Pour interdire les camions de verser les ordures vers Bahani, les jeunes de la région évoquent un danger de santé publique mais aussi le no...
Pour interdire les camions de verser les ordures vers Bahani, les jeunes de la région évoquent un danger de santé publique mais aussi le non respect des engagements et pourtant c'est n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Cette épineuse question des ordures de la capitale met en exergue tout d'abord le tâtonnement et l'amateurisme des autorités étatiques dans la gestion des affaires publiques. Les responsables gouvernementaux n'ont jamais traité en profondeur une question aussi importante. Tous les régimes qui se succèdent à Beit Salam ou à Ngazi Ngomé ont toujours agi par des mesures spontanées, sans lendemain. Les gouvernants actuels ont envoyé l'armée pour imposer de force le versement des ordures dans le site mais après les assises, le site sera encore fermé.
On se souviendra de l'ex-directeur de cabinet de Iki qui avait négocié la même chose avant que tout se referme. Un peu avant, un président de la république vêtu d'un jogging s'est rendu à Volo-volo pour ramasser les tas d'ordures comme si le problème était le ramassage. Toujours après ces coups médiatiques, on revient à la case de départ car le vrai problème n'est jamais posé. On laisse toujours la responsabilité de la gestion des ordures à la mairie de Moroni avec ses insuffisances et ses incompétences. Conséquence, tous les accords conclus entre les villages environnants et la municipalité de la capitale tombent à l'eau au bout de quelques semaines.
Mais si résoudre ce problème est devenue aussi compliqué, c'est à cause des enjeux politiques qui entourent ces déchets ménagers. Les dépotoirs sont devenus de moyens de chantage, de manipulations et de sabotages. Des opposants utilisent l'installation d'un site pour les déchets ménagers de la capitale comme des armes de guerres. C'est le cas, au début des années 2000, l'Union Européenne dans le cadre du Projet de Coopération Décentralisée avait travaillé au fond sur l'installation dans le Hamanvou d'une déchetterie maîtrisée avant que tout ne partent en miette. Une étude d'impact était réalisée, un dispensaire, une école et un projet de compost avec création d'emploi étaient programmé. Mais à la dernière minute, à cause d'un veto des hommes politiques de la région, tout a basculé et le PCD qui avait prévu de financer des centaines de millions a fermé le projet.
Et comme si les enjeux politiques ne suffisent pas, l'aspect social s'est invité dans ce conflit. En effet, la population est toujours hostile que leur région se transforment à un dépotoir d'ordure. Pour des considérations sociales, accueillir la déchetterie est une honte. Et donc personne ne veut accepter les ordures de Moroni. De ce fait, il se pose la question de l'autorité de l'Etat. On se demande ce qui appartient à l'Etat et ce qui est une propriété des villes et villages.
Mais la solution est possible. Il est nécessaire de commencer par une sensibilisation de la population sur l'utilité de trouver rapidement un site de traitement des déchets la capitale où réside tout le monde. Une réelle volonté politique par une gestion parraine pour traiter les ordures est primordiale. Il va falloir un vrai financement qui va s'étaler dans le temps pour bien entretenir le site. Et à cause des manquements montrés par la commune de Moroni dans gestion des ordures, il serait opportun d'ôter la gestion principale des ordures à la commune de la capitale , en confiant le dossier à une entité indépendante. Une manière aussi de montrer aux autres communes qu'il ne s'agit pas d'un problème de Moroni mais plutôt de l'image du pays.
AA Mgueni