Madagascar: la capitale malgache pourrait-elle être privée de viande de zébu?
A Madagascar, les éleveurs de zébus font pression sur la gendarmerie. Depuis mercredi soir, la plus grande coopérative de la filière zébu de la grande île a suspendu l'approvisionnement en viande vers Antananarivo. Une décision prise pour protester contre le racket et le vol des bovins. Les éleveurs accusent même les gendarmes de complicité.
Excédée par le racket et le vol de bovidés, la seule et unique coopérative bovine du pays a décidé de suspendre l'approvisionnement vers Antananarivo. Ainsi, des milliers de têtes de zébus patientent, à quatre heures de route de la capitale, dans le plus grand marché aux zébus du centre du pays.
Ils sont près de 1 600 éleveurs, commerçants, grossistes et gérants d'abattoirs à s'être regroupés, en juillet dernier, au sein de la coopérative Mada Omby, pour valoriser et structurer la « filière zébu ». Cependant, depuis une semaine, la colère monte.
« Jusqu'à présent, les membres de la coopérative payaient un « droit de vérification » aux gendarmes - [L'itinéraire que les éleveurs empruntent avec leurs bêtes pour se rendre au marché aux bestiaux est réglementé et fixé par arrêté régional. Des gendarmes sont censés sécuriser cet itinéraire et contrôler l'identité des zébus.] - Il faut préciser que ce droit est illégal. Et il y a une semaine, les membres de la coopérative ont refusé de payer. Ces droits s'élevaient entre 1 000 à 2 000 ariary par tête de zébu. Les gendarmes ont menacé les membres de la coopérative et une heure après, cent têtes de zébus ont été volées par les dahalos. Du coup, on soupçonne la gendarmerie locale d'être complice de cet acte de banditisme », explique Santatra Rakotondrasoa, le Directeur exécutif de Mada Omby.
Une pratique « décourageante pour les acteurs et destructrice de la filière », estime le directeur. Aussi, la coopérative a alerté la presse mais pas seulement, comme le confirme le général Anthony Rakotoarison, directeur de la sécurité et des renseignements au Commandement de la gendarmerie nationale.
« Le président de Mada Omby est venu se plaindre au Commandement de la gendarmerie pour dénoncer tout ça. On a alors appelé immédiatement le Commandant du groupement de la gendarmerie de Tsiroanomandiby pour qu'il vienne à Tana. Et on a démonté immédiatement les chefs des postes de contrôle et on a ouvert une enquête. Le racket n'est pas acceptable dans la gendarmerie et ces gendarmes-là n'ont pas leur place dans notre institution », a-t-il déclaré.
Une enquête est donc en cours, au Service de lutte contre la corruption, au sein du Commandement de la gendarmerie, pour déterminer la responsabilité des gendarmes.
La coopérative annonce, de son côté, qu'elle attendra les premiers résultats de l'enquête pour relancer l'approvisionnement en viande de la capitale. ©RFI