CARNET DE JUSTICE DU JDM . Cette relation était inacceptable pour lui. Voir sa fille de 14 ans fréquenter un jeune homme de 16 ans, voilà...
CARNET DE JUSTICE DU JDM. Cette relation était inacceptable pour lui. Voir sa fille de 14 ans fréquenter un jeune homme de 16 ans, voilà quelque chose que ce père de famille n’était pas prêt à admettre. Plusieurs fois, il avait tenté d’entrer en contact avec la famille du garçon, peut-être pour officialiser ce lien, mais personne n’avait jamais fait le déplacement. Et le voici à la barre du tribunal, ce mercredi 30 avril, pour expliquer son geste. Il est poursuivi pour menaces et séquestration.
Ce soir-là, la jeune fille rentre de l’école coranique accompagnée de son copain. C’est alors que le père surgit pour mettre un terme à cette histoire. Il attrape le garçon par le col et le contraint à le suivre chez lui. En chemin, ils croisent un autre homme qui, loin de porter assistance à l’adolescent, lui affirme qu’il serait déjà mort si cette relation avait impliqué sa propre fille.
Une fois dans la cour de l’habitation, le père sort alors un couteau, une corde et attache le jeune homme à un arbre, par les mains.
« C’était une correction, explique l’homme à la barre. Je ne voulais pas qu’il parte comme ça. Je ne voulais pas que ça se répète. »
Il aurait ensuite menacé de lui couper les doigts avec le couteau ou de faire en sorte « qu’il soit moins beau, comme ça, sa fille l’aimerait moins. » Et à sa fille, justement, qui assiste à la scène, il lui demande d’aller se coucher pour ne pas qu’elle voit le sang couler. L’adolescente obtempère, son père s’est déjà montré violent. Cette fois finalement, il ne mettra pas ces menaces à exécution.
« Est-ce que c’est normal de faire ça ? » demande le juge Soubeyran. « Je ne sais pas », répond simplement l’homme. « Est-ce que la loi vous autorise à faire ça ? » poursuit le juge. « Je ne sais pas », obtiendra-t-il comme seule réponse.
Il explique alors qu’il les a déjà surpris plusieurs fois ensemble. « Moi, je lui dis qu’il faut qu’elle continue ses études. » On comprend alors, qu’une adolescente qui fréquente un garçon doit, dans l’idée du père, se marier et abandonner toute vie sociale.
Le jeune homme attaché à 22h parvient à se libérer vers minuit de ses liens. Il va porter plainte à la gendarmerie.
Le réquisitoire est accablant, la procureure s’emporte : « On pointe du doigt le fossé qui existe entre ce que je refuse d’appeler la tradition et la loi française. Et la loi française doit résister à ces façons de faire. La culture et la tradition, ce sont les fêtes, les jours fériés, les célébrations, les mariages cadiaux… Mais ce n’est pas un père qui va chercher le garçon qui fréquente sa fille pour l’attacher à un arbre et le menacer avec un couteau.
Je ne peux pas considérer comme de la culture et de la tradition de donner une gifle et des coups à sa fille parce qu’elle refuse d’apporter à manger à son père. Je ne peux pas considérer comme de la tradition, la société où une jeune fille de 17 ans doit se marier parce qu’elle a une relation avec un jeune homme. C’est le 21e siècle aussi à Mayotte et il faut que la société se vingt-et-unièmise ! »
La seule réponse du père sera d’expliquer que sa « fille n’est plus vierge ». Il est condamné à quatre mois de prison avec sursis.
RR - Le Journal de Mayotte
Ce soir-là, la jeune fille rentre de l’école coranique accompagnée de son copain. C’est alors que le père surgit pour mettre un terme à cette histoire. Il attrape le garçon par le col et le contraint à le suivre chez lui. En chemin, ils croisent un autre homme qui, loin de porter assistance à l’adolescent, lui affirme qu’il serait déjà mort si cette relation avait impliqué sa propre fille.
Une fois dans la cour de l’habitation, le père sort alors un couteau, une corde et attache le jeune homme à un arbre, par les mains.
« C’était une correction, explique l’homme à la barre. Je ne voulais pas qu’il parte comme ça. Je ne voulais pas que ça se répète. »
Il aurait ensuite menacé de lui couper les doigts avec le couteau ou de faire en sorte « qu’il soit moins beau, comme ça, sa fille l’aimerait moins. » Et à sa fille, justement, qui assiste à la scène, il lui demande d’aller se coucher pour ne pas qu’elle voit le sang couler. L’adolescente obtempère, son père s’est déjà montré violent. Cette fois finalement, il ne mettra pas ces menaces à exécution.
« Est-ce que c’est normal de faire ça ? » demande le juge Soubeyran. « Je ne sais pas », répond simplement l’homme. « Est-ce que la loi vous autorise à faire ça ? » poursuit le juge. « Je ne sais pas », obtiendra-t-il comme seule réponse.
Il explique alors qu’il les a déjà surpris plusieurs fois ensemble. « Moi, je lui dis qu’il faut qu’elle continue ses études. » On comprend alors, qu’une adolescente qui fréquente un garçon doit, dans l’idée du père, se marier et abandonner toute vie sociale.
Le jeune homme attaché à 22h parvient à se libérer vers minuit de ses liens. Il va porter plainte à la gendarmerie.
Le réquisitoire est accablant, la procureure s’emporte : « On pointe du doigt le fossé qui existe entre ce que je refuse d’appeler la tradition et la loi française. Et la loi française doit résister à ces façons de faire. La culture et la tradition, ce sont les fêtes, les jours fériés, les célébrations, les mariages cadiaux… Mais ce n’est pas un père qui va chercher le garçon qui fréquente sa fille pour l’attacher à un arbre et le menacer avec un couteau.
Je ne peux pas considérer comme de la culture et de la tradition de donner une gifle et des coups à sa fille parce qu’elle refuse d’apporter à manger à son père. Je ne peux pas considérer comme de la tradition, la société où une jeune fille de 17 ans doit se marier parce qu’elle a une relation avec un jeune homme. C’est le 21e siècle aussi à Mayotte et il faut que la société se vingt-et-unièmise ! »
La seule réponse du père sera d’expliquer que sa « fille n’est plus vierge ». Il est condamné à quatre mois de prison avec sursis.
RR - Le Journal de Mayotte