IVe Sommet COI- Elarif Said Hassane : « Je peux parler déjà d’un premier succès »

Pour la première fois depuis la création de la commission de l'Océan indien, les Comores vont accueillir, le 26 juillet, le sommet des ...

Pour la première fois depuis la création de la commission de l'Océan indien, les Comores vont accueillir, le 26 juillet, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la région. Nous avons interrogé le ministre des affaires étrangères, Elarif Said Hassane, qui explique en détail les dispositions prises par le gouvernement comorien pour la réussite de ce sommet.


Karibu Magazine : Les Comores se préparent à accueillir dans quelques jours le 4e sommet de la Commission de l'Océan Indien. A quel niveau se trouvent actuellement les préparatifs?

Elarif Said Hassane : Organiser ce sommet est un grand chantier. Nous nous sommes préparés à accueillir nos hôtes avec une grande sérénité. Depuis janvier, tout est mis en œuvre, toutes les équipes sont engagées pour que nous puissions réussir ce grand rendez-vous.
Et pour ce faire, deux commissions sont à pied d'œuvre : une commission nationale pluridisciplinaire dirigée par l'ancien ministre Abdourahim Said Bacar et dont je suis le président, et une commission technique au sein du ministère des Relations extérieures. Celle-ci est dirigée par M. Hodhoaer, point focal de la COI en même temps secrétaire général du ministère.

K.M : Peut-on savoir certains détails ?

E.S.H : Oui, les préparatifs portent sur plusieurs domaines : l'accueil et l'accompagnement des délégations, l'identification et l'aménagement des lieux d'accueil et d'hébergement, l'identification aussi des lieux des réunions et des travaux du sommet, la préparation de l'accueil de la presse internationale, l'aménagement des routes, enfin la propreté de la ville de Moroni et de certains bâtiments administratifs, notamment le ministère des relations extérieures, Beit-Salam et le Palais du peuple.
Mais les préparatifs du sommet portent également sur la sécurité de tout le monde, surtout de nos hôtes de marque. Dans ce domaine, nos équipes de la gendarmerie et du GSHP font un travail remarquable accompagnées par des forces étrangères, notamment françaises.
Nos équipes travaillent également sur la communication et la sensibilisation de nos compatriotes. Les associations culturelles, les structures religieuses et même les Imams ont été sollicités pour faire passer le message, car au bout de compte on souhaiterait que tout le monde ici aux Comores s'approprie de cet événement. Je vais me rendre personnellement à Anjouan et Mohéli pour porter les invitations aux autorités insulaires. Vous avez remarqué, bien entendu, que des banderoles et des grandes affiches parlent de ce sommet un peu partout. Avec les homologues des autres pays, on travaille ensemble pour qu'on parle du sommet chez eux aussi.
Les préparatifs portent aussi sur la restauration. Tout doit être impeccable. C'est la raison pour laquelle nous travaillons avec des maitres d'hôtels, notamment pour le diner prévu. Pour ce sommet, nous avons mis en place des programmes culturel et artistique importants. Une chanson spéciale a été créée, un hymne de la COI aussi. Plusieurs artistes de la région ont participé à la préparation de cet hymne, et nous avons été représentés par Salim Ali Amir.

K.M : Et pour la valorisation de la culture nationale, qu'est ce qui est prévu ?

E.S.H : Un concert, une exposition où des stands sont prévus pour la valorisation de la culture et de l'artisanat local. Vous savez, l'objectif est de faire en sorte que les Comores soient ouvertes aux pays de la région et au monde entier. La COI doit être présente aux Comores. C'est dans cet esprit que nous prévoyons la création d'un parc et d'une avenue de la COI. Le gouverneur de Ngazidja va mettre à la disposition du gouvernement un terrain qui va être aménagé et baptisé Parc de la COI. L'une des routes de la capitale va désormais devenir Avenue de la COI. Voilà tout le travail de la commission nationale accompagnée par deux partenaires aux quels je voudrais adresser les sincères remerciements du gouvernement comorien : la France dans le cadre du protocole et de la sécurité, et les Seychelles en ce qui concerne la formation des accompagnateurs pour l'anglais et le protocole.

K.M : Passons donc au travail de la commission technique…

E.S.H : Elle prépare les travaux du sommet. C'est-à-dire le format des délégations, les thèmes de discussion, les sujets et projets de négociation, le déroulement du programme, les déclarations finales, les communiqués et enfin la conférence de presse à la fin du sommet. C'est un travail immense de réflexion et de conception qui se réalise avec la collaboration de nos amis malgaches et du secrétariat général de la COI. Je remercie par ailleurs l'Université des Comores qui a bien voulu nous apporter son expertise dans ce travail. Et bien au regard de tout ce que je viens de vous dire, je peux affirmer que nous sommes prêts à accueillir ce sommet avec une grande sérénité.

K.M : Tous les chefs d'Etat et de gouvernement de la région, y compris le président français, vont être présents. Que comptez-vous faire pour que ce rendez-vous se transforme en véritable succès diplomatique ?

