Sortir d’un coma idéologique, politique et oppositionnel ayant trop duré Dans une interview qu’il nous avait accordée le vendredi 1erno...
Sortir d’un coma idéologique, politique et oppositionnel ayant trop duré
Dans une interview qu’il nous avait accordée le vendredi 1ernovembre 2013, Houmed Msaïdié, qui était alors en plein conflit avec les putschistes Azali Assoumani et Hamidou Karihila pour le contrôle de la CRC, reconnaissait: «Il n’y a pas de véritable opposition aux Comores, aujourd’hui. Et c’est un aveu de faiblesse, mais il faut le prendre tel il est.
En effet, pour la première fois dans l’Histoire des Comores, nous avons un chef d’État qui est originaire de Mohéli. Même si aucune décision n’a été prise sur l’attitude à adopter à l’égard du Président de la République, nous avons privilégié une démarche originale, dont la finalité était la rupture entre le Président Ikililou Dhoinine et Ahmed Sambi, que nous jugions nécessaire à la bonne marche des Comores, dans l’unité et dans l’harmonie. Nous ne sommes pas encore entièrement satisfaits. […]. En même temps, rien de tout ça ne doit nous empêcher de reconnaître que l’opposition comorienne est dans une faiblesse psychologique et tactique. La faiblesse psychologique s’explique par le fait que nous ne pouvons nous empêcher de prendre en compte le fait que le Président Ikililou Dhoinine est originaire de Mohéli et que c’est la première fois qu’un natif de l’île de Mohéli accède à la magistrature suprême des Comores.
Pour ce qui est de la faiblesse tactique, elle réside dans notre volonté de voir Ikililou Dhoinine et Ahmed Sambi rompre leurs relations». Au-delà de la «faiblesse psychologique et tactique» de «l’opposition» aux Comores, force est de constater que celle-ci n’existe plus. Parfois, on va voir le Président de la République pour s’inquiéter sur les risques de non-organisation des élections législatives de novembre 2014, mais d’opposition point. Qu’elle soit parlementaire ou extraparlementaire. La seule opposition existant aujourd’hui est à Djoiezi, ville natale du Président Ikililou Dhoinine, dont la population est excédée par les dérives narcissiques et ubuesques du chef de l’État et de sa bande de voleurs et de mouchards, qui ont fini par lasser tout le monde.
Pour autant, mardi 10 juin 2014, les responsables du Rassemblement pour une Alternative de Développement harmonisé et intégré (RADHI) étaient en conférence de presse à l’Hôtel Retaj, et les positions prises sont celles d’un parti d’opposition. Enfin! Mais, pour Houmed Msaïdié, secrétaire général du RADHI, il ne s’agit pas d’être dans l’opposition uniquement pour être dans l’opposition: «Ce n’est pas une posture d’être dans l’opposition.
C’est tout simplement que nous ne sommes pas d’accord avec la manière, dont le pays est gouverné. Nous faisons nos propositions pour changer cela». Faire des propositions à qui? À un Ikililou Dhoinine qui se fout de tout, tant qu’il n’a pas d’argent à tirer de quelque chose, un chef d’État qui est coupé des réalités du pays et du monde, plus préoccupé par ses enfantillages de tract que par le sort des Comoriens, un homme influencé par ce qu’il y a de pire aux Comores? Nous sommes très impatients de connaître l’influence des «propositions» du RADHI sur le narcissique de Beït-Salam.
Il y a même une sorte de fatalisme dans l’aveu de Houmed Msaïdié, pour qui, «le gouvernement reconnaît ce qui ne va pas mais les décisions qui devraient être prises pour apporter des solutions ne sont jamais prises et le pays continue à sombrer». Nous pourrons attendre encore pendant des siècles que nous ne verrons pas le gouvernement actuel poser des actes destinés à faire sortir le pays des problèmes dans lesquels il se trouve actuellement. Pour la première fois dans l’Histoire des Comores, le pays est sans chef, puisque le Président de la République est plus préoccupé par la nomination de Mahmoud Aboud, le Dieu-Ambassadeur en ylang-ylang, dans une nouvelle capitale asiatique pour lui vendre ses produits que du développement du pays.
Aujourd’hui, Houmed Msaïdié assume son rôle d’opposant et fustige le laxisme des autorités comoriennes, l’inexistence d’une politique de lutte contre le chômage des jeunes, dans un pays essentiellement peuplé de jeunes, l’échec de la politique qui devait normalement servir à la lutte contre la pauvreté, la fermeture des entreprises publiques, connues pour leur gestion bananière et le licenciement des personnels. En un mot, Houmed Msaïdié considère que le régime politique d’Ikililou Dhoinine est dans une situation d’échec total, dans un état de faillite dans tous les domaines: un gouvernement corrompu qui ne fait rien pour lutter contre la corruption mais l’encourage, un régime politique incapable d’étancher la soif des Comoriens et d’offrir de la lumière à une population obligée de vivre dans les ténèbres.
Mais, Houmed Msaïdié va rapidement se rendre compte de la difficulté d’être opposant dans un régime politique sans chef d’État. Ce dernier reconnaît que ses choix sont foncièrement mauvais, mais il s’en fout. Il a d’ailleurs trouvé un nouveau credo, celui d’Ahmed Sambi et qui consiste à se décharger sur un entourage qu’il a lui-même nommé: «Abdullah Saïd Hassan et Hachim Saïd Avilaza, tous deux de Djoiezi comme moi, ne m’aident en rien, ne m’apportent aucune assistance politique. Ils arrivent ici à l’heure du travail, partent à la fin de la journée et vont jouer avec leurs enfants. Ils ne s’occupent de rien qui s’apparente à la politique». Il pourrait ajouter sa ministre la plus emblématique, Sitti Kassim, plus préoccupée à nommer les membres de sa famille dans des emplois où ils n’ont aucune qualification et compétence qu’à aider le pays à régler ses problèmes. Elle n’a créé des emplois que pour les membres de sa famille.
La Première Dame la voulait chef de la diplomatie, et, dans un moment de lucidité, Ikililou Dhoinine avait lancé: «Je ne veux pas d’un gouvernement de fesses», mais l’a nommée ailleurs, chargeant cette nullité de diriger la communication du gouvernement. Certains des problèmes cités par Houmed Msaïdié sont de sa compétence, mais il s’agit de la compétence d’une ministre incompétente et arrogante, qui doit sa nomination ministérielle exclusivement à sa vieille amitié avec la Première Dame, sa partenaire en lucratives affaires aujourd’hui, pendant que le pays sombre dans le néant. La liste des membres de sa famille nommés par elle à des emplois publics devrait atterrir sur le bureau de Houmed Msaïdié pour qu’il comprenne le caractère titanesque de la tâche d’une opposition face à des dirigeants inconscients et irresponsables.
Pour sa part, le putschiste Azali Assoumani a été vu sous la botte d’Ikililou Dhoinine, dans la posture qu’il affectionne le plus, celui de l’inauguration des chrysanthèmes, cette fois à Mdé, où était question de pose de première pierre d’un centre islamique. Espérons que celui-ci ne servira pas à enseigner aux jeunes Comoriens la haine de l’autre.
Par ARM
© lemohelien – Jeudi 12 juin 2014.