Mes 4 Questions à Fahmi SAID IBHRAHIM. Irchad Abdallah : M. le ministre bonsoir. FSI: Bonsoir Irchad. 1_Irchad Abdallah : J'ai su...
Mes 4 Questions à Fahmi SAID IBHRAHIM.
FSI: Bonsoir Irchad.
1_Irchad Abdallah : J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt la création du
J-Pec (jeunesse du PEC). Une idée ingénieuse et novatrice aux Comores. Je dis
bien aux Comores car chez nous la jeunesse a toujours été sacrifiée au profit
de l’ainé, des Wadjombas ou même des notables. Je vous en félicite!
Mais concrètement de quoi s'agit-il? Une antichambre pour
canaliser une jeunesse en mal de militantisme et de leadership ou une réelle
démocratie participative avec un mouvement de jeunes qui aura son mot à dire au
sein du parti?
1_FSI: Le constat est très simple, 65% de la population comorienne a moins de 30 ans! Il faut impliquer cette jeunesse dans le destin du pays. Les Comores leur appartiennent en premier car c’est elle qui a l’avenir devant elle. Pour nous, la 50aine passée, nous sommes presque finis. C’est essentiellement pour elle que je m’engage! Il appartient à cette jeunesse de participer pour définir le destin de notre pays. Voilà pourquoi j’ai décidé de créer la JPEC pour que la jeunesse puisse prendre part aux choix, à nos décisions, partager notre vision et surtout influer au sein du parti pour que ensembles nous donnions une chance à notre pays.
Je vais vous faire 2 confidences mon cher Irchad.
Premièrement, je vous annonce que lors des prochaines élections communales, c’est la JPEC qui va conduire nos listes. Elles seront constituées de 95% de jeunes. Ensuite ce sera la parité intégrale et je m’en tiendrai s’il plait à Dieu.
2_Irchad Abdallah : Dans son édition du 07 mars dernier, le journal Le
Monde nous livrait une déclaration de M. Laurent Fabius, chef de la diplomatie
française, pour le moins ambiguë.
Il citait « En Droit international, on ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières. Imaginez un département de France qui demande son indépendance ! Et si cela se généralisait à d'autres Etats ... » et il renchérissait par..« Tout dépend de la question qui va être posée. S'il s'agit d'aller vers davantage de décentralisation, d'accord. Mais si, en revanche, c'est une manière de changer les frontières, cela pose problème ».
Tollé général dans la société civile comorienne ainsi que toute la blogosphère! Deux poids deux mesures entendait-on!?
Coup de théâtre, lors d’une conférence de presse, face à John Kerry, secrétaire d’état américain, le chef de la diplomatie russe M. Serguei Lavrov lâche un pavé dans la mare en déclarant, je cite : «La Crimée est pour la Russie beaucoup plus que les Comores pour la France»
Quelle est votre réaction par rapport à tout cela, surtout à la transposition que tous les comoriens n'ont pas manqué de souligner par rapport à ces évènements majeurs? Le rattachement de la Crimée à la Russie suite au référendum et ces déclarations assez explicites émanant de ces deux personnalités importantes. Comment expliquez-vous le mutisme de toute la classe politique comorienne?
2_FSI: Ecoutez, je ne voudrais pas porter un jugement sur la classe politique comorienne, mais il est vrai que c’est assez étonnant. Quant au gouvernement comorien j’ai été quelque peu choqué par son
silence. Je pense que c’était une chance extraordinaire pour les Comores de s’appuyer sur les contradictions de la diplomatie française et de la lecture qu’elle fait du droit international.
D’abord, je voudrais opposer ce qu’a dit Fabius à propos des Comores et ce qu’a dit Lavrov au sujet de la Crimée et surtout un ancien premier ministre français en la personne de Michel Rocard. Ce dernier a soutenu depuis une dizaine d’années qu’aux yeux du droit international, l’occupation de Mayotte est illégale !
Ceci étant, je pense que notre gouvernement a failli sur toute la ligne. Il aurait dû s’engouffrer dans cette brèche pour tenter de se faire comprendre au niveau international. Moi, j’ai eu l’occasion de le dire sur les plateaux d’AFRICA-24 lors du dernier sommet UE-Afrique qui s’est tenu dernièrement à Bruxelles. Je n’ai pas manqué de dénoncer les positions française et de l’Europe. Cette hypocrisie inacceptable ! Je pense que l’Europe ne peut plus donner des leçons à la Russie.
Aux yeux du droit, la Russie viole la règle, la norme internationale comme la France l’a violée depuis 1976 jusqu’à nos jours. Savez-vous que le référendum de 1976 était postérieur à l’admission des Comores « 4 ILES » à l’ONU comme Etat, comme une nation, comme un pays. Donc l’argument de L. Fabius ne tient pas puisqu’aujourd’hui les Comores sont reconnus en tant que tels et c’est la raison pour laquelle tant de résolutions des nations unis condamnent la France. Pour moi, la Russie viole le droit international au même titre que la France s’agissant du cas de l’ile comorienne de Mayotte. Pour ce qui est du silence des dirigeants comoriens, je me demande vraiment si c’est l’invitation du 14 juillet ou la dernière réunion du COI visant à intégrer Mayotte dans cette commission. Mais si tel était le cas, si Mayotte venait à être intégrée comme entité à la COI, les COMORES devraient immédiatement la quitter!
