«Même le Président Barack Obama ne pourrait pas diriger les Comores». Même quand il est sincère, on dit qu’il est fourbe et machiavéliq...
«Même le Président Barack Obama ne pourrait pas diriger les Comores».
Même quand il est sincère, on dit qu’il est fourbe et machiavélique. Même quand il dit la vérité, on dit qu’il ment. Même quand il a visiblement raison, on dit qu’il a tort. Depuis longtemps, Hamada Madi Boléro, puisqu’il s’agit de lui, ne se fait plus d’illusions sur la nature humaine. Il sait que certains aiment le détester, et il ne les aime que quand ils le détestent. Du masochisme? Que nenni… Depuis longtemps, il sait qu’il ne laisse indifférent personne, et qu’il est sans doute le politicien comorien dont on aime le plus parler, et pas toujours en bien.
Il sait qu’on aime l’examiner le plus souvent sous l’angle le plus négatif, celui de la complotite et du complot permanent. On ne veut le voir qu’en compagnie de mercenaires et de barbouzes. Qu’il dise que le 19 avril 2013, il était sur ses terres d’Ukraine, il se trouvera toujours des esprits chagrins et malins pour dire qu’au contraire, il était en villégiature au Mans, en France. Il y a longtemps qu’il s’est fait une raison, depuis le jour où il est intimement convaincu que ses ennemis n’existent sur la scène politique que pour tenter de lui écraser la tête. Mettre une seule qualité à son actif équivaut au plus horrible des crimes, abominations et horreurs.
Amoureux de formules charnelles, il répète à l’envi: «Le problème des Comoriens, c’est qu’ils croient que leur pays est tellement important qu’il est le centre du monde, le point focal des préoccupations des chefs d’État les puissants du monde, France et États-Unis en tête». Mais, cette fois, il a fait la plus belle des trouvailles politiques et médiatiques, une belle invention qui se résume par la phrase fort piquante: «Même Barack Obama, Président de la première puissance mondiale, ne pourrait diriger les Comores». Tous ceux à qui il a balancé cette petite phrase n’ont qu’un mot à la bouche: «Il dit ça pour essayer d’éviter les critiques et pour préparer les esprits à un bilan négatif du régime politique actuel, un bilan négatif qui serait excusable et justifié, se donnant les moyens de protester de sa bonne foi face à un État dont la complexité défie l’intelligence humaine, même celle du Président de la première puissance mondiale».
En tout état de cause, la petite phrase fétiche est belle et séduisante. Elle constitue une grande invention politique et médiatique. Cependant, elle n’est qu’une fausse échappatoire, qui n’aide pas les Comores à régler les nombreux et immenses problèmes auxquels elles sont confrontées. En tout état de cause, comme on avait trouvé des origines anjouanaises directes à Lionel Richie et des origines grande-comoriennes directes à Salim Ahmed Salim, on finira pas créer des origines mohéliennes directes à Barack Hussein Obama. Mais, cela n’aidera pas notre pays à améliorer sa gouvernance.
En décrétant que les Comores sont ingouvernables, Hamada Madi Boléro se lance dans une tentative désespérée de dédouanement des autorités comoriennes, dont il fait partie, face à l’échec. Mais, les Comores ne pourront se contenter de l’incapacité de Barack Obama à les diriger pour dire qu’il faut pardonner les mauvaises manières et les comportements criminels des autorités comoriennes, des dirigeants ayant fondé leur carrière politique sur l’insouciance, l’irresponsabilité, la corruption, le manque de volonté politique et la désinvolture. Pour sauver les Comores, les moyens existent mais, la culture de la corruption, de la connivence et du laxisme prédominent et les rendent inopérants, inefficients et inefficaces.
Les Comores n’ont pas besoin de placer Barack Obama à leur tête pour reconnaître le danger du maintien de Soilihi Mahmoud au poste de Procureur général, d’Abiamri Mahmoud à la tête de Comores Télécom, d’autres voyous à des postes leur permettant de piller l’État et de déclarer publiquement leur volonté de voir Mayotte être placée sous l’autorité de l’État comorien, alors qu’en réalité, ils bénissent son statut de Département français, car ils peuvent aller cacher une partie de l’argent volé au peuple comorien à Pamandzi et Dzaoudzi. De toute manière, il faudra aller aux États-Unis chercher Barack Obama, le sommer d’être candidat à l’élection présidentielle comorienne de 2016, pour qu’il honore le vrai pays d’«origine» de son père, qu’on fera naître dans le village de Hatsimédou, à Mohéli, et non au Kenya. Quand on vit aux Comores, ne peut-on pas toujours prendre quelques libertés avec la vérité? Ayant rencontré de manière fortuite et en public notre vantard national Ahmed Sambi à Soweto le 10 décembre 2013, au grand bonheur de notre épine empoisonnée nationale, et ayant sans doute déclaré que cette rencontre bénie de Dieu est l’événement le plus beau et le plus émouvant de sa vie, Barack Obama se présentera aux élections présidentielles comoriennes de 2016 et sera élu en tant que Comorien sans origines insulaires – car il faut tenir compte de la susceptibilité des autres îles –, mais refusera la poursuite du trabendo de passeports.
Au-delà de la polémique, il faudra insister sur le fait que les Comores ne sont pas en dehors et au-dessus de l’intelligence humaine, mais enfouies sous les comportements criminels des dirigeants du pays. Hamada Madi Boléro, connu pour être le plus persuasif des dirigeants de notre pays, pourra toujours fasciner ses interlocuteurs par sa grande capacité à convaincre les plus sceptiques, mais n’arrivera pas à expliquer en quoi les Comores sont un pays ingouvernable. Tous les pays du monde essaient de sortir du cercle vicieux du sous-développement sauf les Comores, un pays dont les dirigeants n’ont pas encore provoqué la réunion qui va leur permettre de lancer le défi du développement, par un comportement responsable et citoyen.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 16 décembre 2013.