Le président du parti Al-Qamar, Salim SAADI, est le seul candidat déclaré du côté de l’opposition pour l’élection présidentielle anticipé...
Le président du parti Al-Qamar, Salim SAADI, est le seul candidat déclaré du côté de l’opposition pour l’élection présidentielle anticipée prévue en 2019 par le président Azali. Dans l’interview qui suit, il explique les raison de cette décision qui parait contraire à celle de l’Union de l’opposition.
Vous avez passé un bref séjour au pays et vous avez observé le climat qui prévaut actuellement. Qu'en pensez-vous du dialogue inter-comorien engagé entre le président et l’opposition ?
Effectivement, j’étais présent au moment du référendum et je suis resté quelques jours après le scrutin.
J’ai vu de près à quel point le climat politique est très tendu entre le pouvoir et les différents partis de l’opposition. Mais comment peut-on s’attendre à autre chose dans un pays où les opposants sont constamment harcelés et intimidés, où les journalistes sont menacés et pour certains licenciés pour avoir simplement fait leur travail. Tout cela était inimaginable dans notre pays il y a quelques années. Les autorités actuelles sont allées plus loin.
Alors si un espace de dialogue est ouvert, c’est une excellente chose. Encore faut-il que le cadre soit clairement défini et que les échanges soient transparents et sincères. Sinon cela n’aboutira à rien du tout.
Quelle importance donneriez-vous à ce dialogue inter-comorien ?
Un dialogue doit avoir un objectif. En l’espèce, on a besoin d’apaisement, du respect des lois, des libertés individuelles et collectives, mais surtout la restauration du cadre institutionnel qui nous a garanti une stabilité politique incontestable pendant 15 ans.
Vous avez déclaré votre candidature aux présidentielles de 2019. Mais hélas, l'opposition campe sur sa position. « Pas d'élection en 2019. On attend le tour d'Anjouan en 2021. » Quelle est votre réaction ?
Le parti Al-Qamar est dans l’opposition à ce gouvernement, car nous estimons que la politique menée depuis deux ans n’est pas à la hauteur des attentes et des besoins des Comoriennes et des Comoriens. Nous condamnons fermement la violation de notre loi fondamentale par le gouvernement. Nous avons refusé de participer à la mascarade appelée Référendum du 30 juillet 2018 parce que nous considérions qu’il était organisé en méconnaissance des règles et pratiques requises. C’était très important de montrer notre souci pour le respect de l’Etat de droit, la démocratie et le respect des Institutions.
Nous avons l’obligation de tout faire légalement pour que le peuple reprenne son pouvoir. Et bien si le gouvernement organise des élections en 2019, nous allons nous investir pour le battre, car il nous semble le moyen le plus cohérent avec notre position depuis le début.
Boycotter cette élection serait la pire des choses, car cela voudra dire qu’on laisse le gouvernement actuel s’offrir encore 10 années supplémentaires. Si cette élection est organisée de façon libre et transparente, elle aura toute sa légitimité. Le parti Al-Qamar mettra tout en œuvre pour remporter cette échéance.
Quelle démarche allez-vous préconiser pour sortir le pays de la crise ?
Il y a un cadre de dialogue qui semble ouvert. Si nous sommes invités à y participer nous formulerons nos propositions. Mais comme il ne vous a pas échappé, nous n’avons pas eu de convocation.
Vous avez déclaré qu'une fois élu président de l'Union des Comores, vous allez rétablir l'ordre constitutionnel. Comptez-vous le rétablir par une nouvelle constitution ?
Pourquoi une nouvelle constitution ? Nous estimons que la constitution de 30 juillet 2018 n’a pas été adoptée dans les conditions requises. Tout le monde a constaté la violation des règles démocratiques.
Mais la constitution de 2001, issue de l’Accord de Fomboni, malgré ses imperfections, n’est pas la cause des problèmes économiques et sociaux qui frappent notre pays et sa population.
Nous nous engageons donc à rétablir l’ordre constitutionnel et garantir l’effectivité de la Présidence tournante telle qu’elle a été prévue par la constitution de 2001 et consolidée par la jurisprudence de la Cour constitutionnelle en 2015.
Si je suis élu président de la République grâce à la confiance du peuple, je respecterai scrupuleusement cet engagement.
Votre absence aux Comores ne sera pas un obstacle d'avoir un électorat ?
Je suis absent aux Comores physiquement pour des raisons professionnelles, mais le parti Al-Qamar est aux Comores.
Je tiens également à souligner que je suis présent à travers la Fondation Actions Comores qui œuvre quotidiennement à l’amélioration des conditions de vie de mes concitoyennes et concitoyens dans le pays auprès des communautés villageoises, et des associations. Je vais multiplier les séjours durant cette période de précampagne. Et vous savez très bien que la diaspora pèse énormément dans toutes les élections aux Comores, bien qu’on lui refuse toujours le droit de vote.
Je tiens à préciser que toute comorienne ou comorien où qu’il se trouve dans le monde à voix au chapitre lorsqu’il s’agit de son pays. Nous sommes plus de 350 000 citoyens comoriens résident à l’étranger, nous contribuons à la vie économique du pays. Il n’est pas normalement justement que nous soyons privés du droit de vote!
C’est une hérésie démocratique.
Pour conclure, je demanderai simplement à la communauté internationale de s’impliquer davantage dans le processus électoral éventuel pour éviter de nouvelles fraudes électorales. Car si par hasard on nous vole les élections, nous ne laisserons pas faire.
Propos recueillis par Kamal Dine Bacar (AlFadjr)
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