J'ai lu comme beaucoup d'entre vous, j'espère, le communiqué de presse de la présidence de la République. Voici tout d...
J'ai lu comme beaucoup d'entre vous, j'espère, le communiqué de presse de la présidence de la République.
Voici tout d'abord la chronologie d'une cascade d'événements et de décisions équivoques, ambigus et peu convaincantes d'un pouvoir embourbé.
Tout démarre ce samedi 12 mai 2018 quand l'ancien président de l'Union des Comores, Ahmed ABDALLAH Mohamed Sambi, est revenu au pays après un assez long séjour passé en France auprès de sa famille. À son arrivée tant attendue à l'aéroport Prince Saïd Ibrahim, à Hahaya, une foule immense et très impressionnante , composée de plusieurs milliers de Comoriens, de hautes personnalités politiques de l'Union de l'opposition, d'élus et de militants de son parti, Juwa, l'attendait patiemment dans une ambiance bon enfant pour un accueil chaleureux, fraternel et exceptionnel. Cela a profondément heurté l'orgueil du Président Azali qui, de retour d'Anjouan, se trouvait au même moment à l'aeroport.Hahaya et qui a vécu en direct, le cœur en deuil, les vagues humaines venues accueillir ''leur président''.
Piqué vif de jalousie, le Président de la République, bouleversé et secoué profondément par ce qu'il venait de vivre tant à l'aéroport que sur la route inondée de monde en marche à pieds vers Voidjou, il rentre furieux à Beit-Salam. Il ordonna sur le coup de l'émotion une réunion de crise à laquelle tout son staff est convié. Il y sera prise dans la précipitation une cascade de mesures arbitraires, graduelles et persécutrices à l'encontre de Sambi.
- À commencer le soir même de son arrivée, le 12, où des agents de la Brigade de Recherches de la gendarmerie nationale viennent au domicile de Sambi. Ils lui notifient au pied levé une convocation à une audition le 15 mai à 8h30 pour ''une enquête préliminaire portant sur la loi du programme de la citoyenneté économique''.
- Le mardi 15 mai, à la fin de l'audition de l'ancien Président, un des officiers gendarmes lui présentera un "ordre d'empêchement" signé du Procureur de la République à Moroni et par lequel Sambi est ''interdit de quitter le territoire'' national et sommé même de ne pas bouger de l'île de Ngazidja ;
- le vendredi 18 mai, à la sortie de la prière, à la mosquée Alkasmi de Moroni, Azali va revivre un autre cauchemar de la popularité de Sambi, l'obligeant à prendre une porte dérobée pour sortir de la mosquée.
En effet, un tsunami humain plébiscite et escorter triomphalement Sambi en chantant l'hymne national et le chant fétiche " Tsuo tsuo, ' tsuo Sambi katsina ntronto, harahara swafi " jusqu'au niveau du ''Café du port''. S'en était trop pour Azali, lui qui n'a suscité à son égard le moindre geste amical ou intérêt en sa personne chez des citoyens venus en masse assister à la prière mortuaire de Said Ahmed Charif. Suite à cette manifeste d'indifférence de la population pour Azali et d'adulation frénétique pour Sambi, une note du soir, signée du préfet du centre, Salim Mohamed, sortira et interdira l'ancien Président de prêcher dans les mosquées comme il avait jusque là l'habitude de le faire en periode de ramadan depuis trente ans ;
- le samedi 19 mai 2018, une autre note circulaire signée cette fois par le SG du ministère de l'intérieur place l'ancien Président en résidence surveillée à son domicile de Voidjou ;
- l'après-midi de ce samedi, vers 15h30, des agents de la Brigade de recherches de la gendarmerie, se sont présentés à nouveau à son domicile pour lui signifier qu'il est convoqué à une seconde audition pour le lundi 21 mai à 9h ;
- le soir même de ce fameux samedi 19 mai, vers 22h, des forces de sécurité armées de kalaches viennent encercler son domicile et y empêchent l'entrée ou la sortie, retenant et séquestrant ainsi à l'intérieur jusqu'à 10h le dimanche 20 mai, toute la direction nationale du Juwa venue voir le Président d'honneur de leur parti.
