Le chef de l’opposition Mohamed Ali Soilihi tacle le président de la république et son gouvernement suite à la rébellion d’Anjouan, qui a...
Le chef de l’opposition Mohamed Ali Soilihi tacle le président de la république et son gouvernement suite à la rébellion d’Anjouan, qui a fait trois morts et plusieurs blessés. Parallèlement à son appel à une aide humanitaire internationale, balayée d’un revers de main par le pouvoir, Mamadou est convaincu qu’avec Azali Assoumani au pouvoir, « il est de plus en plus difficile d’envisager une solution ».
Il a osé. La situation à Anjouan préoccupe l’opinion nationale à tel point que ceux qui critiquent les dérives dictatoriales le font sans retenue. Il y a d’abord ces messages vocaux qui circulent en privé sur les réseaux sociaux, où l’on entend femmes et hommes insulter le président de la république…jusque dans son intimité. Des messages qui, si besoin est, témoignent parfaitement de la colère noire des Comoriens vis-à-vis du pouvoir qui agit en main de fer et de l’incivilité rampantes.
L’opposition, par la voix de son chef de fil Mohamed Ali Soilihi, rend public ce que beaucoup chuchotaient en privé. En effet, dans sa déclaration pour le moins salutaire, Mohamed Ali Soilihi n’a pas mis de gants pour s’attaquer à celui qui, nonobstant l’opinion nationale et internationale, a eu le culot de charcuter l’accord de Fomboni de 2001, qui a pu garantir la stabilité du pays pendant 15 années d’alternance politique pacifique.
Dans son réquisitoire dont la violence est à la hauteur des circonstances, le candidat malheureux aux présidentielles de 2016 commence ses propos par déplorer le fait que « le sang de nos concitoyens [d’Anjouan] a été versé sur le sol de notre patrie ». Cela en référence aux affrontements opposant des civils armés et des militaires dans la capitale anjouanaise, faisant trois morts et plusieurs blessés, selon les chiffres officiels.
«Conséquemment à la politique menée par le pouvoir faite d’oppression, de privation de toutes les libertés individuelles et collectives, de démolition de toutes les institutions de l’Etat, de tous les principes, qui fondent notre République, la tension est allée croissante depuis plusieurs mois ». Le chef de file de l’opposition doit se souvenir de ces manifestations pacifiques brutalement dispersées, de ces centaines de politiques et ordinaires jetés en prison sans aucune forme de procès, mais aussi la neutralisation de la Cour constitutionnelle avant-même le referendum lequel, a dépouillé les îles de leur autonomie légendaire.
«La crise a complètement changé de nature et, de politico-institutionnelle, elle est devenue une crise nationale majeure, atteignant des sommets insoupçonnés depuis [la crise séparatiste de] 1997. Sourd et aveugle, insensible à tous les signaux et avertissements qui lui venaient de partout, le pouvoir d’Azali Assoumani porte seul, devant la nation et devant la communauté des nations, la responsabilité totale de cette situation gravissime…Cette évolution dramatique de la situation nationale force d’elle-même à dresser le constat selon lequel Azali Assoumani est bien le problème des Comores et qu’il est de plus en plus difficile d’envisager une solution de paix, de calme et de tranquillité avec lui ».
« Convaincu qu’il n’y a pas d’alternative à l’accord historique de Fomboni de 2001 », le chef de l’opposition reste ouvert à la reprise du dialogue « dans la sincérité ». « Mais avant cela », nous appelons la communauté internationale, quitte à user de son droit d’ingérence, pour un cessez-le-feu très rapide », réitère celui qui appelle également à une aide humanitaire internationale, requête rapidement balayée par le porte-parole du gouvernement, estimant que notre pays « n’est pas en état de guerre ».
Dans l’après-midi d’hier jeudi, le ministre de l’éducation M.Salim Hafi et le commandant Fakridine Mahamoud ont rencontré Mohamed Ahmed Salim et Abdallah Mohamed, respectivement conseiller juridique du gouverneur Salami et secrétaire général du gouvernorat d'Anjouan en vue de trouver une issue à la crise. Selon le ministre de l’intérieur, des rebelles se sont rendus et rendu les armes pendant que d’autre négociaient leur reddition. Le ministre pointe du doigt l’opposition. Pour lui, ce qui arrive « est le corollaire de leur gestion du pays » quand ils étaient au pouvoir.
Par TM - publié dans le quotidien Masiwa komor
COMMENTAIRES