Natuk Mohamed Mouzaoir
Son Excellence
Monsieur AZALI Assoumani
Président
De l’Union des Comores
Son Excellence Monsieur le Président,
Nous vous présentons nos sincères compliments.
Depuis votre aménagement au palais Beït Salam, le parti Ulezi n’a cessé de vous écrire pour vous exprimer ses inquiétudes relatives à la situation politique, économique et sociale des Comores.
Bien que nos courriers demeurent lettres mortes, jamais notre parti ne s’est découragé à continuer de vous écrire et vous soumettre ses positions quant à l’évolution de notre pays.
La dernière alerte en date concerne la loi tendant à réglementer les partis politiques, laquelle a été adoptée en novembre 2013 par les députés.
En cherchant à appliquer cette loi, que nous considérons anticonstitutionnelle, vous allez remettre en cause la notion de pluralité et de diversité des opinions aux Comores.
Nous estimons que les partis politiques se rallient entre eux sur la base d’affinité d’idées et non par la force des lois. Nous savons tous que là où il y a pression, il y a impérativement résistance.
Nous redoutons, en toute sincérité, des conséquences malheureuses de cette loi liberticide, non seulement sur le bafouement de la démocratie mais aussi sur la vie politique comorienne en général.
Nous vous demandons de libérer le droit d’expressions et d’association. Face à la mondialisation de la démocratie par l’avènement de l’internet, notre pays a tout à gagner en écoutant la voix des sans voix, lesquelles constituent la grande majorité du peuple comorien.
Sans transition, à la faveur de ce courrier, le parti Ulezi tient à vous interpeller également en ce qui concerne votre décision d’envoyer des soldats comoriens au Yémen pour soi- disant participer à la lutte contre le terrorisme.
Monsieur le Président, si nous pouvons comprendre votre ressenti quant aux conséquences humanitaires du conflit yéménite, près de 7700 morts et plus de 45000 blessés selon l’ONU, mais il n’en reste pas moins vrai que les mutations qui se sont opérées dépassent tout sentiment que nous pourrions avoir.
En effet, du conflit local est devenu régional. D’un côté, les rebelles chiites houthistes, alliés à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, soutenus par l’Iran. De l’autre, les forces loyales d’Abd Rabbo Mansour Hadi soutenues par Arabie Saoudite. Yémen étant son arrière-cour. Le tout est couronné par le bombardement américain, appui apporté à la monarchie saoudienne , au nom de la lutte contre le terrorisme, lequel est incarné par la branche yéménite d’Al-Qaida.
Monsieur le Président, nous vous adjurons de consulter les élus comoriens avant de prendre votre décision. Vous en sortiriez ennobli de partager cette volonté avec tous les responsables de la nation, des députés aux élus des îles autonomes y compris les gouverneurs et les partis politiques.
A notre avis, le peuple comorien sera dépouillé de cette guerre où il ne comprend pas ses tenants et ses aboutissants. De plus, notre force armée est loin d’être experte en la matière.
Empêchons la contagion de ce conflit à notre pays. Les comoriens veulent vivre ensemble avec leur différence. Ils craignent des séquelles qui viendront altérer longuement leur environnement.
Rappelons-nous que l’accord cadre pour la réconciliation aux Comores du 17 février 2001 a été obtenu non sans peine. Ladite réconciliation constitue la condition sine qua non pour le développement harmonieux de nos îles sœurs.
Monsieur le Président, par ce courrier, le parti Ulezi vous demande de :
- Abroger la loi liberticide réglementant les partis politiques aux Comores,
- Renoncer à l’envoi des soldats comoriens dans le conflit opposant l’Arabie Saoudite à l’Iran, que notre pays désapprouve catégoriquement.
Soucieux du développement politique, économique et social des Comores,
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération.
Le premier secrétaire national du parti Ulezi
Natuk Mohamed Mouzaoir