Nos intellectuels et nos politiciens qui ne sont pas des chefs ou maires de village doivent être à la hauteur d'agir en hommes d'...
Nos intellectuels et nos politiciens qui ne sont pas des chefs ou maires de village doivent être à la hauteur d'agir en hommes d'États. Un cadre qui n'est pas préfet d'une région a le devoir de penser en homme d'État, un ministre ou un président sont nommé ou voté pour servir l'État et le peuple entiers.
Dans de lointaines contrées, les habitants d'une localité sont fiers de produire un enfant illustre qui devient parmi les décideurs du pays mais ils n'attendent rien de lui en particulier, ils sont au même pied d'égalité en droit comme le reste des habitants. De nos jours encore quand un cadre est nommé ou voté, quand on dit qu'il vient du Mbude ou de Hanbu c'est pas pour indiquer son lieu de naissance c'est pour montrer qu'il est choisi dans le faux esprit d'équilibre et de représentativité.
Donc un ministre issu de Mutsamudu doit s'entourer d'un personnel de Mutsamudu, un gouverneur d'Itsandra doit employer plusieurs ressortissants d'Itsandra dans son cabinet; je me demande comment agiraient-ils si un mgazidja était promu préfet ou directeur général à Moheli, si un anjouannais ou un mohelien étaient placés gouverneur ou préfet à Ngazidja, comment agiraient-ils si jamais on le faisait à la manière d'Ali Soilihi?
Sachons que si l'État comorien est une introduction coloniale, la nation comorienne a toujours existé et a fait l'objet de ces luttes intestines qui continuent de ressusciter honteusement la fierté de certains de nos générations. Nos intellectuels et nos politiciens doivent prier pour le pardon de nos aïeux combattants, qui pour avoir voulu construire une unité politique de la nation, ils s'entretuaient dans le compte des pouvoirs absolus des régions. Je n'ai aucune fierté à tirer parce Msafumu aurait remporté une partie de bataille ou parce Saïd Ali aurait gagné sur le dernier ou encore parce que Hachim aurait infligé de sérieuses défaites par le sang à ses frères adversaires.
Je ne voudrais point revivre ce temps où Abdallah 1er, Salim et Abdallah III d'Anjouan envahissaient Moheli et Mayotte pour constituer le grand sultanat au mépris des populations soeurs; je ne veux point revivre la détresse des moheliens cherchant le soutien à Ngazidja pour se protéger des incursions et invasions anjouannaises; je ne veux point revivre ce temps où quoique manoeuvrée par le grand sultan Mayotte fut contente de s'éloigner d'Anjouan avant que Ngazidja n'entre en scène en période d'autonomie interne.
Je voudrais revivre avec ces combattants moheliens qui massacraient les agresseurs européens, je voudrais vivre avec ses moheliens qui ont toujours agi pour l'unité de la nation pendant que si les wangazidja ont le pouvoir pensent plus au village et la région, pendant que les anjouannais se replient s'ils n'ont pas le pouvoir absolu sur toute la nation.
Si la Nation comorienne était unie avant la colonisation les actes héroïques de nos combattants et les révoltes de nos courageux ancêtres auraient laissé de belles pages de notre histoire, et notre indépendance aurait également une forme héroïque.
Que m'importe personnellement si le président de la république appartient à mon village ou à mon île? Le seul sentiment de gloire que je pourrais partager est si ce président était juste et pieux! Et si mon propre père était un tyran j'aurais porté le lourd fardeau d'être le fils d'un oppresseur, est-ce de la grandeur? Non!
Devenons grands, enterrons l'esprit des sultans batailleurs; le sectarisme est condamné par le Prophète Muhammad et Allah a fait de tous les croyants et croyantes de la terre une seule et même communauté de frères et soeurs. Et si ce que nous vivons dans le monde musulman est déplorable ce que nous avons chez-nous est exécrable.
Muhammad Soidrouddyne Hassane
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