L’association de lutte contre l’exclusion Tama proposait ce vendredi son grand débat annuel. Il portait sur la protection de l’enfance. Plus...
L’association de lutte contre l’exclusion Tama proposait ce vendredi son grand débat annuel. Il portait sur la protection de l’enfance. Plus d’une centaine de personnes était présente pour dresser un état des lieux sombre.
Dans un « monde parfait », « c’est à dire celui des autres départements français », tel que décrit par le procureur Joël Garrigues, « on ne débattrait même pas de la loi sur la Protection de l’Enfance tant elle est entrée dans les mœurs », « dans un monde parfait, le Conseil général qui a les meilleures informations sur la détresse des enfants, récolterait les cas de maltraitance par le biais de ses travailleurs sociaux, essaierait de trouver des solutions avec les familles comme le veut le Code de l’action sociale et des Familles, me saisirait sur les cas les plus difficiles que j’adresserai à la juge des enfants ».
Mais la réalité est toute autre : « malheureusement à Mayotte, nous ne sommes pas dans un monde parfait », déplorait toujours Joël Garrigues. 214 enfants ont été signalés comme victimes de maltraitances sur le territoire, « le même chiffre qu’en Creuse, moitié mois peuplée que Mayotte ! ».
Un constat qui peut expliquer les affrontements entre bandes de jeunes, « la protection de l’enfance étant le meilleur outil de la prévention de la délinquance ».
On connaît le constat d’absence du Conseil général sur son domaine prioritaire qu’est l’action sociale.
On en connaît aussi les raisons, et c’est Marie-Laure Piazza, présidente du Tribunal de Grande Instance, qui les contrera haut et fort : « un enfant en danger qu’il soit mahorais, russe, chinois », ou comorien pourrait-on rajouter, « est un enfant en danger et a droit à la protection des institutions. Toute distinction est punie par la loi et place leur auteur en infraction pénale. On peut comprendre le Conseil général quand il estime que la prise en charge des enfants étrangers relève de l’immigration clandestine donc de l’Etat, mais moralement et humainement, laisser des enfants livrés à de bonnes ou de mauvaises âmes est inacceptable ! ».
C’est le sénateur Thani Mohamed Solihi, également président de Tama, qui portera la plus lourde charge contre les élus du département, en réponse à la mise en cause de Jacques-Martial Henry , 2ème vice-président du Conseil général en charge du social, accusant l’Etat d’avoir usurpé le rôle qui leur revenait en détournant les fonds pour financer Tama, « c’est diffamatoire ! », accusait-il avant de rappeler que Tama avait été créé « pour combler un vide », une situation identique dix ans après, et pour une action qui n’empiète pas sur les prérogatives du Conseil général, « elle concerne à 90% la réinsertion des détenus ».
Une timide éclaircie cette année redonne de l’espoir que le Conseil général réinvestisse sa mission : un Observatoire départemental de la protection de l’Enfance a été créé sous l’impulsion de Jacques-Martial Henry, et une directrice de l’Aide Sociale à l’Enfance, également service du département, a été nommée en la personne de Christel Théron.
Cette dernière parlait d’avancées : « malgré la difficulté de les attirer sur le territoire, il y aura une augmentation du nombre de travailleurs sociaux, et surtout de la qualité de leur travail. Nous sommes également décidé à travailler davantage avec le tribunal ».
De leurs côtés, les services judiciaires ont considérablement accru leurs moyens pour faire face à ce défi à Mayotte, outre le recrutement d’un juge pour enfant supplémentaire : « d’un seul éducateur il y a 20 ans, nous sommes passés à 42 aujourd’hui avec 500 mineurs suivis », rapportait Hélène Nicolas, directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui annonçait la proche labellisation du centre Dago de Tama en Etablissement de Placement Educatif qui pourra accueillir 12 enfants.
Les acteurs présents à Mtsangabeach ce vendredi ont une très forte attente envers le Conseil général, et appellent à signaler tout enfant repéré en difficulté.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Dans un « monde parfait », « c’est à dire celui des autres départements français », tel que décrit par le procureur Joël Garrigues, « on ne débattrait même pas de la loi sur la Protection de l’Enfance tant elle est entrée dans les mœurs », « dans un monde parfait, le Conseil général qui a les meilleures informations sur la détresse des enfants, récolterait les cas de maltraitance par le biais de ses travailleurs sociaux, essaierait de trouver des solutions avec les familles comme le veut le Code de l’action sociale et des Familles, me saisirait sur les cas les plus difficiles que j’adresserai à la juge des enfants ».
Mais la réalité est toute autre : « malheureusement à Mayotte, nous ne sommes pas dans un monde parfait », déplorait toujours Joël Garrigues. 214 enfants ont été signalés comme victimes de maltraitances sur le territoire, « le même chiffre qu’en Creuse, moitié mois peuplée que Mayotte ! ».
Un constat qui peut expliquer les affrontements entre bandes de jeunes, « la protection de l’enfance étant le meilleur outil de la prévention de la délinquance ».
Pas de tri sur la nationalité
On connaît le constat d’absence du Conseil général sur son domaine prioritaire qu’est l’action sociale.
On en connaît aussi les raisons, et c’est Marie-Laure Piazza, présidente du Tribunal de Grande Instance, qui les contrera haut et fort : « un enfant en danger qu’il soit mahorais, russe, chinois », ou comorien pourrait-on rajouter, « est un enfant en danger et a droit à la protection des institutions. Toute distinction est punie par la loi et place leur auteur en infraction pénale. On peut comprendre le Conseil général quand il estime que la prise en charge des enfants étrangers relève de l’immigration clandestine donc de l’Etat, mais moralement et humainement, laisser des enfants livrés à de bonnes ou de mauvaises âmes est inacceptable ! ».
C’est le sénateur Thani Mohamed Solihi, également président de Tama, qui portera la plus lourde charge contre les élus du département, en réponse à la mise en cause de Jacques-Martial Henry , 2ème vice-président du Conseil général en charge du social, accusant l’Etat d’avoir usurpé le rôle qui leur revenait en détournant les fonds pour financer Tama, « c’est diffamatoire ! », accusait-il avant de rappeler que Tama avait été créé « pour combler un vide », une situation identique dix ans après, et pour une action qui n’empiète pas sur les prérogatives du Conseil général, « elle concerne à 90% la réinsertion des détenus ».
12 places pour les enfants à Dago Tama
Une timide éclaircie cette année redonne de l’espoir que le Conseil général réinvestisse sa mission : un Observatoire départemental de la protection de l’Enfance a été créé sous l’impulsion de Jacques-Martial Henry, et une directrice de l’Aide Sociale à l’Enfance, également service du département, a été nommée en la personne de Christel Théron.
Cette dernière parlait d’avancées : « malgré la difficulté de les attirer sur le territoire, il y aura une augmentation du nombre de travailleurs sociaux, et surtout de la qualité de leur travail. Nous sommes également décidé à travailler davantage avec le tribunal ».
De leurs côtés, les services judiciaires ont considérablement accru leurs moyens pour faire face à ce défi à Mayotte, outre le recrutement d’un juge pour enfant supplémentaire : « d’un seul éducateur il y a 20 ans, nous sommes passés à 42 aujourd’hui avec 500 mineurs suivis », rapportait Hélène Nicolas, directrice de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui annonçait la proche labellisation du centre Dago de Tama en Etablissement de Placement Educatif qui pourra accueillir 12 enfants.
Les acteurs présents à Mtsangabeach ce vendredi ont une très forte attente envers le Conseil général, et appellent à signaler tout enfant repéré en difficulté.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte