Interview exclusive de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président de Comores Alternatives. www.lemohelien.com : Qu'avez-vous envie d...
Interview exclusive de Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed, Président de Comores Alternatives.
www.lemohelien.com : Qu'avez-vous envie de dire à ce grand notable de Mbéni qui dit:«Pourquoi ARM perd son temps à parler de cet Saïd-Abdillah-là que personne ne connaît ici à Mbéni? Qu'il parle de gens que nous connaissons ici, à Mbéni!».
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Mbéni est une ville qui m'est très chère, où je suis très connu, mais c'est aussi une grande ville où tout le monde ne peut pas me connaître. Ce n'est pas un village, Mbéni. C'est une grande ville que je compte conquérir lors de ma marche vers Beït-Salam en 2016.
www.lemohelien.com: Pourtant, c'est une ville qui compte ses propres candidats: MmeMoinaécha Youssouf Djalali, le Vice-président Mohamed Ali Soilihi, Hamidou Karihila et Ahmed Mahmoud Wadaane, pour n'en citer que les plus emblématiques?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Je sais, mais en même temps, moi je travaille sur des réseaux d'influence qui me permettent de m'implanter au-delà de mes deux régions d'origine, le Bambao et le Mbadjini. Un certain nombre de déterminants sociologiques et sociographiques comme vous dites souvent me poussent à l'optimisme, quelle que soit la région de Grande-Comore où je me trouve. Je connais la complexité de la sociologie électorale de la Grande-Comore, et malgré tout, je garde mon optimisme. Je travaille à l'émergence d'une vraie dynamique électorale nationale, et je m'interdis de m'accrocher à une seule région des Comores.
www.lemohelien.com: Justement, tout le monde vous trouve un peu trop optimiste. Est-ce un optimisme réel, basé sur des motifs réels, ou juste une manière de faire du cinéma?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Je suis porteur d'un message d'optimisme et d'espérance pour les Comores, et qu'on ne compte pas sur moi pour briser le moral des Comoriens, à un moment où ce moral est déjà en berne, avec une économie qui est par terre et des indicateurs sociaux tous au rouge. Les dirigeants actuels font tout pour démontrer qu'ils travaillent pour le pays alors qu'ils passent leur temps à se remplir indûment les poches. Ils ne sont même pas capables d'assurer l'indépendance financière, monétaire et économique du pays…
www.lemohelien.com: Vous êtes sérieux, quand vous dites que vous allez faire quitter les Comores de la zone franc si vous êtes élu Président des Comores en 2016? Ce pari ne vous paraît-il pas un peu trop risqué?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Vous faites partie des Comoriens qui agitent le spectre hideux de l'inflation du Zaïre de Mobutu Sese Seko, de Madagascar après la sortie de la zone franc, et du Zimbabwe de Robert Mugabe. Mais, vous oubliez qu'à côté des Comores, l'île Maurice et les Seychelles réussissent parfaitement leur expérience en matière d'indépendance financière et monétaire. Elles réussissent leur expérience en matière économique. Citons ces exemples positifs, car ils existent aussi. C'est juste une question d'organisation et de volonté politique. Nous ne pouvons pas continuer à perpétuer cette dépendance à l'égard de notre ancienne métropole. Nous devons nous libérer de toutes les chaînes entravant notre liberté. Si nous le voulons, nous le ferons. Mais, les dirigeants comoriens sont des poules mouillées, et vivent encore à l'époque de «Tintin au Congo» et de «Nos ancêtres, les Gaulois». On ne peut pas compter sur des responsables qui se caractérisent ainsi par un manque total d'imagination et de courage politique.
www.lemohelien.com: L'île Maurice et les Seychelles ont de vrais dirigeants, pardi! On ne peut tout de même pas comparer les dirigeants seychellois et mauriciens avec nos voleurs de poules! Sérieusement, quand on voit que les dirigeants comoriens ne sont même pas capables de faire allumer un groupe électrogène et éclairer le pays, et s'obligent à vendre des passeports à la mafia étrangère pour payer les fonctionnaires et s'enrichir indûment, croyez-vous qu'ils seraient capables de donner aux Comores leur indépendance financière et monétaire sans tuer les Comores dans l'inflation? Je ne vous suivrai jamais sur ce chemin-là!
