Allocution de Son Excellence Dr IKILILOU DHOININE Président de l’Union des Comores à l’occasion de la 69eme Session de l’Assemblée Général...
Allocution de Son Excellence Dr IKILILOU DHOININE Président de l’Union des Comores à l’occasion de la 69eme Session de l’Assemblée Générale des Nations UniesNew York, le 26 septembre 2014
Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Générale,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, tout d’abord, exprimer aux autorités
américaines, nos vifs remerciements pour l’accueil chaleureux qu’elles
nous réservent toujours, lors de ce grand rendez-vous annuel, ici à New
York.
Ensuite, mes sincères félicitations s’adressent à
l’endroit de la présidence, à laquelle je formule nos vœux de réussite,
pour un excellent déroulement des travaux de la Soixante-neuvième
session ordinaire de notre Assemblée Générale.
Au nom de ma délégation et au mien propre, je
renouvelle, enfin, toute ma gratitude à Son Excellence Monsieur Ban
KI-MOON, Secrétaire General de l’ONU, pour son engagement au service de
notre Organisation.
Monsieur le Président,
Notre présente session, la Soixante-neuvième du genre,
se tient à un moment crucial de l’histoire de notre Organisation,
creuset du multilatéralisme et de la diplomatie mondiale qui, au fil du
temps, s’est imposée, plus que jamais, comme un instrument précieux et
incontournable, pour la paix et la sécurité dans le monde.
Elle se tient à la veille du soixante-dixième
anniversaire de notre Organisation, que nous célébrerons dans un an,
dans cette belle ville de New York, haut lieu du dialogue et de la
concertation permanente, pour des relations internationales plus
apaisées, qui placent l’Homme et son environnement au centre de ses
préoccupations.
Un moment où, la sagesse aidant, à l’aune de son âge
avancé, 69 ans déjà, notre Organisation doit être revigorée, revitalisée
et plus engagée, dans un monde sans cesse soumis à des défis et des
menaces qui, chaque jour qui passe, prennent de nouvelles formes, le
plus souvent imprévisibles, les unes que les autres.
Monsieur le Président,
La présente session nous offre également une opportunité
majeure, pour une évaluation générale des performances de notre
organisation et la maitrise du processus qui ferait de 2015, l’année de
la reforme, à l’occasion de notre soixante-dixième anniversaire.
Naturellement, à travers une telle démarche, il
conviendrait de prendre davantage en compte, d’une part, les nouvelles
problématiques, telles que celles liées à l’extrême fragilité des Petits
Etats Insulaires en Développement, conformément aux recommandations de
la récente conférence tenue à Samoa.
D’autre part, il s’agirait de veiller à une meilleure
représentation des pays en développement, et notamment ceux du continent
africain qui, aujourd’hui, renferment à la fois, des zones de
croissance économique appréciable, mais aussi, de grande pauvreté et de
conflits parfois sanglants, qui retardent leur développement et le
bien-être de leurs peuples.
Parallèlement, la reforme tant souhaitée de notre
Organisation ne peut qu’intégrer la nécessité pour le Conseil de
Sécurité, d’assumer la coordination de la lutte contre le terrorisme,
nouveau fléau planétaire.
En tout état de cause, en tant que pays engagé et
impliqué, dans La Force en Attente de l’Afrique de l’Est, l’Union des
Comores mesure pleinement les responsabilités du Conseil de Sécurité de
notre Organisation, pour impulser, orienter et superviser la prévention
et le règlement des conflits en Centrafrique, au Nigeria, au Mali, comme
en Libye, en Syrie, en Irak, en Ukraine et dans tous les pays en crise.
Ce sont autant de foyers de tensions qui mettent à mal
la paix dans diverses régions du monde, devenues des terreaux fertiles,
pour l’éclosion du terrorisme international.
C’est dans un tel contexte et notamment après les
dernières sanglantes attaques armées contre le peuple frère palestinien,
à Gaza, que je réitère la nécessité impérieuse d’une solution équitable
et urgente de la question de la Palestine qui a, malheureusement et
pratiquement, le même âge que notre organisation.
Excellences Mesdames et Messieurs,
Pour préserver et consolider la paix, dans un monde en
pleines mutations, l’accent doit être mis sans cesse, sur la prévention
des conflits, tout en soutenant inlassablement les efforts de résolution
des crises qui surgissent.
La Communauté des Nations que nous sommes, a le devoir
de s’autosaisir des sujets qui, s’ils ne sont pas résolus équitablement,
feront perdre à notre Organisation, sa crédibilité.
C’est le cas de mon pays, admis comme membre de l’ONU,
en vertu de la résolution 33 85 du 12 novembre 1975, réaffirmant la
nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel
des Comores, composé de quatre iles, mais dont, le processus de
décolonisation, reste encore à parachever.
A ce sujet, dans notre allocution lors de la
soixante-huitième session de notre Assemblée Générale, nous vous avons
exposé notre nouvelle démarche dans la recherche d’une solution juste
avec la France, une solution conforme aux principes qui régissent notre
organisation.
