Apocalypse Law Jusqu'au bout j'y ai cru. Pour rétablir l'ordre juridique, je ne pouvais jamais, pas encore, me résoudre à...
Apocalypse Law
Jusqu'au bout j'y ai cru. Pour rétablir l'ordre juridique, je ne pouvais jamais, pas encore, me résoudre à une insurrection ou un conseil de transition. Je m'étais alors drapé de toute la naïveté du monde pour croire encore au Droit, au bon Droit. Vous savez, ce Droit qui contraint les gouvernants, et non celui, qui instrument d'une politique, oppresse les gouvernés.
Alors jusqu'au bout, secrètement, j'ai espéré la protection de la Cour suprême. Quitte à ce qu'elle s'entête dans son chemin irrégulier sans fondement ni procédure que cela fût alors pour la défense de la République, pour la défense de l'État de droit. J'avais rêvé un beau "considérant". Une décision qui dans les ultimes affres de la forfaiture actuelle, au moment où celle-ci pense s'éterniser, allait sonner le glas et dire stop. Une décision dont on aurait fierté à rappeler dans nos manuels d'histoire et de droit.
Il n'en a rien été. Au contraire, la Cour suprême a fait fi de tous les principes qui portent une haute juridiction. Placée sous la seule autorité de la Loi, elle a préféré, une fois de plus, l'être sous celle d'un régime. Porte-voix d'une justice rendue au nom du peuple comorien et de lui seul, elle a choisi de la rendre au nom d'un clan.
Rien n'a pu le ramener à la raison ni la robe pour laquelle ses membres ont été formées, ni même l'éthique envers laquelle respect avaient-ils fait serment d'honorer. Résultat, une énième décision à rebours de toute logique juridique a été rendue. Lapidaire, inexact et complice, le dernier arrêt ne fait pas que complaire les fossoyeurs de la République, il couvre honteusement la forfaiture permanente d'un drap de droit et de légitimité. En tout cas le prétend-il. Jamais, il ne réussira.
La Cour a rejeté des requêtes en annulation du scrutin au motif que l'un des requérants n'était inscrit que dans une circonsprition de Ouani et l'autre dans une d'Itsandra Mdjini. La Cour arguant que de ce fait, ils ne sauraient contester qu'une élection intéressant leur seule circonscription or l'élection présidentielle dépasse celles-ci.
Allez dire aux juges de la Cour suprême que c'est complètement absurde. Il n'existe pas de circonscription qui s'appelle "Union des Comores". L'on est tous inscrit dans des circonscriptions locales, mais l'on vote au niveau national. L’on est donc des électeurs nationaux. Les requêtes de ces requérants étaient parfaitement recevables. Le pire, c'est que vous le savez.
Maintenant, vous livrez la République à elle-même, cette Cour n'a plus rien d'auguste, rien de suprême, elle s'est alignée sur la violation méthodique, volontaire et réitérée des lois fondamentales de ce pays depuis un an. À présent, mettez vos robes et observez chers juges la descente aux enfers. Observez le détournement du suffrage universel, les arrestations arbitraires, l'accaparation des sceaux et biens de la République, savourez l'émergence. Votre mission en tant qu'institution judiciaire était de redresser les torts des hommes et sauvegarder le bien commun, demandez-vous si la mission est remplie.
Dans « Cour suprême », il y a Cour d'abord pour dire le droit d'abord, toujours, ce n’est que cela qui vous donne les honneurs de la République. Il n'en a rien été. À présent, l'on est tous en dehors du droit et au bord d'un chaos que nos parents pensaient avoir vaincu depuis 2001.
17 ans en arrières parce que vous avez failli. Mais consolez-vous, ce sont toutes les institutions qui ont failli. Il y a 33 élus de la Nation aux abonnés absents et une armée nationale dont on fera l'économie de la critique tant ses actes se suffisent d'eux-mêmes. Vive la République !
Par Mohamed Rafsandjani
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