La compagne de Hakim Karki, en détention provisoire depuis lundi, croit en son innocence et affirme qu'on cherche à nuire aux enquête...
La compagne de Hakim Karki, en détention provisoire depuis lundi, croit en son innocence et affirme qu'on cherche à nuire aux enquêtes du juge.
La compagne de Hakim Karki, avocate à La Réunion, ne veut pas y croire. "On lui pose les questions qu'il a l'habitude de poser aux criminels. Pour lui, c'est l'humiliation suprême", confie-t-elle. Hakim Karki, juge d'instruction au tribunal de grande instance (TGI) de Mamoudzou, est en détention provisoire depuis lundi.Le magistrat a été mis en examen dans une affaire de viol, après une garde à vue de quarante-huit heures. "Cela fait deux ans que je suis avec lui. Je suis sûre et certaine qu'il n'a pas violé cette femme", assure l'amie de Karki, contactée par Le Point.fr.
Selon l'enquête, le juge, après une soirée, aurait raccompagné la jeune femme à son domicile. Il aurait alors abusé d'elle à plusieurs reprises. Hakim Karki dément formellement et affirme qu'il s'agissait de relations consenties, aussi extrêmes soient-elles : on parle ici de pratiques sadomasochistes. À l'examen médical, des traces de violence ont été repérées sur le corps de la plaignante, tout comme sur celui du juge d'instruction. "M. Karki, sur lequel ont été constatées de multiples traces de violence et notamment de griffure, reconnaît l'existence de relations sexuelles empreintes de violences, selon lui, demandées par la plaignante", explique la procureur adjointe de Saint-Denis, Emmanuelle Barre. Une version "formellement contestée par la victime", ajoute-t-elle.
Hakim Karki traîne déjà derrière lui une réputation sulfureuse. C'est lui qui a, en 2011, révélé l'affaire Roukia, nom de cette lycéenne morte par overdose. La drogue qui lui a été fatale proviendrait en partie d'un trafic de drogue alimenté par les gendarmes eux-mêmes, pour rémunérer leurs indics. Sur l'île de Mayotte, la nouvelle avait fait grand bruit, entraînant de facto la mutation de plusieurs gendarmes et des relations extrêmement tendues entre les forces de l'ordre et certains magistrats. La hiérarchie de Hakim Karki lui reproche de s'épandre régulièrement dans la presse sur ses exploits, d'entretenir des relations ambiguës avec des avocats et de se présenter tantôt en "chevalier blanc", tantôt en "victime" d'un système qui chercherait à le mettre au pas. Sa notation est épouvantable. Ses supérieurs parlent d'incompétence et réclament depuis de longs mois à Christiane Taubira sa mutation.
"Avant d'être mis en examen, Hakim s'apprêtait à déposer une plainte pour harcèlement moral contre ses supérieurs", assure pour sa part sa compagne. Une information que Le Point.fr est en mesure de confirmer. "Je n'explique pas son infidélité, mais je peux comprendre qu'il ait craqué, ajoute-t-elle. Il était vraiment à bout. Il était moralement épuisé, obligé de se justifier sur tout." Une enquête menée par l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ), dont le rapport est tenu secret par la chancellerie, a eu lieu il y a quelques mois. Alors que le juge a récemment été convoqué à un rendez-vous disciplinaire par le premier président de la cour d'appel de La Réunion pour des propos dénigrant ses supérieurs. Pour ses soutiens, les choses sont claires : on fait tout pour déstabiliser le juge, dont les enquêtes gênent au plus haut niveau.
À commencer par les conditions de sa détention. "Totalement surprenantes", juge son avocat Léon Lef Forster. "Trois juges d'instruction l'ont entendu et ont jugé qu'un contrôle judiciaire serait suffisant. Mais le parquet a fait appel et a obtenu du juge des libertés et de la détention que Hakim Karki soit placé en détention provisoire. Je ne vois pas très bien en quoi cela s'articule avec les nécessités de l'enquête, tonne le pénaliste parisien. On pourrait croire que cette histoire est un piège tendu à M. Karki, une instrumentalisation pour nuire à ses enquêtes. Tout sera fait pour savoir si c'est le cas." Dans la foulée, Lef Forster annonce qu'une plainte pour violation du secret de l'instruction va être déposée : "La présomption d'innocence de mon client doit être assurée, tout comme la qualité de l'enquête."
La défense attend désormais que l'affaire soit délocalisée en métropole, un préalable indispensable pour que les enquêteurs puissent faire leur travail sereinement. Hakim Karki devrait faire appel de sa détention dès mardi après-midi. Sa compagne conclut : "Un juge ne doit pas avoir plus de faveurs qu'un autre citoyen, mais il ne doit pas y avoir de traitement de défaveur pour autant."