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Je sais que vous ne m'y suivrez jamais. Nous avons l'expertise qu'il nous faut. Nous avons les cadres qu'il nous faut. Nous avons les moyens techniques pour assurer notre indépendance financière et monétaire, sans que la Banque centrale dite des Comores ne reste cette petite succursale de la Banque de France et de la Banque centrale européenne. Les dirigeants passés et actuels sont des peureux, mais moi, j'aime l'action et je sais comment la mener. J'ai à mes côtés, des cadres qui veulent prouver leur expertise et leur compétence, des Comoriens qui veulent rendre aux Comores ce que le pays leur a apporté.
www.lemohelien.com: C'est un mensonge répandu par tous les acteurs politiques comoriens, un mensonge consistant à parler des cadres comoriens quand on n'est pas au pouvoir et en faire des Kleenex quand on est élu. Qu'est-ce qui vous différencierait des autres candidats?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Dans l'un de vos articles, vous démontriez qu'Ahmed Sambi n'a pas de candidat valable et crédible à la Grande-Comore et qu'il préfère le compagnonnage des courtisans à celui des cadres compétents. Il n'est pas le seul dans son cas. C'est une question de culture et d'éducation qu'il faut rattacher à la personnalité particulière de chacun. Un Président non instruit et inculte déteste et redoute les cadres de valeur, préférant ne s'entourer que de petits collaborateurs destinés à lui cirer les chaussures. Il faut dépasser cette façon de voir et de faire. Les Comores sont quand même un pays de 750.000 habitants, et il va sans dire que notre incapacité à les diriger ne nous honore pas. Les dirigeants comoriens ne connaissent que leurs familles et leurs villages. Ils sont incapables de voir autre chose. Moi, je juge la crédibilité de mes concurrents à la lumière des gens qui les entourent. Et ce que je vois ne me pousse pas à un optimisme béat. Il y a trop de courtisanerie et trop de haine envers les cadres de valeur, ceux qui vont nous aider à asseoir notre indépendance financière, monétaire et économique, et nous éloigner un peu des rives de la Seine et de la Marne.
www.lemohelien.com: Vous ne changerez pas. On vous a vu sur une chaîne de télévision panafricaine en train de dire que les élections législatives du 2 novembre 2014 vont se tenir en temps et en heure alors que les autres chefs de partis sont plutôt sceptiques et croient même que le régime politique en place sabote le processus électoral. D'où vous viennent toutes vos belles certitudes?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Soyons sérieux! Ce qu'il y a de mauvais dans l'âme de certains ne doit pas nous conduire à rejeter tout ce que fait le Président Ikililou Dhoinine. C'est tout de même un chef d'État, le gardien de nos institutions. Il ne va pas prendre le risque de perdre sa crédibilité en signant un décret convoquant le corps électoral pour le 2 novembre 2014 s'il n'avait pas de moyens d'organiser les élections législatives. Je fais confiance au Président de la République. Je m'oblige à croire aux institutions, surtout que je compte faire de ces élections un galop d'essai pour la conquête de la Présidence de la République en 2016.
www.lemohelien.com: Encore votre optimisme énervant!
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Ce n'est pas ça. Pendant que les autres tâtonnent, moi j'agis. Je vais vous donner un exemple. J'ai eu au téléphone Houmed Msaïdié, Président du Parti RADHI. Il est très sympathique, mais quand il me dit que c'est en septembre qu'il va choisir les candidats de son parti à la députation alors que l'élection a lieu en novembre, il m'étonne. Mon Parti, Comores Alternatives, a déjà bouclé ses listes et a déjà choisi ses permanences électorales dans chaque ville et village. Nous attendons juste le lancement de la campagne électorale pour nous afficher en public en grandeur nature. Une fois de plus, c'est une question d'organisation. Notre Parti se présente à ces élections pour les remporter et lancer les bases de la campagne pour l'élection présidentielle de 2016.
www.lemohelien.com: Maître Saïd Larifou, Président du Parti politique RIDJA, demande à l'opposition de faire en sorte que les élections législatives de novembre 2014 se transforment en «sanction» contre le régime politique actuel. Elle est où, cette opposition comorienne?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Elle existe, cette opposition comorienne, mais elle n'est pas de nature unique. Il y a une opposition qui propose, celle incarnée par Comores Alternatives. Il y a une opposition qui se tait et ne propose rien. Il y a une opposition qui mendie et qui change de camp si elle n'obtient pas ce qu'elle veut. Il y a une opposition qui veut le pouvoir pour le pouvoir, allant jusqu'à tenter de prendre le pouvoir par la force, cette même opposition qui ne veut que s'enrichir après avoir ruiné le pays, en l'entraînant dans les incertitudes de la «citoyenneté économique» et d'autres magouilles, une opposition de la haine et de la division, une opposition devant servir des intérêts personnels et de clan, sans rien apporter au pays. Moi, qui suis un habitué des plateaux de radio et de télévision, je ne demande rien pour moi, comme le fait par exemple, un Ahmed Sambi, mais je parle des Comores. Cela fait toute la différence entre un vrai homme d'État et un charlatan de souk.
