L’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (Esec) est une réalité criante qui tend à se développer et malheureusement à se...
L’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (Esec) est une réalité criante qui tend à se développer et malheureusement à se banaliser. Le dernier bilan dressé par l’ONG Ecpat France Madagascar, dans son rapport «A4A» illustre à quel point la situation devient de plus en plus préoccupante.
Bien que la loi malgache interdise et punisse la prostitution des mineurs, ainsi que ceux qui la favorisent, l’incitent et en tirent des profits, celle-ci se pratique au su et au vu de tous, dans la rue, les bars et boîtes de nuit, ou encore au sein des établissements hôteliers et des salons de massage. L’ONG Ecpat France Madagascar, qui vient de dresser le rapport d’étude y afférent, hier au Development learning center (DLC) à Anosy, tire la sonnette d’alarme.
Ce rapport traduit l’ampleur de la prostitution des enfants, qui s’est largement développée au cours des dix dernières années. «La grande majorité des mineurs victimes de prostitution sont des filles, toutefois la prostitution des garçons est plus apparente depuis ces trois dernières années. L’âge moyen d’entrée des filles dans la prostitution est de 13 ans, un peu plus tard pour les garçons», a informé Irène Razafindranovona, chargée de suivi et renforcement de capacités d’Ecpat France. Mise à part Antananarivo, les villes les plus touchées par ce phénomène sont, entre autres, Toamasina, Taolagnaro, Toliara, Antsiranana, Mahajanga, Morondava, Sainte-Marie et Nosy Be.
Les entretiens menés à Antsiranana ont révélé que les mineurs en situation de prostitution dans cette ville viennent tous de la région, contrairement à Toliara, où les filles victimes accompagnent leurs clients et où de nombreuses jeunes se déplacent à Ilakaka pour y passer le week-end et offrir des services sexuels aux extracteurs de pierres précieuses locaux. Selon toujours ce rapport «A4A», on retrouve également dans la capitale une prostitution qui vise les étrangers, les expatriés dans les discothèques, les bars d’Analakely et d’Isoraka.
«Compte tenu de cette réalité préoccupante, la solidarité entre les acteurs de la protection de l’enfance est plus importante que jamais. Ecpat France Madagascar fait appel à toutes les institutions nationales, les ONG et associations de la société civile malgache à travailler de concert pour renverser la tendance», a déclaré Olga Bautista Cosa, directrice pays d’Ecpat France Madagascar.
«Prostitution de survie»
Pour la majorité des victimes, il s’agit d’une «prostitution de survie», les mineurs étant issus de familles très défavorisées. «Ce type de prostitution se banalise dans les quartiers des 67Ha, où des fillettes s’adonnent à la prostitution avec des rémunérations très faibles, allant de 2.000 à 5.000 ariary au profit des clients locaux, composés essentiellement de tireurs de pousse, de dockers, ou encore de conducteurs de véhicule de transport en commun…», a précisé le responsable communication auprès d’Ecpat France Madagascar, Stéphanie Tesson.
Selon les informations recueillies, bon nombre d’entre elles sont issues de familles vulnérables, déstructurées suite à l’abandon du foyer par l’un ou les deux parents. Une forte proportion des victimes est également composée d’anciennes domestiques qui ont perdu leur emploi en basculant dans la pratique de la prostitution.
Si la pauvreté constitue la cause majeure de la prostitution infantile dans la Grande île, l’internet y est également pour quelque chose. Les résultats de la première étude sur le sujet, sur le thème «Internet et prostitution des enfants à Madagascar», seront divulgués ce jour par Ecpat France Madagascar.
Fahranarison - newsmada.com