gloire...Il écrira plus tard une lettre ouverte anthologique au même « Ali Salim dit Laboira » quand celui-ci entamera en son tour son chemin de croix !
Au bout du compte, Salim Himidi a existé par sa capacité à dire non. Non à sa famille : il ne sera pas un cadre zanzibarite diplômé de Londres mais un Comorien d'abord francophone diplômé d’Aix en Provence. Non, il n’acceptera pas le statu quo colonial et le combattra fermement. Non, il n’acceptera pas les dérives d’Ali Soilih et des comités révolutionnaires. Non au super Ministre de l'intérieur d'Ahmed Abdallah, Omar Tamou. Non à la corruption du régime Djohar (il démissionne d’un poste d’ambassadeur).
Et tout cela en étant un homme avenant, agréable et fidèle en amitié.
Par Ali Moindjié
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