Ce qui se passe sous nos yeux effarés et effrayés par la violence physique et verbale du pouvoir d'Azali pour nous imposer coûte que co...
Ce qui se passe sous nos yeux effarés et effrayés par la violence physique et verbale du pouvoir d'Azali pour nous imposer coûte que coûte ses Assises, me font froid au dos et me pousse à réagir quotiennement pour le dénoncer et marquer mon refus de complicité.
SIDI. Photo d’archives |
J'ai vu de mes propres yeux, oui, mes yeux ont vu ce matin, à la place Ajao, vu des élus, des responsables politiques et de simples citoyens se faire molester et embarquer par la gendarmerie nationale et la police nationale pour le seul motif qu'ils étaient là pour participer à un meeting de l'opposition au foyer des femmes à Moroni. Ainsi je dis que :
le refus, dans une société d'hommes et de femmes, du droit d'existence d'opinions et d'expressions différentes voire divergentes, contradictoires sur un sujet donné, constitue en droit politique, un déni de démocratie. Comment ?
Dans notre pays, les Comores, nous vivons cela en ce moment avec le lancement de la campagne du pouvoir pour les "Assises".
En effet, nous assistons à un fait inquiétant, complexe dans notre démocratie, car nous les responsables et militants politiques des partis, nous clamons haut et fort le respect et la pratique démocratique lorsque s'approchent des consultations électorales pour que les citoyens puissent s'exprimer et choisir librement leurs élus. Mais, une fois que ces mêmes citoyens ont fait leur choix, l'élu placé et son investiture achevée, alors des sourires crispés réapparaissent sur les visages et regards de ses électeurs-souteneurs émérites qui observent en louchant les électeurs de l'autre camp et considèrent presque en ennemis tous ceux qui n'ont pas choisi le nouveau chef.
Et, au nom du nouveau pouvoir installé, ils veulent que tout le monde danse du ventre devant le nouveau chef plumé et pense comme lui, comme eux. Sinon, ils pestifèreront les résistants ; marginalisés, exclus, mis au banc de la société, indexés voire carrément pointés du doigt comme les "ennemis de la nation" et déclassés, dégradés, mis au placard dans leur travail, surtout s'ils sont fonctionnaires ou cadres d'une société d'Etat, les voilà relégués au rang des bannis du pouvoir en place. Ils ne seront plus invités au cérémonies officielles de l'Etat.
À moins de faire un mea-culpa révérencieux devant le chef lors de ses multiples départs et retours à Hahaya, ils seront traités en paria tout au long du mandat.
Toute une police secrète des moeurs politiques est chargée de rapporter au chef tout comportement ou propos irrévérencieux tenu à l'encontre du chef ou de ses discours.
Ainsi, l'alternance souhaitée, voulue n'est malheureusement pas encore perçue comme une normalité formelle mais comme un outil de revanche et de règlements de comptes pour les ''malvotant'' traités en mal pensant. La conséquence de ce fait aujourd'hui se traduit en un climat et en une pratique malsains du pouvoir qui considère en pesticide les pessimistes ou les dubitatifs de l'annonce de l'Emergence en 2030, indexés comme boycotteurs, des ''saboteurs '' des assises nationales.
Cette chasse aux politiquement mal-pensants des Assises et de l'Emergence est clairement soutenue et appuyée par toute une armée d'imams, d'ulémas, de notables, de cadres politiques et des écuries de jeunes au chômage qui croient au plein emploi à l'issue de ces ''asseyez-vous''. Au nom du ''bien fondé des Assises, événement annoncé dans le Coran'', selon le grand Mufti, une campagne offensante et stigmatisante, est systématiquement développée dans les discours prononcés à l'occasion des"maoulids'', intenses dans nos régions en cette période.
Dans leurs discours, partout où ils parlent, ces porte-voix du chef de l'Etat utilisent à tout vent le terme "d'ennemis de la nation, d'égarés ''pour évoquer tous ceux qui, d'ailleurs de plus en plus nombreux, expriment une inquiétude, des doutes ou des interrogations ou (et pourquoi pas ?) un rejet de ces ''Assises'' telles qu'elles sont conçues, prévues, formalisées instrumentalisées par le pouvoir qui les a tronquées, vidées de leur sens et de leur portée historique et politique voulue par les vrais initiateurs du M11 en 2015. D'ailleurs le retrait de M. Idriss Mohamed, du comité de pilotage des assises nationales (CPAN) est une parfaite illustration du malaise ambiante et insupportable au sein du Comité de pilotage des assises nationales face à la récupération et à la main mise du Président Azali sur ces Assises, n'en déplaise à ses porte-voix qui voudraient faire croire à une quelconque indépendance et marge de manoeuvre des participants.
