Inadmissibles récupération politicienne et dévergondage haineux d’une colère juste Depuis le lundi 29 septembre 2014, les Comoriens ont...
Inadmissibles récupération politicienne et dévergondage haineux d’une colère juste
Depuis le lundi 29 septembre 2014, les Comoriens ont renoué avec une tradition de grève et de protestation pour exprimer leur juste colère causée par le mal-vivre et la sinistrose. Cette grève multiforme est entièrement fondée et justifiée parce que les autorités comoriennes se moquent ouvertement du peuple, et il est temps que les Comoriens rappellent leurs droits. En la matière, du mauvais est né le pire, car les autorités comoriennes n’ont pas su faire la différence entre le principal et l’accessoire, entre le durable et le provisoire. Depuis le début de la présidence d’Ikililou Dhoinine, il a été admis que son principal apport reposait sur le paiement régulier et automatique des salaires. Dans un pays institutionnellement développé, on ne se félicite pas pour le paiement régulier des salaires parce qu’il s’agit de la norme. Payer un fonctionnaire, un agent de l’État ou un salarié du secteur privé est une norme mondiale, sauf dans certains pays du Tiers-Monde qui sont ruinés par la corruption et l’incompétence. Seulement, depuis le début de cette même présidence d’Ikililou Dhoinine, nous n’avons cessé de signaler qu’il est anormal de se baser sur la vente de passeports comoriens à des étrangers inconnus, même pour payer les salaires parce que ce que les Comoriens ont de plus cher se retrouve dans leur citoyenneté, qu’Ahmed Sambi et ses hommes ont ravalée au rang de simple «citoyenneté économique», alors que n’importe quel jeune Comorien en Première Année de Droit pourra expliquer que la citoyenneté est un lien juridique et affectif. Vendre donc un passeport comorien à une personne qui ne peut même pas situer les Comores sur la carte du monde est un crime crapuleux digne d’une traduction devant un tribunal, voire devant la Cour pénale internationale (CPI) puisque les bénéficiaires des passeports comoriens ne sont pas des chérubins, et parmi eux, on retrouve un peu de tout, y compris des terroristes et des trafiquants de drogue susceptibles de mettre en danger la paix et la sécurité du monde. En cette période d’envol exponentiel de la criminalité internationale et de terrorisme multinational se cachant hypocritement sous les jupes de la «religion», les Comores n’ont vraiment pas intérêt à se livrer à leur lugubre trabendo de passeports et autres pièces administratives comoriennes au Moyen-Orient.
Aujourd’hui, une réalité s’impose aux autorités comoriennes: elles ne peuvent plus continuer à biberonner sur leur hideux argent de leur sinistre «citoyenneté économique». Qui plus est, les chiffres fournis par le ministère de l’Économie et des Finances sont très parlants en ce qui concerne l’incapacité de l’État comorien à faire face à sa dette interne: la masse salariale est passée de 402.463721 à 468.578.922 francs comoriens, soit une augmentation de 66.115.201 de francs et une variation de 14%. Cette variation est de 15,8% à Anjouan, contre 12,1% à Mohéli et 14% à la Grande-Comore. Pendant que les Îles autonomes se noient dans leurs recrutements à caractère clientéliste, c’est le gouvernement de l’Union qui doit assurer le paiement des salaires de fonctionnaires qui ne vont même pas au travail. En réalité, les citoyens que nous sommes ne demandons qu’une seule chose: que tout aille bien. Mais, le service public est dans un état comateux: l’École publique est de plus en plus analphabète et morte cliniquement, l’École privée bouge un peu mais est affectée par la maladie, la santé est malade de sa médiocrité, l’électricité est dans les ténèbres, l’eau est dans la soif. Aucun peuple ne peut supporter tout cela. Trop, c’est trop, et les Comoriens ont trop enduré. De plus, dans ses légitimes revendications, le peuple comorien n’est soutenu par aucune organisation politique, puisque «l’opposition» est inexistante, une partie d’elle mourant d’envie de faire partie d’un fantomatique et inutile «gouvernement d’union nationale», dont ne veulent pas entendre parler Houmed Msaïdié (Parti RADHI) et Mohamed Daoud dit «Kiki» (Parti Orange), deux des acteurs politiques les plus actifs aux Comores.
