Créer des emplois ne se décrète pas mais implique un volontarisme réformiste et incitatif de la part des pouvoirs publics
Il ne suffit pas de décréter la création d'emplois pour que celle-ci devienne une réalité. Il convient d'agir en amont et en aval.
Créer des emplois durables implique avant tout la réfection ou la construction des infrastructures de base à commencer par la stabilisation de l'approvisionnement énergétique et électrique afin que les acteurs économiques puissent mener leurs activités économiques sans problèmes délestages électriques. De même, les opérateurs ayant recours à l'économie numérique doivent disposer d'un niveau de débit Internet de qualité. Il en va de même pour l'état des routes pour l'approvisionnement des marchandises, pour la circulation et le transport des personnes, des touristes et des potentiels investisseurs qui viendraient prospecter dans le territoire national.
De même, créer des emplois implique que l'Etat engage un programme ambitieux de réduction du loyer de l'argent le taux d'intérêt pratiqué, et donc un plan national d'abaissement des taux d'intérêt pour les nouvelles créations d'entreprises de valeur ajoutée. Ce qui doit conduire à la baisse de la prime de risque et du coût effectif global des emprunts destinés aux nouvelles créations d'entreprises. La création d'un fonds de garantie et une stratégie nouvelle d'incitation à la création de sociétés créatrices de valeur ajoutée et donc de transformation des ressources naturelles et halieutiques locales devraient être mises en œuvre dans les meilleurs délais. Un système de gestion agréé et de suivi avec des accompagnements personnalisés des nouveaux créateurs devra être conçu pour limiter le taux de faillite dans les trois premières années d'activité.
Développer l'emploi ne se décrète pas mais l'Etat doit s'impliquer réellement pour constituer un actionnariat mixte pour des projets industriels structurant l'économie nationale et employant un abondant personnel. Cela implique la mise en place d'une nouvelle stratégie de formation professionnelle des jeunes et des moins jeunes et de nouveaux dispositifs d'enseignements techniques et professionnalisés. Ce qui pose la question de la réforme de l'éducation nationale à commencer par la réforme de l'Université pour disposer des formations professionnalisantes adaptées au monde du travail afin que les milliers de jeunes diplômés puissent trouver un travail facilement sur le marché du travail. De même, l'enseignement technique, professionnel et agricole devra être développé au lycée avec une valorisation de l'apprentissage et des métiers nouveaux dès le lycée. Un nouveau programme d'enseignement technique devra être conçu pour accompagner l'apprentissage et les métiers en rapport avec les besoins des opérateurs économiques... Une phase de concertation sera sans doute nécessaire en impliquant l'ensemble des acteurs du domaine y compris les opérateurs économiques, le patronat, les syndicats et un panel de lycéens er d'étudiants en plus des experts du domaine.
Bien entendu, les Comores doivent encore faire plus d’efforts en matière de justice et de politique d’attractivité pour attirer davantage d’investisseurs étrangers en particulier ceux issus de la diaspora qui envoie en matière de transferts d’argent près de 180 % du budget national. Une politique attractive, crédible et novatrice devra être conçue pour que les transferts d’argent soient investis dans le secteur productif créateur d’emplois et de richesses.
Tout est question de volonté politique, d'organisation, de savoir-faire, de patriotisme et de méthode.
Par Darchari MIKIDACHE, acteur politique et président du think-tank Cercle des Économistes et des Experts Comoriens (CEEC)