Le chef du parti RIDJA lance un appel à une réforme constitutionnelle et demande la suppression pure et simple de la Tournante. Celle-ci es...
Le chef du parti RIDJA lance un appel à une réforme constitutionnelle et demande la suppression pure et simple de la Tournante. Celle-ci est jugée incompatible avec le projet d’émergence des Comores dont il est devenu le chantre. Aurait-il eu mandat du chef de l’Etat pour préparer l’opinion publique comorienne à la perspective d’un changement de notre constitution ou s’agirait-il d’un énième clin d’œil d’un homme aux abois devançant les besoins du pouvoir afin de s’attirer ses faveurs ?
Investiture du président Azali en mai 2016 |
Les jours à venir permettront de voir plus clair et nous espérons que le président Azaly ne laissera pas la sérénité actuelle pâtir de cette confusion et prendra ses responsabilités face à ce débat sur la Tournante.
Dans tous les cas, que les choses soient claires ! Après en avoir été le père et le gardien jaloux de la Tournante, Le président Azaly peut enfin se rendre compte que celle-ci est un système inopérant voire nocif en termes de cohésion et d’unité nationales, de construction d’un Etat de droit et de progrès économique et social, et in fine constitue un frein à son projet d’émergence pour les Comores. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
Pour autant, il ne peut s’aviser de supprimer la Tournante sans tenir compte d’un certain nombre de paramètres sous peine d’aboutir à l’effet inverse. L’émergence des Comores ne peut se construire à marche forcée, dans la suspicion et ne doit surtout pas être l’affaire d’initiés. Elle doit comprise, soutenue et portée par un élan commun et a besoin des équilibres et de l’harmonie de notre société. Il y a un temps, on a parlé de l’esprit et de la lettre à propos de l’article 13 de notre constitution sur la Tournante. Aujourd’hui, on doit parler d’équité, de respect mutuel entre les membres qui forment la communauté nationale.
Deux alternatives s’offrent à Azaly pour concilier ces impératifs et le projet d’émergence. Remettre en cause son mandat, organiser immédiatement des élections présidentielles anticipées dans le cadre de la réforme souhaitée par son allié RIDJA. Dans les jours à venir, le président Azaly présente aux Comoriens le calendrier précisant la date de la constituante, du congrès ou du référendum et celles des élections présidentielles et législatives. Tout cela doit aller très vite, et il n’y a pas besoin de gouvernement d’union nationale pour ne pas exposer le pays au risque de l’instabilité et l’ancrer plutôt de façon solide dans la voie de l’émergence. En effet, la fenêtre de tir ne peut rester ouverte au-delà de cette année. Le coche a été raté en 2016.
Seule une démarche sincère et démocratique comme celle-ci peut venir à bout des résistances et des susceptibilités que va susciter une réforme ayant comme vocation la suppression pure et simple de la Tournante. Mais comme la CRC n’a ni les moyens politiques ni l’autorité pour initier une telle réforme, la deuxième alternative plus réaliste serait qu’elle considère que le train est parti pour la deuxième fois de la Grande Comore le 26 mai 2016 et s’arrêtera à Mohéli le 26 mai 2031. Les conditions de paix et de stabilité sociale seront au moins préservées pour l’émergence des Comores. La CRC peut se trouver de dignes représentants à Anjouan et à Mohéli pour diriger et poursuivre son projet d’émergence du pays à l’horizon 2031.
AHMED Bourhane