Plus de 300 personnes ont manifesté ce vendredi 9 juin à Moroni contre «la décision lâche» du gouvernement de rompre les relations diplomat...
Plus de 300 personnes ont manifesté ce vendredi 9 juin à Moroni contre «la décision lâche» du gouvernement de rompre les relations diplomatiques entre les Comores et l'Emirat du Qatar, a-t-on constaté sur place.
Les manifestants, vêtus de blanc, brandissaient le drapeau qatari au milieu d'un cortège parti de la grande mosquée de la capitale à la place de l'indépendance où les organisateurs déploraient «la mise sous tutelle» des Comores par l'Arabie Saoudite. «C'est une honte pour le peuple, les Comores ne doivent pas être sous la botte des Saoudiens, c'est une honte, c'est une honte» a dénoncé, Ahmed Saïd Abdallah, principal orateur de la Manif' qui a dénoncé «un coup dur pour l'image des Comores » et une perte immense de «la crédibilité» de l'Etat.
Les manifestants en mode défilé ce 9 juin à Moroni : Photo : organisateurs
«Qu'en est-il de notre souveraineté, qu'en est-il de la dignité d'un peuple, qu'en est-il de notre honneur à l'étranger. Même les Américains et les Français n'ont pas osé rompre leurs relations avec le Qatar», a déploré l'orateur vêtu à la Yasser Arafat. «Nous allons lancer une pétition contre cette décision et manifester toujours jusqu'à ce que le gouvernement revienne sur sa décision lâche», a promis l'élu de Moroni qui siège au Conseil de l'île de la Grande-Comores.
Le gouvernement des Comores a rompu, mercredi 7 juin, ses relations diplomatiques avec le Qatar isolé par ses voisins du Golfe pour ses liens supposés avec le terrorisme international. Les Comores sont, à ce jour, le deuxième pays africain, après la Mauritanie, à rompre leurs relations avec l'Emirat. Le Chargé d'affaires du Qatar a quitté les Comores jeudi à bord d'un vol spécial. Difficile de savoir, pour l'instant, les conséquences immédiates de « cette rupture brutale » des relations diplomatiques vivement dénoncée dans les réseaux sociaux. Plus de 68 jeunes boursiers comoriens poursuivent leurs études à Doha.
Le Qatar marque sa forte présence aux Comores ces dix dernières années. Doha a abrité, en mars 2010, la 4eme grande conférence des Comores (après celles de 1982, 1992 et 2005) sur l'investissement et le développement des îles avec environ 470 millions de dollars d'intentions d'aides annoncées à l'époque. La coopération était à son apogée au lendemain de la visite historique en terre comorienne, en 2010, de l'émir du Qatar, Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani qui avait alors débloqué 10 milliards de francs comoriens ayant permis d'éponger 6 mois d'arriérés de salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat.
Les investissements qataris sont estimés à plus 96 millions $ dont 30 millions déjà débloqués entre 2010 et 2016, selon nos sources.L'Emirat finance la construction d'une usine de pêche en phase finaleavec 5000 emplois à la clé et avait promis de construire une société agricole dans l'île d'Anjouan pour soutenir le secteur de l'agro-alimentaire. Le Qatar, à travers l'Ong RAF, finance des actions caritatives supervisées par un conseiller spécial de l'émir et finance la construction des bâtiments publics et des mosquées.
La Qatar est propriétaire de la société Salsabil, considérée comme la première chaine de production et de commercialisation d'eau minérale dans l'archipel. L'Emirat est actionnaire majoritaire de l'établissement hôtelier Le Retaj, le plus prisé des Comores. Les participants à la manifestation de ce vendredi disent craindre la fin de l'amitié entre les deux pays, la suspension des projets et œuvres qataris ainsi que le gel des investissements de l'Emirat aux Comores.
Source : APOI HabarizaComores.com (Habari Za Comores)| أخبار من جزر القمر
