L’avocat du gouverneur d’Anjouan, placé en mandat de dépôt, a fait sa première déclaration. Plus surprenant, il loue la «transparence du ...
L’avocat du gouverneur d’Anjouan, placé en mandat de dépôt, a fait sa première déclaration. Plus surprenant, il loue la «transparence du dossier » et les « visites libres » dont il bénéficie de la part des autorités judiciaires et militaires. Est-ce une façon de dire que ce qui arrive aux défenseurs de Sambi est exempt de toute immixtion politique?
Pourtant tant attendue, la première déclaration de l’avocat du gouverneur d’Anjouan n’a pas été à la hauteur. Reproché d’« atteinte à l’unité nationale », « complicité de meurtre », « port illégal d’armes »…Abdou Salami Abdou est placé en mandat de dépôt depuis le 25 octobre par la juge d’instruction près de la Cour de sûreté de l’Etat. Des chefs d’accusation annoncés avant même l’audition et que le gouverneur a niés en bloc.
Au lieu d’annoncer des nouvelles sur le dossier, ou encore sur les conditions de détention, l’avocat n’a fait que reprendre mot à mot ce que le gouverneur a déjà dit dans sa vidéo du dimanche 21 octobre, dont le compteur affiche plus de 49 000 vues rien que sur la page Facebook officielle du gouvernorat d’Anjouan. «Le gouverneur d’Anjouan n’a aucun lien avec les civils armés, pour reprendre ce qu’il a dit. Néanmoins, il a reconnu avoir appelé à une manifestation pacifique qu’il a organisée en sa qualité de responsable », a d’emblée annoncé Me Abdoulatuf Bacar.
Sans tarder, il se met à déborder d’éloges à l’endroit de la justice. «Jusqu’à maintenant, je fais librement mon travail. J’ai accès à tous les dossiers, je rends visite librement à mon client ». Il faut dire que cette annonce semble ne pas être fortuite. « Je rends visite librement à mon client » reviendrait à faire le lien avec le cas Sambi, dont l’avocat lui rend difficilement visite. Et s’il arrive à s’approcher de lui, un gendarme se met à côté d’eux. Une présence qui ne favorise pas la confidentialité entre avocat et son client. Cette attitude est vigoureusement dénoncée par l’avocat de Sambi, qui y voit une immixtion politique.
Mais l’avocat de Salami, lui, est choyé au point de manquer de parler des conditions de détention de son client, de rejeter les milles et uns chefs d’accusation retenus par la juge d’instruction, encore moins de dénoncer les procédures de l’enquête qui sont tout sauf coordonnées. Qu’à cela ne tienne, il garde la foi et le déclare publiquement. « Au stade actuel du dossier je suis confiant que nous découvrirons la vérité. Pour l’instant il y a une transparence du dossier au niveau judiciaire », poursuit-il.
Seul fait d’arme qu’on peut retenir sur ce point de presse tenu à Mutsamudu, l’avocat balaie les versions des autorités selon lesquelles Salami s’est rendu parce qu’il a reconnu avoir commis un délit en armant les rebelles. Sur ce point, Me Abdoulatuf se veut intransigeant. « Salami a appelé les forces de l’ordre pour sa sécurité et non pas parce qu’il a commis un délit. Il devait se rapprocher des autorités militaires pour le protéger et ainsi, au fur et à mesure, mener les enquêtes pour faire émerger la vérité ».
Au passage, il a fait savoir que les « insurgés » partis pour Mayotte n’ont pas encore obtenu le droit d’asile demandé. Selon l’avocat, les autorités françaises devraient d’abord se concerter avec celles des Comores notamment dans l’établissement de la vérité sur ce soulèvement armé du 15 octobre dans la médina de Mutsamudu.
Par TM ©Masiwa komor
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