Conformément à mon engagement exprimé du haut de cette
tribune, devant vous, auguste assemblée, je voudrais porter à votre
connaissance que, le Haut Conseil Paritaire prévu dans la déclaration de
Paris a été institué. Cet organe de suivi a lancé ses premiers travaux
en novembre 2013 et s’apprête à se réunir à nouveau, à la fin de cette
année.
Dans cette deuxième rencontre, le Haut Conseil Paritaire
aura à traiter, entre autres questions, celle relative à la circulation
des personnes entre les quatre îles de l’archipel, en vue de mettre un
terme aux drames qui endeuillent, quotidiennement, les familles
comoriennes.
Des drames qui, le plus souvent, passent inaperçus
auprès de l’opinion publique internationale, mais qui heurtent
profondément, la conscience collective de mon peuple.
Des drames qui heurtent également ce grand pays qu’est la France, dans ses valeurs humanistes que nous avons en partage.
En effet, au delà du contentieux territorial entre les
deux pays, il est d’une extrême urgence, de mettre un terme à cette
tragédie humaine, dans le cadre de ce dialogue apaisé et engagé entre
les deux parties et qui doit bénéficier du concours de notre
organisation.
C’est pourquoi, sur ce sujet et dans l’esprit de la
Déclaration de Paris, ouvrant la voie à la construction d’une relation
rénovée tournée vers l’avenir, j’ai récemment sollicité l’appui de la
Commission de l’Océan Indien, lors du Quatrième Sommet des Chefs d’Etat
et de Gouvernement de cette organisation sous régionale, dont la France
et les Comores sont membres.
A cette occasion, le gouvernement comorien a privilégié
l’esprit de concorde pour préserver les liens entre les peuples, tout en
réaffirmant la nécessité du respect des principes du droit
international, dans le règlement de ce contentieux, qui dure depuis une
quarantaine d’années.
Monsieur le Président,
Cette Soixante-neuvième session de notre organisation se
propose de définir un programme de développement pour l’après-2015 avec
pour objectifs principaux, l’élimination de la pauvreté et de la faim,
ainsi que la promotion d’une croissance économique durable et inclusive
dans le monde.
Ainsi, les Objectifs du Millénaire pour le Développement
ont constitué, de manière incontestable, un pacte mondial de
solidarité, pour le progrès socio-économique de nos pays.
A l’instar de nombreux pays, notamment les Petits Etats
Insulaires en Développement, l’Union des Comores a franchi un pas
important dans la réalisation de ces Objectifs, notamment le
renforcement de la participation des femmes à la vie politique et
économique du pays, la santé maternelle, la réduction du paludisme et de
la mortalité infantile, la lutte contre le VIH SIDA et l’égalité dans
la scolarisation des enfants.
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire s’agissant
notamment de la sécurité alimentaire, de l’accès aux soins pour tous, ou
encore de la dégradation de l’environnement.
De même, l’énergie, l’accès à l’eau potable pour une
bonne partie de la population et l’agriculture durable, restent toujours
des sujets de préoccupation.
C’est pourquoi, au moment où mon pays négocie son
adhésion à l’OMC, nous ne pouvons que préconiser, dès lors,
l’intégration des OMD non réalisés dans les nouveaux Objectifs du
Développement Durable, et appeler, à un renforcement des partenariats
stratégiques pour le développement, à la mise en place d’un régime
commercial international équitable, à la promotion d’investissements
directs nationaux et étrangers et, enfin, à plus de mobilisation et
d’engagement, dans la lutte contre les changements climatiques.
Aussi, est-il urgent de mettre en œuvre rapidement les
recommandations des différents Sommets, organisés sur le climat et
notamment la récente Conférence de Samoa et le Sommet qui vient de se
tenir le 23 septembre courant, ici à New York.
Monsieur le Président,
Ces dernières années, de nombreux indices, notamment le
taux de croissance économique de divers pays du continent, portent à
croire qu’il y a lieu d’espérer pour un avenir meilleur, pour le
développement de l’Afrique.
Toutefois, l’Afrique doit relever les défis liés à la
résolution des conflits et aux multiples menaces contre la paix et la
sécurité.
Autant de défis auxquels, aucun pays au monde ne
pourrait faire face, à lui seul, sans la coopération et la solidarité
internationales.
C’est le cas du virus Ebola qui sévit dans certains pays
d’Afrique de l’Ouest mais dont l’ampleur et la rapidité de propagation
sont alarmantes et constituent une menace mondiale.
Nous saluons, ainsi, les mesures prises, ces derniers
jours, par de nombreux pays, pour aider à contenir et à éradiquer cette
épidémie.
Excellence Monsieur le Président,
C’est dans cette conviction de l’impérative solidarité
internationale, pour répondre aux besoins sans cesse grandissants de nos
peuples, que je fonde mes espoirs, de voir notre organisation
réussir, au mieux, sa mutation, après quelques 70 ans d’existence.
En effet, c’est en se hissant à la hauteur des multiples
enjeux en cours et en assumant pleinement les exigences d’un monde de
plus en plus interdépendant et complexe, que nous parviendrons ensemble,
à dégager les voies de l’espérance, pour les générations futures.
Vive la solidarité internationale,
Je vous remercie.