Les mensonges du régime en place depuis 2016 sont légions, mais nous retenons ici quelques uns, car du fait de leur gravité, doivent appe...
Les mensonges du régime en place depuis 2016 sont légions, mais nous retenons ici quelques uns, car du fait de leur gravité, doivent appeler les Comoriens à un sursaut national en rejetant massivement ce pouvoir qui se radicalise de jour en jour.
Le premier des mensonges est la suppression de la Cour constitutionnelle. Azali et ses courtisans répètent à tue tête que cette institution dysfonctionnait. Qu’elle était corrompue. On dit souvent que lorsqu’on souhaite tuer son chien on lui découvre la rage.
Raison pour laquelle le régime ayant déjà sombré dans la monocratie dictatoriale a décidé de maquiller la suppression de la Cour par un transfert provisoire des compétences de celle-ci à la Cour suprême. Cette dernière serait plus compétente que l’autre avec des juges plus intègres que ceux de la défunte Cour constitutionnelle. Les assises du régime vont finir par valider la mise à mort de ladite Cour constitutionnelle. Les azalistes diront par la suite que ce sont les assises qui ont acté la fin de cette Cour. C’est le premier acte d’un projet macabre qu’il faut neutraliser par le vote contre ce régime.
Le deuxième gros mensonge est la mise en œuvre des assises dites nationales. Si en effet l’idée était excellente au départ ; que les Comoriens se retrouvaient pour réfléchir sur les échecs des quarante trois ans d’indépendance et poser les bases d’un nouveau départ en mettant l’accent sur le développement. Ceux qui croyaient que de celles-ci allaient sortir le meilleur pour les Comores ont été déçus, car la montagne a accouché d’une souris. Ces assises-là n’avaient rien de nationale que de nom. Elles ont été accaparées par le régime et les conclusions qui en sont ressorties sont exclusivement les siennes et non celles d’un consensus national.
La Commission vérité réconciliation, tant attendue pour régler une fois pour toute le passif des dirigeants successifs, mais surtout des détournements des biens publics, n’a jamais vu le jour. Aucun véritable projet de société pour porter les Comores vers le haut n’est acté par le corps social, mais c’est un projet individuel, une nouvelle Constitution, dont l’objectif est pour le président en exercice de s’éterniser, pour longtemps, au pouvoir. Les assises ont servi d’alibi pour assouvir les désidératas d’un homme assoiffé de pouvoir et d’argent et de glorioles.
Le troisième gros mensonge d’Etat est le référendum constitutionnel devant tirer les conséquences des assises. Après avoir été boudé par l’opposition au régime, la population comorienne a, de son côté, refusé de valider la forfaiture. Mais c’était sans compter sur les magouilles du régime. Celui-ci s’est arrogé les suffrages en proclamant des résultats staliniens, prenant le peuple pour des billes manipulables à souhait. Mais il est de notoriété publique que les résultats proclamés étaient à plusieurs années lumières des suffrages exprimés. Bref, le référendum fut rejeté par le peuple. C’est là que la Cour suprême va intervenir pour commettre l’irréparable en proclamant des résultats inexistants.
L’autre mensonge, et non le moindre, est marqué par les procès faits aux opposants au régime. Ici la justice dans son ensemble va sombrer dans l’ignominie et la boue. On la savait corrompue minée, infiltrée par les politiques. Mais on ne la savait pas aussi perfide et à quel point soumise. Le plus grave c’est le fait que cette justice ait montré à la face du monde son injustice et sa partialité.
Sous les ordres du pouvoir en place, toutes les voix discordantes vis-à-vis du régime devaient être emprisonnées suite à des procès expéditifs et particulièrement sans fondements juridiques valables. L’objectif est donc de semer la terreur dans les cœurs de la population. Mais qui ne sait pas que les tentatives de déstabilisation sont l’œuvre de ce régime lui-même ? Le coup d’Etat de SAST et consorts, l’histoire des clous à Mohéli, la supposée guérillas de Mutsamudu, et l’éboulement de Sima... ne sont que des coups tordus ayant pour dessein de permettre l’inculpation de tous ceux qui dérangent ce régime. Le plus dramatique est de leur trouver des mots pour justifier l’injustifiable en affirmant haut et fort qu’il faut laisser la justice faire son travail. Quelle turpitude ! De quelle justice parle-t-on ?
Enfin, le dernier gros mensonge est celui de l’émergence à l’horizon 2030. Quel slogan ! Quel toupet ! mais quel mensonge éhonté ! Même Azali lui-même n’est pas convaincu, car il ne sait pas de quoi il s’agit précisément. La ficelle est trop grosse pour que les gens tombent dans ce piètre piège. Un pays ne peut émerger sans un Etat de droit effectif.
Cela suppose des lois respectées par tous y compris par ceux qui gouvernent. Comment le pays peut-il sortir du sous-développement alors que les forces vives, ceux devant s’employer pour le développement de celui-ci, ont tous les jours la peur au ventre d’être pour un oui ou pour un non être emprisonné ? Comment des investisseurs vont-ils se hasarder à investir dans un pays où il n’existe pas la moindre stabilité juridique ? Personne.
Dans ces conditions, il n’y aura pas d’émergence ni à terme, ni à long terme. Le mensonge est là pavé de bonnes paroles pour endormir un peuple médusé. Mais le dessein machiavélique est ailleurs : priver le Comorien de ses droits fondamentaux, de sa dignité et asseoir ad vitam aeternam un pouvoir despotique. Alors nous pourrons arrêter ce processus en votant massivement contre ce régime. Dans le cas contraire, il ne nous restera que les pauvres yeux pour pleurer.
ALI ABDALLAH Ahmed
Docteur en Droit public
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