- L'après midi de ce même dimanche, l'ancien président tient chez lui à son ''darsa'' habituel. Des fidèles sont venus en masse pour l'écouter, mais ils ont trouvé une dizaine de gendarmes postés à l'entrée du domicile et aux alentours et qui les empêchent de rentrer suivre la prêche. Ils ont forcé un peu et plusieurs d'entre eux (plus de trois cents) ont réussi à rentrer et environ 150 sont restés dehors face aux gendarmes. Le ''darsa'' terminé, ceux qui n'ont pu rentrer ont voulu profiter de la sortie de ceux qui étaient à l'intérieur pour rentrer et voir Sambi. Les gendarmes tentent de les empêchés et c'est alors que les bousculades commencent entre les forces de l'ordre et les les fidèles. Les gendarmes sont pourchassés à coup de jets de pierres et obligés de se réfugier à l'ORTC.
Depuis, les mesures de ''sécurité'' les plus persécutrices sont prises autour de la demeure de l'ancien président qui ne peut plus sortir ni avoir la moindre visite. Son téléphone est brouillé et il a du mal à communiquer avec les siens, notamment sa famille, à Anjouan.
Le lundi 21 mai, la Brigade de recherches de la gendarmerie est retournée à Voidjou pour une seconde audition.
Le mardi 22, un communiqué de presse de la présidence de la République mal rédigé et plein de contradiction informe pour la première fois l'opinion des raison de la séquestration de l'ancien raïs. Le communiqué parle déjà de : ''son implication pour des faits de détournements'', mais s'empresse d'indiquer l'enquête : '' l'enquete se situe dans une phase d'investigation qui qui déterminera la necessité ou non d'une mise en examen éventuelle de l'ancien président''. Et d'ajouter pare mepris de nos intelligences et de violation de nos consciences : '' l'ancien president ne souffre d'aucune restriction de liberté et encore moins d'assignation à résidence.... Cependant.....ses agissements .....imposent .....le placement de l'ancien président en résidence surveillée.... Toutefois sa liberté de mouvement dans l'ile où il se trouve est maintenue ''.
C'est vraiment nous prendre comme macaques, des ''cons'' sans cervelle que l'on peut faire gober n'importe quoi.
Mais de tout ce méli-melo, il en ressort clairement que le pouvoir reproche à Sambi sa popularité qui causerait des troubles à l'ordre public par ''ses agissements''.
Selon le communiqué, il est libre de ses mouvements mais mis en demeure de ne pas bouger de son domicile. D'où le déploiement d'une ''garde rapprochée chargée de sa sécurité'' de prisonnier mais ''libre'' de ses mouvements dans les pièces de son appartement.
Retenez bien aussi que le communique du pouvoir laisse entendre que Sambi menacerait les relations diplomatiques de notre pays avec ''les pays de la Ligue des États arabes''.
Je dis donc qu'à la lumière de tout ce qui se passe aux Comores en ces moments et à la lecture profonde du communiqué de presse de Beït-Salam, le Président de la République a clairement démontré sa peur de Sambi à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. Et comme l'a confirmé son ministre de l'intérieur, Mohamed Daoudou, Sambi est réellement le vrai président des Comores. Il est perçu ainsi par l'écrasante majorité de la population comorienne qui lui manifeste à chacune de ses sorties son attachement et son amour grandissants. Il est perçu comme tel par nos partenaires de part le monde puisque le communiqué laisse comprendre que lui seul, sambi, peut moduler nos relations de partenariat avec les États notamment ceux du monde arabe et les organismes internationaux.
Notre Président de la République, son Excellence Azali Assoumani, doit donc tirer les leçons d'un tel désaveu de l'opinion publique nationale et internationale. Il rendrait un grand service au pays et préserverait ainsi la paix et la cohésion nationale auxquelles il est hautement attaché.
Bon ramadan mes cousins !
Mhoumadi Sidi IBRAHIMA.