Entretien avec Fahmi Said Ibrahim, le "candidat des solutions"- Présidentielle des Comores 2016 A moins de 10 jours des prima...
Entretien avec Fahmi Said Ibrahim, le "candidat des solutions"- Présidentielle des Comores 2016
A moins de 10 jours des primaires de l’élection présidentielle des Comores, organisées en Grande Comore et destinées à désigner les trois candidats qui participeront au vote national, Fahmi Saïd Ibrahim, candidat du PEC-Juwa et l’un des favoris du scrutin, a accepté de répondre à nos questions.
Bonjour Fahmi Saïd Ibrahim. Pourriez-vous nous resituer en quelques mots ce qui vous a amené à briguer aujourd’hui la présidence des Comores ?
Fahmi Saïd Ibrahim : Originaire d’Itsandra Mdjini en Grande Comore, j’admire depuis que je suis enfant l’énergie, l’engagement et l’ambition de ma famille, les Ba Alawi El Maceli, et plus particulièrement mon père et mon grand-père, qui se sont consacrés à la construction de la destinée des Comores. Je crois aussi que j’ai toujours eu envie d’apporter ma pierre à son histoire. Non pas par pure aspiration personnelle, mais car je crois que mon parcours singulier me permettra de relever avec réalisme et ambition les nombreux défis auxquels mon pays fait aujourd’hui face.
Engagé en politique depuis 2004, les Comoriens m’ont fait l’honneur de m’élire député d’Itsandra en 2009, ce qui me permit de faire mes premiers pas à l’Assemblée nationale des Comores. J’ai par la suite été appelé par le Président Sambi pour occuper la fonction de Ministre des Relations Extérieures pendant un an, de 2010 à 2011. La somme de toutes ces expériences me permet de me sentir aujourd’hui pleinement apte à porter un nouveau souffle sur le cours de l’histoire des Comores, et offrir un meilleur avenir à notre jeunesse.
Qu’est-ce qui vous différencie des autres candidats ?
Fahmi Saïd Ibrahim : Je représente la seule alternative crédible au pouvoir en place et l’unique candidat à proposer une véritable rupture avec la politique menée actuellement aux Comores. De plus, contrairement à beaucoup d’autres, ma carrière n’a pas été exclusivement centrée sur la politique. J’ai commencé ma vie professionnelle en tant qu’avocat et ai même fondé mon propre cabinet à Moroni en 2002. Cette expérience me permet de me distinguer de mes adversaires qui, pour la plupart, privilégient avant tout l’avancée de leur carrière politique personnelle.
Si j’ai choisi de mettre mes compétences et mon expérience au service des Comores, et d’aujourd’hui me présenter à l’élection présidentielle, c’est avant tout par amour de mon pays et de mes concitoyens, mais aussi car je crois profondément en mon aptitude à reconstruire les bases d’un système économique et politique solide et vertueux. Ces prochaines élections seront cruciales pour la destinée des Comores, car il est urgent de prendre dès maintenant les décisions courageuses et ambitieuses qui permettront d’inverser le cycle d’appauvrissement et de repli économique et culturel dans lequel les Comores sont aujourd’hui engagées.
Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle des Comores ?
Fahmi Saïd Ibrahim : J’ai un sentiment de profond gâchis. Les Comores disposent de ressources qui n’ont eu de cesse d’être négligées et sous-exploitées par la présidence actuelle. Ne serait-ce que du fait de notre incroyable situation géographique, au carrefour du Moyen Orient, de l’Afrique de l’Est et de l’Asie, notre potentiel de développement économique est énorme. Malheureusement, la corruption existante au sein de notre administration et le manque d’ambition, d’éthique et de professionnalisme des personnes à la tête de notre État ont privé les Comores de ses principaux atouts stratégiques.
Et vous pensez pouvoir inverser la situation ?
Fahmi Saïd Ibrahim : Je suis pleinement conscient que la tâche ne sera pas aisée. Mais j’ai confiance dans la capacité de mon pays à se relever, en s’appuyant en premier lieu sur ce qui constitue ses ressources intrinsèques : d’une part, les forces vives de la jeune génération de Comoriens, pour qui je réformerai le système éducatif, et la diversité et le caractère unique de notre patrimoine culturel d’autre part, susceptible de stimuler l’économie touristique du pays.
Il faut agir par étape. Le plus urgent sera la lutte contre la corruption qui mine notre développement et la modernisation de notre appareil d’Etat, dont le fonctionnement archaïque a pour effet de gaspiller l’argent public des Comores. Pour ce dernier point, j’instituerai un parquet spécial anti-corruption et je renforcerai le contrôle de l’application des règles relatives à la passation de marchés publics. Ensuite, je travaillerai à l’expansion des infrastructures et des réseaux énergétiques du pays, qui constituent aujourd’hui un véritable problème dans le quotidien des Comoriens et sont un frein évident à son essor, tant du point de vue économique qu’humain. Mon principal et premier objectif est que les Comoriens retrouvent confiance en leur pays et donc, en leur avenir.
La relation entre la France et les Comores est notamment marquée par le désaccord relatif à Mayotte. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Fahmi Saïd Ibrahim : La France est un partenaire historique et stratégique très important pour les Comores. Je suis pour ma part favorable à l’instauration d’une relation bilatérale gagnant-gagnant, qui nécessitera bien sûr la réouverture du dialogue sur le statut de Mayotte, afin de parvenir à une résolution diplomatique de cette situation qui ne peut perdurer.
Rappelons tout de même que pas moins de deux résolutions ont été adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies (en 1976 puis en 1994) pour affirmer l’appartenance de Mayotte à l’Etat comorien ! Or, La France a choisi d’ignorer ces rappels à l’ordre et continue aujourd’hui d’investir, au travers notamment des fonds structurels européens, plusieurs centaines de millions d’euros à Mayotte, ce qui a en outre pour effet de déstabiliser l’ensemble d’une région relativement pauvre, qu’il s’agisse de Madagascar ou du reste de l’archipel des Comores. Le résultat est dramatique et a déjà eu pour effet de coûter la vie à plusieurs milliers de personnes. C’est humainement insupportable et nous devons mettre tout en œuvre pour lutter contre cette funeste situation et rétablir l’équilibre entre Mayotte et le reste de la zone.