3_Irchad Abdallah : Lorsque vous étiez ministre en charge des relations extérieures sous la mandature de l’ex-président Sambi, vous avez été celui qui a signé les fameux accords de défenses nous liant à la France. Accords signés avec Hervé Morin ancien ministre de la défense sous Sarkozy, alors que nous le savons tous qu'en parallèle et en coulisse se tramait le processus ayant conduit dans un premier temps à la départementalisation de Mayotte puis aujourd'hui à sa rupéisation.
Ne vous sentez-vous pas responsable de l’échec de nos relations bilatérales avec l’ancienne puissance coloniale, au même titre que toute la classe politique comorienne depuis l’indépendance? Et quelle est la place des maorais dans votre approche ?
3_FSI: Alors, je voudrais d’abord apporter une légère précision, mon cher Irchad, les dits accords de défenses concernaient les deux ministères de défense concernés. Le département comorien et son homologue français. Ces fameux accords ont été négociés, rédigés, préparés par le ministre de la défense de l’époque, mon ami et collègue Mohamed Bacar Dossar ainsi que l’ancien chef d’état major qui était en exercice à savoir le général Salimou.
Quand je suis devenu ministre, j’ai été mandaté en conseil des ministres pour aller signer ces accords. Je ne suis nullement concerné et ces accords ne concernaient nullement mon ministère, comme les accords monétaires ne concernent pas le ministère de l’éducation nationale.
Les accords monétaires sont en charge du ministre des finances, j’imagine que vous le savez bien ! J’ai été uniquement mandaté pour des raisons de commodité pour aller signer. Maintenant ce qu’il faut savoir, les accords dont il est question aujourd’hui sont meilleurs que ceux datant de 1978. Ceux de 78 étaient extrêmement dangereux parce qu’en son sein, il était inséré des clauses secrètes qui autorisaient certaines pratiques. Je vous donne un exemple, ils ont permis que l’ancien président Dhojar soit enlevé puis « déporté » sur l’ile de La Réunion. Voyez-vous ? Bien que ce n’était pas l’initiateur de ces accords, je reste solidaire au gouvernement pour lequel j’étais membre.
Nous nous devons un devoir de vérité cher Irchad. Il faut savoir que les Comores et la France sont liés. Nous sommes liés par plusieurs accords. Les accords de défenses mais également par les accords monétaires. Il faudra qu’on se le dise et qu’on arrête de tricher avec les comoriens.
Voulons-nous avoir des relations avec la France ? Oui ou Non !
Si oui, nous devons accepter de coopérer avec elle. Mais en acceptant de le faire ça ne doit pas nous enlever l’obligation de défendre nos intérêts comme la France sait si bien le faire pour ce qui est de
la défense des siens. Ou alors, il y’a l’autre option. Nous ne voulons pas de la France, mais dans ce cas là, qu’on rompt nos relations avec elle, qu’on quitte la zone franc et qu’on trouve les moyens ailleurs ! Avons-nous les moyens d’assumer décision ? Je reste pragmatique car ceci ne doit pas
relever de l’improvisation.
4_Irchad Abdallah : Lors de la dernière tournée française de l'ex-président Sambi pour le lancement
de son parti le Juwa, vous avez été aperçu sur l’estrade aux cotés des barons de ce partis et je vous avoue que nous sommes nombreux à nous être posé la question si le PEC s'était dissous et absorbé par celui-ci au même titre que les autres partis communément appelé sambistes comme le PCP de Sounhadj, le PRD de Ahmed Djaffar ou même celui de Sidi ? Et si Sambi se déclarait candidat pour 2016, le serez-vous aussi ou pas?
4_FSI : Vous savez M. Irchad, je suis un homme loyal. Je ne serai jamais ingrat. Il y’a eu un rapprochement politique avec l’ancien président Sambi mais nos rapports sont et reste politiques. J’ai servi et ai été très heureux de servir le président Sambi. C’est une très belle expérience de travailler à ses côtés. Sambi est un homme d’Etat, un homme pour qui je voue un profond respect. Maintenant, j’ai crée un parti politique depuis 5 ans, nous avons donné une vision des Comores d’aujourd’hui et de demain. Nous avons fait le livre blanc, et je suis sûr qu’en tant qu’observateur avisé vous ne l’ignorez pas, nous l’avons publié, et j’estime que nous avons une petite avance par rapport au nouveau parti Juwa.
Maintenant, rien n’est exclu, tout est possible. En politique, toutes les options sont autorisées. Une alliance, une fusion, tout est possible ! Ma position n’est pas encore arrêtée. Donnons du temps eu temps, laissons l’avenir nous guider.
Irchad Abdallah : Mais en 2016, servez vous candidat ou pas ?
FSI : Je ne sais pas ! D’abord .. euh .. pour le moment, je ne suis candidat à rien. Je suis candidat aux idées. Je me porte candidat pour contribuer à la réflexion et aux idées. Vous savez on n’est pas obligé d’être au pouvoir ou au gouvernement pour apporter dans le débat d’idées dans le but de faire améliorer les choses.
MOI : Merci M. le Ministre.
FSI : C’est moi qui vous remercie
Par
Irchad Abdallah