Question : Est-il permis de souhaiter à ses amis non-musulmans de passer une joyeuse fête ? - Réponse : Ci-après , deux avis différent...
Question :
Est-il permis de souhaiter à ses amis non-musulmans de passer une joyeuse fête ?
-
Réponse :
Ci-après , deux avis différents sur le sujet...
Al-Qardhâwî poursuit : "Mais je ne vois pas de mal à ce que un musulman souhaite une bonne fête à un non-musulman lorsque tous deux sont parents, voisins ou collègues : ce sont des cas où les relations humaines nécessitent cela." Et il souligne : "Leur souhaiter bonne fête ne revient pas à reconnaître vrai ce qu'ils font, ni à être d'accord avec leurs croyances ou leurs pratiques religieuses. Il ne s'agit que de paroles de courtoisie, relevant de bonnes relations humaines" (Fatâwâ mu'âssira tome 3 pp. 672-673).
Selon al-Qardhâwî, il y a donc deux dimensions...
L'une est qu'il est interdit de célébrer des fêtes autres que les fêtes de l'islam. Ceci car le Prophète a dit des différentes religions qu'elles avaient chacune "leurs jours de fête" et que les musulmans avaient les leurs (rapporté par Al-Bukhârî, n° 909, Muslim, n° 892, etc.). Les habitants de Yathrib (Médine) avaient, lorsqu'ils étaient encore idolâtres avant la venue de l'islam, deux jours de fête, et les voyant continuer à les célébrer après leur conversion à l'islam, le Prophète leur dit que Dieu leur avait donné en place et lieu les fêtes de la Eid ul-fitr et de la Eid ul-adh'hâ (rapporté par Abû Dâoûd, n° 1134, an-Nassâï, n° 1556). Les jours qui suivent la Eid ul-adh'hâ sont aussi des jours de fête (peut-être d'importance secondaire car dépendant de la Eid ul-adh'hâ), comme cela ressort du Hadîth rapporté par Muslim (n° 1141) et d'autres. Un autre Hadîth montre quant à lui que aussi bien le jour qui précède la Eid ul-adh'hâ, que le jour de la Eid ul-adh'hâ et les jours qui suivent la Eid ul-adh'hâ sont des jours de fête pour les musulmans (rapporté par at-Tirmidhî, n° 773, Abû Dâoûd, n° 2419, etc.).
La seconde dimension présente au sujet de la question, chez al-Qardhâwî, est qu'il y a effectivement une différence entre le fait de tolérer les croyances et les pratiques religieuses d'autrui (ce qui est nécessaire en islam) et le fait de féliciter autrui pour ces croyances et pratiques (ce que le musulman doit impérativement éviter). Al-Qardhâwî est cependant d'avis que ce principe n'est pas présent dans le cas qui nous intéresse ici. Et plutôt qu'une simple divergence de vues par rapport à l'avis de Ibn ul-Qayyim en la matière, al-Qardhâwî opte davantage pour le fait qu'il s'agirait d'une divergence d'avis liée à un changement de contexte (pour plus de détails, voir mon article au sujet des catégories des divergences d'opinions : il s'agit de la catégorie D).
Bref, selon al-Qardhâwî, d'une part, en regard pour l'origine religieuse de Noël et pour le fait que cette connotation religieuse n'a pas complètement disparu des esprits, un musulman ne doit pas célébrer ce genre de festivités religieuses. D'autre part, cependant, en regard pour le fait que tout le monde ne fête pas Noël dans ce sens, il est permis en cas de nécessité de souhaiter à ses voisins, ses collègues et ses amis non musulmans de "bonnes fêtes de fin d'année". Cette permission, souligne al-Qardhâwî, se révèle particulièrement utile en tant que réciproque vis-à-vis des non musulmans qui nous souhaitent une "bonne fête" lors des Eids.
Al-Qardhâwî précise que tout ceci concerne les fêtes à connotation religieuse. Par contre, et ce toujours selon lui, il est permis de participer aux célébrations liées à l'indépendance du pays où l'on vit, à sa libération de l'occupation, du moment que l'on reste lors de ces célébrations dans le cadre de ce qui éthiquement permis en islam (cf. Fatâwâ mu'âssira tome 3 pp. 672-673).
Est-il permis de souhaiter à ses amis non-musulmans de passer une joyeuse fête ?
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Réponse :
Ci-après , deux avis différents sur le sujet...
Après avoir cité des avis disant qu'il était autorisé à un musulman
de féliciter ceux qui ne sont pas musulmans à propos des choses de la
vie comme une naissance, un mariage, etc., et de leur souhaiter bonne
santé, prospérité, etc., Ibn ul-Qayyim écrit en susbtance : "Ce qui
précède concerne le fait de les féliciter à propos de choses communes
aux humains. En revanche, les féliciter à propos des symboles de leur
religion est interdit à l'unanimité. Par exemple les féliciter pour
leurs fêtes ou leur jeûne, et leur dire alors : "Joyeuse fête !" etc.
Si
celui qui dit ceci ne tombe pas lui-même dans le kufr, il commet au
moins un interdit. C'est comme si on félicitait ce non musulman pour sa
prosternation devant la croix" (Ahkâmu ahl-idh-dhimma, pp.
205-206). Cet avis de Ibn ul-Qayyim se fonde sur le fait que si le
musulman considère qu'il doit tolérer les autres religions que
l'islam, en revanche en son âme et conscience il ne peut être d'accord
avec le fait qu'un homme se prosterne devant autre que Dieu. Il doit
respecter cet homme en tant qu'homme. Il doit tolérer le fait que cet
homme ait choisi une autre religion que l'islam. Mais il ne peut
agréer ce qu'il fait. Il ne peut donc le féliciter pour cela. Il y a
ainsi une différence entre le fait de tolérer les croyances et les
pratiques religieuses d'autrui et le fait d'agréer ou de féliciter
autrui pour ces croyances et pratiques.
