Lettre ouverte au président Azali
Lettre ouverte à Monsieur le Président de l’Union des Comores
A Monsieur le Président de l’Union,
Palais de Beit-Salam, Moroni
Objet : L’emploi des jeunes, une grande cause nationale.
Monsieur le Président,
Nous tenons à vous faire part de nos vives inquiétudes concernant les difficultés économiques, l’emploi des jeunes est une préoccupation des plus fondamentales des pouvoirs publics. Les problèmes liés à l'emploi des jeunes continuent de croître, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, avec un nombre élevé de jeunes femmes et de jeunes hommes exposés au chômage ou cantonnés dans des emplois précaires ou temporaires.
Les jeunes issus de groupes sociaux défavorisés sont particulièrement touchés perpétuant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Dans les pays en développement, où rares sont ceux qui peuvent se permettre d'être ouvertement au chômage, le problème se pose davantage en termes de sous-emploi et de travail mal rémunéré ou médiocre dans le secteur informel. C'est la raison pour laquelle la promotion d'un emploi productif pour les jeunes hommes et jeunes femmes occupe une place de choix dans les activités de l’OIT (Organisation Internationale de Travail).
Beaucoup a déjà été dit et écrit sur cette question. En tentant de répondre aux questions liées au fléau du chômage des jeunes en l’Union des Comores, ma contribution propose une feuille de route basée sur des recherches et études existantes qui ont donné des résultats probants ailleurs dans d’autres pays. Ces recherches et études m’ont permis de consolider plusieurs certitudes qui ont été à la base de ma réflexion, à la recherche des solutions crédibles.
- L’emploi des jeunes est une grande cause nationale. L’avenir de notre pays en dépend. Des mesures spécifiques pour la jeunesse sont incontournables. L’emploi des jeunes ne représente pas le même enjeu que celui des adultes ou seniors.
- C’est sur le secteur privé que l’effort doit être porté principalement pour l’emploi.
- La mise sur pied des stratégies visant à promouvoir la création d’emplois dans le secteur formel et à éliminer les obstacles à l’accès des jeunes à ces emplois.
- L’appui par la formation professionnelle visant à doter les jeunes des capacités nécessaires pour devenir compétitifs sur le marché du travail.
- L’amélioration des conditions de travail, des revenus et de la productivité des activités des jeunes dans l’économie informelle.
- Développer l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes et faciliter leur accès au crédit.
- Promouvoir l’emploi urbain et rural pour un développement local valorisant l’approche Haute Intensité de Main-d’œuvre communale basée surtout sur les métiers de l’environnement.
- La création d’un contrat unique d’insertion qui permettra l’insertion d’au moins 2000 jeunes sur le marché du travail en s’appuyant sur l’aspect formation en alternance qui est un mode de formation qui permet de combiner enseignements théoriques et expériences professionnelles au sein d'une entreprise.
Je propose de viser un objectif majeur que je crois pouvoir d’atteindre de manière réaliste et logique pour faire reculer durablement et nettement le chômage des jeunes.
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’alléger le coût d’insertion pour inciter davantage les entreprises à s’engager dans l’insertion. Chacun peut et doit faire un effort pour aider les jeunes à franchir avec succès « le parcours du combattant » que représente la recherche de leur orientation professionnelle. En 2009, les dirigeants africains s’étaient réunis dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba pour tenter d’endiguer le chômage des jeunes.
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En lançant la « Décennie de la jeunesse africaine » (2009-2018), ils ont consacré la nécessité de lutter à la fois contre le chômage et le sous-emploi. Pour tenir cet engagement, de nombreux pays ont multiplié les initiatives. Par exemple, le Ghana a mis en place un service national de la jeunesse et des programmes afin de doter les diplômés de l’enseignement supérieur des compétences requises et à les aider à trouver un emploi. La Zambie a de son côté créé un fonds pour les jeunes entrepreneurs afin de stimuler la création d’emplois.
Le taux de chômage aux Comores des moins de 25 ans atteint 44,5% (42,4% pour les hommes et 46,1% pour les femmes) est au moins quatre fois plus élevé que celui des adultes de 30-49 ans. En effet, presque la moitié des jeunes comoriens sont frappés par le chômage et le sous-emploi. Les jeunes sont privés de la capacité de réaliser leur potentiel productif et sont souvent contraints de travailler dans le secteur informel caractérisé par des revenus bas ou irréguliers, de mauvaises conditions de travail et l’inexistence de la protection sociale. Cette situation est la résultante de la crise de l’emploi en raison des effets de la crise financière mondiale et des crises internes répétées.
Votre excellence Monsieur le Président de la République, les jeunes diplômés qui cherchent activement de l’emploi aux Comores rencontrent d’endormes difficultés et sont exposés à toutes sortes de caprices. Les employeurs qui les acceptent pour des stages avant l’embauche proposent le plus souvent des stages sans salaire ni primes. Conditions injustes et inacceptables. Les jeunes doivent se déplacer tous les jours vers le stage, ils doivent s’habiller correctement pour le travail. Comment le faire sans salaires, sans primes et ni d’autres sources de revenu ? Ce n’est pas un stage, c’est une exploitation qui interpelle intervention et actions des pouvoirs publics.
Les Comores se retrouvent aujourd’hui soit avec des jeunes diplômés à qui on ne peut donner de poste, soit avec des jeunes sous-qualifiés qui n’ont aucune chance de faire leur place. Le non considération du rôle de l’industrie dans le développement a entrainé sa morosité et par conséquent la stagnation de l’économie. « Il n’y a pas de pays fort sans une industrie forte ».
En dépit de tout cela, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en ma très haute considération.