E.S.H : Pour nous, le succès diplomatique c'est quoi ? C'est lorsque tout le monde, notamment nos hôtes seront satisfaits. C'est aussi lorsqu'une déclaration finale sera faite sur le consensus des travaux, car on sait qu'il n'y aura pas de décision prise dans la mesure où ce n'est pas un Conseil de ministres.
Cependant, je peux parler déjà d'un premier succès. Le soutien indéfectible que le ministère a obtenu du président de la république et du gouvernement, c'est très important. Tous les collègues du ministère sont mobilisés, ainsi que les anciens diplomates. J'ai confiance à nos équipes qui constituent les deux commissions : des hommes et des femmes compétents, motivés et engagés. Nous comptons aussi sur notre presse nationale qui va tout faire pour médiatiser cet événement historique pour notre pays. Quant au peuple comorien, nous comptons sur son hospitalité légendaire. Voilà des atouts qui aideront, j'en suis convaincu, à la réussite de ce sommet.

K.M : Au cours de ce sommet des questions importantes sur l'avenir de la région vont être examinées. Quelles seront les priorités du gouvernement comorien en tant que pays hôte ?

E.S.H : Evidemment des questions importantes vont être abordées : le développement et le bien être de nos populations, la sécurité et la vulnérabilité de nos états, le changement climatique, et enfin l'avenir politique de la COI. Ce dernier point va porter sur l'ouverture ou l'approfondissement sur les pays membres et le changement de l'appellation. Vous voyez que tout cela est important. Mais suite aux événements récents survenus dans notre pays liés au changement climatique, je pense que la question de la vulnérabilité et la sécurité par rapports aux catastrophes naturelles devient pertinente.

K.M : L'arrivée d'un président français aux Comores est naturellement considérée comme un évènement historique par le peuple comorien, qu'est ce qui est prévu pour cet invité très particulier.

E.S.H : Ce n'est pas la première fois que notre pays reçoit des présidents de grande envergure. Didier Ratsiraka, Le Général De Gaule, François Mitterrand, l'Emir du Qatar, le président Ahmadi Nedjad. Tous sont venus aux Comores. Mais aujourd'hui c'est un peu différent, car il s'agit d'un sommet. C'est un événement historique qui constitue un grand honneur pour nous. Et l'arrivée de François Hollande, président d'un pays ami, premier partenaire économique des Comores et de surcroit une puissance mondiale, c'est une aubaine. Je remercie ainsi l'ambassadeur Philipe Lacoste qui a déployé tous les efforts nécessaires pour que cette arrivée soit effective.
Nous lui réservons tout naturellement un accueil très chaleureux. Cette visite va nous permettre de renforcer notre coopération avec la France. Le président Ikililou Dhoinine ne va pas manquer de solidifier ses relations avec son homologue français, notamment avec la déclaration d'amitié signé en juin 2013. Et puis c'est une occasion pour que la France témoigne encore une fois son engagement dans le rapprochement de nos deux pays.

K.M : Est-ce que le gouvernement comorien aura justement un message spécifique à lui faire passer ?
Je ne pense pas qu'il y aura un message particulier adressé au président français. Seulement, nous aurons une joie immense avec cet honneur. La déclaration finale sera le message de notre pays. Ainsi, à tous les chefs d'Etat et de gouvernement présents à ce sommet, nous adresserons un message de reconnaissance et de gratitude, car leur arrivée aux Comores nous apporte une ouverture à la fois politique et économique.

K.M : Quel bilan peut-on aujourd'hui faire sur l'action de la COI en Union des Comores?

D'abord, il faut que je rappelle que nous ne sommes pas membre fondateur de la COI, mais adhérent. L'organisation à trente ans aujourd'hui et ce sont Madagascar, Maurice qui ont été les pays fondateurs. Nous sommes venus après, mais notre engagement est constant. Il faut comprendre aussi que l'organisation n'a pas encore une autonomie financière. Elle a des bailleurs de fonds qui l'appuient dans ses actions : l'Union européenne, la Chine, le COMESA… Ainsi les réalisations de la COI sont en grande partie politique, notamment en matière d'intégration. Nos pays se soutiennent entre eux en cas de problème. Quand nous étions confrontés au séparatisme, nous avions beaucoup compté sur les pays voisins. Nous avons ensemble des projets économiques, même si ils passent par l'Union européenne. Dans la lutte contre la piraterie en mer aussi. Un projet sur les catastrophes naturelles est en cours avec comme partenaire les Nations unies. Nous envisageons signer des accords de non double imposition avec l'île Maurice et d'aviation civile avec les Seychelles. Il faut souligner aussi que notre participation aux dernières élections à Madagascar a renforcé notre rôle au sein de la COI. Nous avions envoyé une délégation qui a bien porté la voix des Comores conduite par l'ancien président Azali Assoumani. Notre présidence aussi a été l'une des plus actives. L'organisation de ce sommet démontre que notre pays est jugé capable d'accueillir des évènements aussi importants. Parmi les actions de la COI, on peut aussi citer les jeux des îles qui sont un réel succès.
K.M : Enfin qu'attend le gouvernement de la population comorienne pour la réussite de sommet ?


J'attends à ce qu'elle s'approprie de l'évènement comme sienne. J'attends aussi son soutien dans l'accueil des invités. Nous sommes à même d'aller au-delà de ce qui nous divise et se concentrer sur ce qui nous unit, à savoir la coopération et l'entraide mutuelle. Les Comoriens savent recevoir et comme je l'ai déjà dit, je compte sur leur hospitalité légendaire. Nous comptons aussi sur l'appui de la diaspora pour user de toute son influence pour que ce sommet se soit une réussite diplomatique.

Propos recueillis par Ali Mmadi (Karibu magazine, Ed de juillet, août et septembre 2014) . 
Par Ali Mmadi

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