Tant pis pour les myopes et aveugles de tout bord, les tenant du faux adage comorien " yowako huziharaya yokayavo''. Moi, j'oppose un rejet systématique à cet adage, auquel je fais affronter à cet autre : " Ye mdjuzi wa nrongo, nde udjomuiso".
J'attendais du président de la République une mise en chantier de son programme et si au bout de deux à trois ans, celui-ci ne tient pas la route, il appèlerait au secours pour rectifier le tir au lieu de s'atteler, à peine en un an d'exercice, à un chariot d'Assises qui n'est pas le sien. Non, ce radeau de la méduse, ce n'est pas à lui de le commander. Ces assises avait un commandant auto-désigné au goût et à la saveur de tout le monde. Il s'appelait tout bonnement Mouvement du 11 août. Mais quel diable le Président de la République allait-il faire dans cette galère !?
Comme chef de l'Etat, à travers son gouvernement, il devrait aider par un appui logistique et sécuritaire à la réalisation des assises sous l'entière organisation, choix inclusif des participants par le seul Mouvement du 11 août. Mais si le President a délibérément choisi la fuite en avant et s'est mis en exergue au mât du radeau pour ce qui est devenu ''le Congrès d'Azali '', selon les mots de Dr Salami, gouverneur d'Anjouan, c'est pour, selon moi, à dessein de :
- 1. Divertir, amuser comme au cirque la galerie et la faire oublier ses tracas quotidiens .
- 2- Y trouver des idées phares pour bâtir un projet pilote qui sera portée comme la panacée de son action : je pense à "l'émergence" qui nous enverra à Réhémani, version numérique, à partir de 2030, en clair dans 12 ans. Amen !
- 3- utiliser ce grand meeting qualifié déjà d''historique'' pour légitimer ensuite des forfaitures en poche dont lui seul a le secret.
- 4- Y trouver un leitmotiv pour régler quelques comptes à certains de ses mal aimés.
- 5- Effacer de la mémoire collective, par le succès préfabriqué déjà en boîte et prêt à être diffusé sur les ondes l'existence de pétrole dans nos eaux territoriales et sortir ainsi de nos têtes quelques bienfaits et réalisations de son successeur, Ahmed Abdalllah Sambi, son éternel adversaire.
- 6- Trouver, à travers sa campagne de sensibilisation des Assises, quelques adhésifs à sa cause, mal défendue par les rares clairons de la CRC en perte de vitesse dans nos régions, régions qui ne comprennent rien de son langage de plus en plus ésotérique désossé, désaxé.
Alors, peuple éclairé, sachez que la fin de ces assises n'est pas aussi radieuse et prometteuse comme veulent nous le faire croire certains de ses illuminés. Que rien de ce que ce beau monde, de ce que ''les sommités de l'intelligence comorienne'', comme les a qualifiés déjà une clarinette de la CRC recemment sur les ondes la R.T.S de Dembeni, rien, dis-je, de ce qui sortira de ce grand show d'Azali ne sera tenu compte. Ce Congrès risque sérieusement de se transformer en une référence de prête-nom ou de justification ou de légitimation de certains projets indicibles, inavouables en ce moment. Et il sera trop tard après coup pour les complices-participants de dementir pour nous dire qu'ils n'ont pas dit ou discuté de ceci ou de cela.
Retenez pour finir, que chez ce ''prince des nuées'', comme l'appelerait affectueusement le poète symboliste, Baudelaire, his excellency, Azali Assoumani Boinaheri, en digne soldat qui se respecte, tout est stratégie et non politique et que la fin justifie les moyens.
Aussi, ces assises seront-elles un moyen. Mais à quelle fin ? That's the question, friend William.
Bon appétit !
Vive les Comores debout !
Mhoumadi Sidi IBRAHIMA