www.lemohelien.com: Il a tout de même beaucoup d'argent cet Ahmed Sambi-là, le candidat de la République islamique d'Iran. Faut-il le prendre pour quantité négligeable et qu'elles sont ses chances de voir sa candidature présidentielle être retenue en 2016?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Pour son propre malheur, c'est un homme qui ne connaît pas la notion de limites. Il a défié toutes les Comores en voulant casser la dynamique nationale et la philosophie de la présidence tournante, sachant que la vocation de la présidence tournante est de tourner. C'est très simple! Aujourd'hui, il s'est fait désavouer par le peuple au point où il doit payer les gens pour l'applaudir. Les instruments de sa propagande se cassent un à un les dents. On n'en veut plus. Il peut avoir tout l'argent du monde, mais il ne sera pas élu. Sa candidature présidentielle ne sera même pas validée. Il faut voir comment Ikililou Dhoinine l'a eu en beauté. Pendant qu'il était son Vice-président, Ikililou Dhoinine a fait semblant de dormir à ses côtés, d'être un simple laquais, une simple girouette. Il a eu Ahmed Sambi en beauté! Je ne l'aurais jamais cru capable de faire ça, mais il l'a fait. Rien que pour ça, j'ai du respect pour lui. Et comme Ahmed Sambi humilie ses proches par sa propension à vouloir tout diriger à la place des autorités légitimes, chaque fois il se fera rejeter par ses proches car il n'a pas de respect pour les gens. Il ne respecte personne. Quand on voit la manière par laquelle il traite le Gouverneur d'Anjouan, Anissi Chamssidine, on a honte à la place de ces deux acteurs politiques. Anissi Chamssidine se laisse trop faire, et ce n'est pas bien pour lui.
www.lemohelien.com: En disant que «des gens qui ont mis au monde de petits cailloux veulent que les Comores soient gouvernées par ces petits cailloux, alors que des cadres très compétents ont émergé même dans les familles moyennes et modestes», vous avez pris des risques politiques et sociologiques. Ne risquez-vous pas de vous faire bannir de cette île à la sociologie très complexe qu'est la Grande-Comore?
Saïd-Abdillah Saïd-Ahmed: Sultan Chouzour, quand il était le Conseiller privé du Président Azali Assoumani, avait essayé de me bannir, en déchirant mon décret de nomination parce qu'il voulait que j'aille me prosterner devant lui, lui lécher les bottes, lui laver les pieds, à son domicile. Mais, c'est quoi ça? C'est quoi, cette stupide mascarade? Sommes-nous dans une République ou dans un champ de patate? Il faut que ces gens-là arrêtent leur mascarade, qui les ridiculise. Il y a des gens qui doivent commencer à apprendre ce qu'est la notion de honte et de respect. Que ces gens aux prétentions excessives et ridicules instruisent leurs enfants avant de demander l'impossible pour leurs petits cailloux. Qu'ils laissent tranquille quelqu'un comme Hamada Madi Boléro, qui s'est fait tout seul, sans son père, ni son oncle, au lieu de chercher chaque fois à le tuer pour des banalités qui font honte. Il faut que ces gens-là comprennent que les Comores ne sont pas une propriété individuelle ou familiale, mais notre maison familiale à tous. Il n'y a pas de raison pour que le descendant d'un petit roitelet assassin vienne chercher à s'imposer aux gens en déroulant sa généalogie pleine de sang et de saletés. Il faut arrêter cette comédie qui consiste à mépriser les gens. Les pères ont détruit les Comores, et ils veulent qu'on laisse leurs petits cailloux parachever leur œuvre malsaine de destruction? Jamais! Donc, la notabilité doit jouir de tout notre respect et de toute notre considération, mais elle ne doit pas interférer dans les affaires de l'État. Elle doit se limiter à ses affaires communautaires, dans les villes et villages. Les affaires de l'État n'obéissent pas à une généalogie entachée de sang et de saletés.
Propos recueillis par ARM
© www.lemohelien.com – Jeudi 14 août 2014.
