PORTRAIT- Le président du Burkina Faso avait pris le pouvoir par un putsch militaire lors du «jeudi noir» du 15 octobre 1987. Jeudi, c...
PORTRAIT- Le président du Burkina Faso avait pris le pouvoir par un putsch militaire lors du «jeudi noir» du 15 octobre 1987. Jeudi, c'est lui qui s'est fait détrôner par l'armée suite aux émeutes qui ont secoué Ouagadougou.
Le «pays des hommes intègres» (traduction de «Burkina Faso») ne veut plus de Blaise Compaoré. A 63 ans, après 27 ans d'exercice ininterrompu du pouvoir, le «beau Blaise» - comme on le surnomme en raison de son physique avantageux - a poussé le bouchon trop loin. En affirmant sa volonté de transformer la Constitution pour briguer un cinquième mandat,il a précipité son départ: après les émeutes de jeudi, l'armée a pris les rênes du pays et prétend assurer la transition démocratique.
La fin d'une longue histoire. Né en 1951 à Ouagadougou, capitale de ce qui s'appelait encore la Haute Volta, il appartient à l'ethnie Mossi, la plus importante du pays. Militaire, il passe sa jeunesse dans un pays en proie à des coups d'Etat militaire à répétition depuis l'accès à l'indépendance en 1960.
Au sein du Mouvement des jeunes officiers radicaux, il devient compagnon de lutte du militant anti-impérialiste et panafricaniste Thomas Sankara. Frère d'armes et de confiance de celui qu'on surnomme le «Che Guevara africain», ils font ensemble la «révolution démocratique et populaire» en 1983 où le pays abandonne son nom de Haute Volta pour celui de Burkina Faso «pays des hommes intègres», mettant fin, selon les mots de Sankara, à «23 années de néocolonisation».
Le «pays des hommes intègres» (traduction de «Burkina Faso») ne veut plus de Blaise Compaoré. A 63 ans, après 27 ans d'exercice ininterrompu du pouvoir, le «beau Blaise» - comme on le surnomme en raison de son physique avantageux - a poussé le bouchon trop loin. En affirmant sa volonté de transformer la Constitution pour briguer un cinquième mandat,il a précipité son départ: après les émeutes de jeudi, l'armée a pris les rênes du pays et prétend assurer la transition démocratique.
La fin d'une longue histoire. Né en 1951 à Ouagadougou, capitale de ce qui s'appelait encore la Haute Volta, il appartient à l'ethnie Mossi, la plus importante du pays. Militaire, il passe sa jeunesse dans un pays en proie à des coups d'Etat militaire à répétition depuis l'accès à l'indépendance en 1960.
Au sein du Mouvement des jeunes officiers radicaux, il devient compagnon de lutte du militant anti-impérialiste et panafricaniste Thomas Sankara. Frère d'armes et de confiance de celui qu'on surnomme le «Che Guevara africain», ils font ensemble la «révolution démocratique et populaire» en 1983 où le pays abandonne son nom de Haute Volta pour celui de Burkina Faso «pays des hommes intègres», mettant fin, selon les mots de Sankara, à «23 années de néocolonisation».
Le 15 octobre 1987, il prend le pouvoir dans un putsh qui coûtera la vie à Thomas Sankara
Ce dernier avait prévenu: «Blaise Compaoré? C'est un homme très intelligent et très délicat. Le jour où vous apprendrez que Blaise prépare un coup d'Etat contre moi, ce ne sera pas la peine de chercher à vous opposer ou même à me prévenir. Cela voudra dire qu'il est trop tard.». Il avait vu juste: le 15 octobre 1987, lors du «jeudi noir», Blaise Compaoré s'empare du pouvoir par un putsch militaire au cours duquel son ami et ancien compagnon de lutte Sankara est assassiné. Compaoré a toujours nié son implication dans ce meurtre, qu'il qualifie d' «accident». 27 ans plus tard, beaucoup voient dans la révolution «#lwili»(nom d'un oiseau africain devenu le mot-dièse de ralliement des opposants sur twitter) l'heure de la revanche.
Arrivé au pouvoir en 1987, il décide de mettre en place ce qu'il appelle une «rectification de la Révolution». En réalité, la liquidation de l'héritage révolutionnaire sankariste. Il dissout le Conseil national de la Révolution et opère une droitisation de la politique économique et sociale. Alors que son prédécesseur avait aboli les privilèges de la chefferie coutumière, il renoue avec elle ainsi qu'avec les hommes d'affaires. Ces derniers bénéficieront d'une politique de privatisation intense menée au début des années 1990 et téléguidée par le Fonds Monétaire International (FMI).
Au début de son arrivée au pouvoir, Blaise Compaoré se lie avec les régimes les plus sanguinaires: Angola, Sierra Leone, Liberia. Lui et ses proches sont accusés d'avoir entretenu un trafic de diamants et d'armes avec les guérilleros angolais de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola. Il entretient également des liens avec les dictateurs libyen Mouammar Kadhafi et libérien Charles Taylor.
Ex-putschiste reconverti en artisan de la stabilité en Afrique de l'Ouest
Néanmoins, chouchouté par les instances internationales et les ONG, point d'appui pour la France, le Burkina Faso devient malgré tout un îlot de stabilité dans un continent déchiré par les guerres civiles. Dès lors, Compaoré, en échange de la bienveillance internationale, opère des concessions démocratiques. En 1991, il rétablit le multipartisme et donne une constitution au pays, la Quatrième République, qui prévoit l'élection du président au suffrage universel. Ce vernis démocratique ne l'empêchera pas de modifier à deux reprises, en 1998 et 2000, l'article 37 de la Constitution pour pouvoir rester au pouvoir.
Dans les rues de Ouagadoudou, pas de slogans officiels ni de portraits géants du chef de l'Etat: on n'est loin du culte de la personnalité prégnant dans d'autres Etats africains. La liberté de la presse existe, et Compaoré est même régulièrement caricaturé dans les journaux… Une liberté médiatique sans danger pour le pouvoir dans un pays où plus de 70% de la population est analphabète.
L'ex-putschiste se rachète une image d'homme de paix et acquiert une réputation internationale flatteuse. Devenu l'intercesseur de la démocratie et l'artisan de la stabilité en Afrique de l'Ouest, il s'impose comme un acteur indispensable dans les conflits au Togo, en Côte d'ivoire en Mauritanie, ou au Darfour. «Le Burkina Faso est un partenaire important pour la France et joue un rôle essentiel dans la stabilité de la région et la résolution des crises», a rappelé récemment le Quai d'Orsay par la voix de son porte-parole.
Actuellement il était un médiateur et un appui de poids dans l'intervention au Mali. Son éviction du pouvoir devrait donc logiquement inquiéter la diplomatie française.
Par Eugénie Bastié, lefigaro