Les institutions nouvellement élues sont toutes installées. Tous les regards se portent désormais sur les échéances de 2016. Aucun parti po...
Les institutions nouvellement élues sont toutes installées. Tous les regards se portent désormais sur les échéances de 2016. Aucun parti politique ne pourra les remporter seul.
Dans cette situation complexe, une large coalition reste la seule solution et pour au moins trois raisons. D’abord parce qu’en rassemblant plusieurs partis et personnalités, elle rendrait plus facile une victoire – c’est une évidence ! Ensuite parce que les élections remportées, cette coalition aurait plus de ressources humaines et de légitimité pour gérer le pays ayant préalablement rassemblé des hommes et des femmes de savoir et d’expérience. Enfin car ce schéma semble écarter le scénario de 2006 où un homme inattendu, sans connaissance ni expérience ni culture autre que religieuse, s’est emparé du pays à l’aide de plusieurs promesses dont aucune ne sera tenue d’ailleurs : un vrai hold-up ! Alors que ce pays démuni et désuni a besoin non pas de novices marchands d’espoirs et de promesses mais d’hommes et de femmes de savoir et d’expérience.
Deux camps pourraient se dessiner demain : celui de JUWA/PEC/RIDJA/CADIM et celui de l’UPDC/CRC/RADHI/UNDC/RDC. Une telle clarification serait salutaire car elle permettrait aux électeurs comoriens de choisir en connaissance de cause : bilan contre bilan. Je le dis d’emblée : si ces coalitions se confirmaient, ce serait le camp de la démagogie (JUWA/PEC/RIDJA/CADIM) contre celui de l’expérience (UPDC/CRC/RADHI/UNDC/RDC).
Reste que la politique n’est pas qu’une affaire de tactique. Car une fois le candidat de cette coalition désigné (le plus à même de l’amener à la victoire évidemment : le mieux formé, le plus expérimenté, le plus organisé capable de réunir les moyens de financer une campagne électorale !), il devra convaincre les électeurs qu’il fera mieux demain qu’hier et leur garantir d’avoir compris les urgences du pays (énergie, routes et salaires réguliers) ainsi que ses besoins (généralisation des soins, formation adéquate de la jeunesse, véritable émancipation de la femme).
Le candidat de cette coalition devra surtout proposer un projet économique solide et réaliste (véritable angle mort des politiques publiques comoriennes !) capable de sortir la jeunesse comorienne (et au-delà tout le pays) de la précarité dans laquelle elle se noie depuis déjà de trop longues années.
Une fois élue, le nouveau président de la République devra courageusement dire au pays qu’une personne élue dispose de l’autorité nécessaire pour conduire les affaires de l’Etat (sans se soumettre à la notabilité de Ngazidja !), qu’il vaut mieux de petits pas à des sauts dans le vide, le pragmatisme que l’aventurisme, la négociation que l’affrontement, la modération que les surenchères, la raison que le fanatisme. Il devra lui dire aussi qu’il n’existe pas de démocratie viable sans prospérité préalable ; et que celle-ci nécessite une responsabilité de l’individu (appropriation de la valeur travail, contrôle des naissances et meilleure gestion des revenus) sans laquelle un Etat sans ressources ne pourra absolument rien. Il devra lui dire que quand on est obligé de tendre la main pour payer les fonctionnaires, il faut accepter d’endurer une humiliation permanente.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres, ancien enseignant à l’Université des Comores, fondateur du groupe scolaire Léopold Sédar Senghor (Nioumadzaha Bambao) est professeur de Lettres modernes dans la région lyonnaise. Il a signé trois essais chez l’Harmattan : Un Métis nommé Senghor (2010), Le Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne (2012) et Réception de Léopold Sédar Senghor (2014).