Al-Qardhâwî, pour sa part, a un avis nuancé par rapport à celui de Ibn ul-Qayyim. Il écrit en substance : "Je
sais que certains savants, comme Ibn Taymiyya dans son livre Iqtidhâ
us-sirât al-mustaqîmi mukhâlafata as'hâb il-jahîm, ont été sévères à
propos des fêtes des non-musulmans. Je suis moi aussi d'avis qu'un
musulman ne doit pas célébrer une fête religieuse non-musulmane.
Certains musulmans se sont mis à fêter Noël comme ils fêtent la Eid
ul-fitr et la Eid ul-adh'hâ. (…) Or nous musulmans célébrons nos fêtes
religieuses et eux célèbrent les leurs" (Fatâwâ mu'âssira tome 3 pp. 672-673).
Al-Qardhâwî poursuit : "Mais je ne vois pas de mal à ce que un musulman souhaite une bonne fête à un non-musulman lorsque tous deux sont parents, voisins ou collègues : ce sont des cas où les relations humaines nécessitent cela." Et il souligne : "Leur souhaiter bonne fête ne revient pas à reconnaître vrai ce qu'ils font, ni à être d'accord avec leurs croyances ou leurs pratiques religieuses. Il ne s'agit que de paroles de courtoisie, relevant de bonnes relations humaines" (Fatâwâ mu'âssira tome 3 pp. 672-673).
Selon al-Qardhâwî, il y a donc deux dimensions...
L'une est qu'il est interdit de célébrer des fêtes autres que les fêtes de l'islam. Ceci car le Prophète a dit des différentes religions qu'elles avaient chacune "leurs jours de fête" et que les musulmans avaient les leurs (rapporté par Al-Bukhârî, n° 909, Muslim, n° 892, etc.). Les habitants de Yathrib (Médine) avaient, lorsqu'ils étaient encore idolâtres avant la venue de l'islam, deux jours de fête, et les voyant continuer à les célébrer après leur conversion à l'islam, le Prophète leur dit que Dieu leur avait donné en place et lieu les fêtes de la Eid ul-fitr et de la Eid ul-adh'hâ (rapporté par Abû Dâoûd, n° 1134, an-Nassâï, n° 1556). Les jours qui suivent la Eid ul-adh'hâ sont aussi des jours de fête (peut-être d'importance secondaire car dépendant de la Eid ul-adh'hâ), comme cela ressort du Hadîth rapporté par Muslim (n° 1141) et d'autres. Un autre Hadîth montre quant à lui que aussi bien le jour qui précède la Eid ul-adh'hâ, que le jour de la Eid ul-adh'hâ et les jours qui suivent la Eid ul-adh'hâ sont des jours de fête pour les musulmans (rapporté par at-Tirmidhî, n° 773, Abû Dâoûd, n° 2419, etc.).
La seconde dimension présente au sujet de la question, chez al-Qardhâwî, est qu'il y a effectivement une différence entre le fait de tolérer les croyances et les pratiques religieuses d'autrui (ce qui est nécessaire en islam) et le fait de féliciter autrui pour ces croyances et pratiques (ce que le musulman doit impérativement éviter). Al-Qardhâwî est cependant d'avis que ce principe n'est pas présent dans le cas qui nous intéresse ici. Et plutôt qu'une simple divergence de vues par rapport à l'avis de Ibn ul-Qayyim en la matière, al-Qardhâwî opte davantage pour le fait qu'il s'agirait d'une divergence d'avis liée à un changement de contexte (pour plus de détails, voir mon article au sujet des catégories des divergences d'opinions : il s'agit de la catégorie D).
En effet, al-Qardhâwî explique son avis
en disant que sur plusieurs points, la situation a changé par rapport à
l'époque de Ibn Taymiyya et Ibn ul-Qayyim. Il cite notamment ce
point-ci : aujourd'hui, pour une grande partie des occidentaux, Noël
n'est plus vécu comme un phénomène religieux mais comme un phénomène
traditionnel à l'occasion duquel ils se réunissent, se font des cadeaux
et prennent ensemble un repas (fin de citation). Chacun connaît ainsi
des gens qui sont agnostiques, voire même athées, et qui pourtant fêtent
Noël assidûment. La célébration de Noël consiste pour eux à se réunir
en famille, à prendre un repas et à se faire des cadeaux.
Bref, selon al-Qardhâwî, d'une part, en regard pour l'origine religieuse de Noël et pour le fait que cette connotation religieuse n'a pas complètement disparu des esprits, un musulman ne doit pas célébrer ce genre de festivités religieuses. D'autre part, cependant, en regard pour le fait que tout le monde ne fête pas Noël dans ce sens, il est permis en cas de nécessité de souhaiter à ses voisins, ses collègues et ses amis non musulmans de "bonnes fêtes de fin d'année". Cette permission, souligne al-Qardhâwî, se révèle particulièrement utile en tant que réciproque vis-à-vis des non musulmans qui nous souhaitent une "bonne fête" lors des Eids.
Al-Qardhâwî précise que tout ceci concerne les fêtes à connotation religieuse. Par contre, et ce toujours selon lui, il est permis de participer aux célébrations liées à l'indépendance du pays où l'on vit, à sa libération de l'occupation, du moment que l'on reste lors de ces célébrations dans le cadre de ce qui éthiquement permis en islam (cf. Fatâwâ mu'âssira tome 3 pp. 672-673).
Notez que je me suis contenté de citer les deux avis ainsi que leurs
argumentations. Personnellement je trouve plus pertinent l'avis de Ibn
ul-Qayyim.