Par Marc Leplongeon/lepoint.fr
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
La compagne de Hakim Karki, avocate à La Réunion, ne veut pas y croire. "On lui pose les questions qu'il a l'habitude de poser aux criminels. Pour lui, c'est l'humiliation suprême", confie-t-elle. Hakim Karki, juge d'instruction au tribunal de grande instance (TGI) de Mamoudzou, est en détention provisoire depuis lundi.Le magistrat a été mis en examen dans une affaire de viol, après une garde à vue de quarante-huit heures. "Cela fait deux ans que je suis avec lui. Je suis sûre et certaine qu'il n'a pas violé cette femme", assure l'amie de Karki, contactée par Le Point.fr.
Selon l'enquête, le juge, après une soirée, aurait raccompagné la jeune femme à son domicile. Il aurait alors abusé d'elle à plusieurs reprises. Hakim Karki dément formellement et affirme qu'il s'agissait de relations consenties, aussi extrêmes soient-elles : on parle ici de pratiques sadomasochistes. À l'examen médical, des traces de violence ont été repérées sur le corps de la plaignante, tout comme sur celui du juge d'instruction. "M. Karki, sur lequel ont été constatées de multiples traces de violence et notamment de griffure, reconnaît l'existence de relations sexuelles empreintes de violences, selon lui, demandées par la plaignante", explique la procureur adjointe de Saint-Denis, Emmanuelle Barre. Une version "formellement contestée par la victime", ajoute-t-elle.
"Il était moralement épuisé"
Hakim Karki traîne déjà derrière lui une réputation sulfureuse. C'est lui qui a, en 2011, révélé l'affaire Roukia, nom de cette lycéenne morte par overdose. La drogue qui lui a été fatale proviendrait en partie d'un trafic de drogue alimenté par les gendarmes eux-mêmes, pour rémunérer leurs indics. Sur l'île de Mayotte, la nouvelle avait fait grand bruit, entraînant de facto la mutation de plusieurs gendarmes et des relations extrêmement tendues entre les forces de l'ordre et certains magistrats. La hiérarchie de Hakim Karki lui reproche de s'épandre régulièrement dans la presse sur ses exploits, d'entretenir des relations ambiguës avec des avocats et de se présenter tantôt en "chevalier blanc", tantôt en "victime" d'un système qui chercherait à le mettre au pas. Sa notation est épouvantable. Ses supérieurs parlent d'incompétence et réclament depuis de longs mois à Christiane Taubira sa mutation.
"Avant d'être mis en examen, Hakim s'apprêtait à déposer une plainte pour harcèlement moral contre ses supérieurs", assure pour sa part sa compagne. Une information que Le Point.fr est en mesure de confirmer. "Je n'explique pas son infidélité, mais je peux comprendre qu'il ait craqué, ajoute-t-elle. Il était vraiment à bout. Il était moralement épuisé, obligé de se justifier sur tout." Une enquête menée par l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ), dont le rapport est tenu secret par la chancellerie, a eu lieu il y a quelques mois. Alors que le juge a récemment été convoqué à un rendez-vous disciplinaire par le premier président de la cour d'appel de La Réunion pour des propos dénigrant ses supérieurs. Pour ses soutiens, les choses sont claires : on fait tout pour déstabiliser le juge, dont les enquêtes gênent au plus haut niveau.
Une détention provisoire "surprenante" (avocat)
À commencer par les conditions de sa détention. "Totalement surprenantes", juge son avocat Léon Lef Forster. "Trois juges d'instruction l'ont entendu et ont jugé qu'un contrôle judiciaire serait suffisant. Mais le parquet a fait appel et a obtenu du juge des libertés et de la détention que Hakim Karki soit placé en détention provisoire. Je ne vois pas très bien en quoi cela s'articule avec les nécessités de l'enquête, tonne le pénaliste parisien. On pourrait croire que cette histoire est un piège tendu à M. Karki, une instrumentalisation pour nuire à ses enquêtes. Tout sera fait pour savoir si c'est le cas." Dans la foulée, Lef Forster annonce qu'une plainte pour violation du secret de l'instruction va être déposée : "La présomption d'innocence de mon client doit être assurée, tout comme la qualité de l'enquête."
La défense attend désormais que l'affaire soit délocalisée en métropole, un préalable indispensable pour que les enquêteurs puissent faire leur travail sereinement. Hakim Karki devrait faire appel de sa détention dès mardi après-midi. Sa compagne conclut : "Un juge ne doit pas avoir plus de faveurs qu'un autre citoyen, mais il ne doit pas y avoir de traitement de défaveur pour autant."
Par Marc Leplongeon/lepoint.fr
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.