Pendant que les Comoriens manifestent leur colère légitime face à des autorités gagnées par la schizophrénie étatique et politique, on constate des outrances, notamment celle parlant d’une entité politique dont personne n’a entendu parler auparavant: le «Mouvement pour la Libération des Comores» (MPLC). Pourquoi ne connaît-on personne qui en est membre? Ce prétendu mouvement a publié un communiqué qui charrie une haine pure et des outrances qui ne feront que discréditer le mouvement citoyen qui manifeste légitimement pour que les autorités du pays fassent preuve de responsabilité envers les Comores. Dans le communiqué haineux de ce mouvement sans visage, on peut lire les outrances suivantes: «Dans un conseil de défense gardé discret hier mardi 30 septembre, ordre est donné à quelques militaires brouillons sélectionnés pour leur ignorance, de faire usage de leurs armes en cas de critique à l’égard du pouvoir et en particulier les membres du gouvernement. C’est ce qui s’est passé ce matin devant les hydrocarbures, lorsque le garde du corps du vice-président Mamadou a tiré sur un homme originaire de Mitsamiouli, qui a hué le vice-président Mamadou. […].Ayant compris que le Mouvement de libération pour les Comores s’accélère et n’entend pas reculer, le chef de l’État et son entourage n’ont trouvé de mieux qu’autoriser l’usage des armes pour intimider ces braves hommes et femmes déterminés à libérer les Comores, quelles que soient les conséquences. On est tous convaincus que face à ces barbares, le sang va couler et cela ne fait pas peur à un peuple déjà“mort” mais qui attend le jour des funérailles. On est tous de morts vivants avec la vie dure que nous vivons et rester les mains croisées, serait un crime car nos enfants attendent beaucoup de nous, et on n’a pas les sacrifier [sic]. […] Ces voyous de la République qui ont volé notre dignité en s’accaparant de notre argent, s’inquiètent du procès qui les attend au lendemain de la prise de pouvoir du Mouvement de libération pour les Comores».
Où ces gens-là ont-ils vu le chef d’État et le gouvernement ordonner «à quelques militaires brouillons sélectionnés pour leur ignorance, de faire usage de leurs armes en cas de critique à l’égard du pouvoir»? Où a-t-on vu les pouvoirs publics «autoriser l’usage des armes pour intimider» les gens? Et qui intimide qui? Où sont les «libérateurs» qui vont «libérer les Comores»? Pourquoi susciter inutilement et vicieusement la haine avec des phrases qui ne feront que semer la détestation entre Comoriens? Et pourquoi «le sang va couler»? Qui sont «ces braves hommes et femmes déterminés à libérer les Comores»? Qui? Ils vont libérer les Comores de qui? Etc. Comment les mouvements sociaux des Comores peuvent-ils aboutir à des résultats sérieux si c’est pour qu’ils soient récupérés par des gens qui tiennent un langage pareil? Bien évidemment, l’horreur touche le fond quand on apprend, s’agissant des dirigeants actuels, qu’il y aura un «procès qui les attend au lendemain de la prise de pouvoir du Mouvement de libération pour les Comores». Qui est le peuple qui serait prêt à attendre dans la joie et dans l’espoir l’avènement d’une telle organisation politique?
Et, ce n’est pas fini parce que, lors de la grève légitime du mardi 30 septembre 2014, les manifestants, tout en faisant tout pour ignorer le principe de collégialité et de solidarité qui anime le gouvernement, ont fait en sorte que leur mouvement social soit uniquement dirigé contre le Vice-président Mohamed Ali Soilihi. Il est le seul membre du gouvernement dont on vit le nom sur les banderoles de protestation. Acharnement et aveuglement? Oui. Or, même si le Vice-président Mohamed Ali Soilihi est en charge du ministère de l’Économie et des Finances, il n’endossera pas seul la dégradation du climat économique, social et fiscal des Comores. C’est de la responsabilité de tout le gouvernement et non de la responsabilité d’un seul membre de ce gouvernement. Autrement dit, la focalisation de la petite haine des grévistes sur une seule personne a de quoi soulever de nombreuses questions sur le sérieux des grévistes, même s’ils sont dans leur droit.
Par ARM