Les dangers et véritables enjeux de l'héritage maudit du sambisme. Une querelle de chiffonniers détournant les Comoriens de leurs pr...
Une querelle de chiffonniers détournant les Comoriens de leurs problèmes .
Les Comoriens viennent de trouver un nouveau sujet de discussion, mais à la réflexion, celui-ci n'est à la hauteur des enjeux sociaux, politiques et économiques du moment car il y a le feu au lac, et on les amuse avec des querelles entre anciens alliés du sambisme qui se crêpent le chignon comme des chiffonniers. Dans cette affaire, il faut faire la part des choses. En effet, quand il s'agit d'évaluer froidement l'interdiction du meeting d'Ahmed Sambi à Bambao Mtsanga, dimanche 18 août 2013, personne ne pourra dire qu'il s'agit d'une mesure intelligente ou démocratique.
Cette mesure est juridiquement arbitraire et politiquement stupide. Maintenant, Ahmed Sambi est devenu le martyr parfait, et connaissant l'homme, il va faire dans la victimisation et dans le «victimisme» pendant des siècles et en faire des tartines. Par contre, pour ce qui est des péroraisons qu'il a faites à son domicile le même dimanche 18 août 2013, on peut ergoter et disserter là-dessus tant qu'on se refuse à voir la réalité en face, notamment en diligentant une enquête indépendante pour tirer au clair la véracité des chiffres qu'il a lancés à la volée et que contestent les collaborateurs d'Ikililou Dhoinine.
Ahmed Sambi Président donne l'impression et la certitude qu'il juge comme hautement positif le référendum qui lui a permis de procéder à des tripatouillages de la Constitution pour convenances personnelles, alors que la Loi est générale et impersonnelle. Lui et ses hommes font une fixation sur Hamada Madi Boléro, alors opposé à toutes les manuvres destinées à empêcher l'organisation de l'élection primaire à Mohéli en mai 2010, alors que Hamada Madi Boléro n'était qu'un Mohélien parmi tant d'autres, un Comorien parmi tant d'autres réclamant la stricte application de la Constitution.
Dans cette affaire, personne ne peut s'attribuer un mérite personnel car le pays entier était mobilisé, et des partis comme la CRC, le RIDJA et l'Alliance étaient entièrement mobilisés pour l'organisation de la «tournante mohélienne». Tout le monde a vu et revu les images de Maître Saïd Larifou, Président du RIDJA, battu à mort à l'Aéroport de Hahaya, uniquement parce qu'il voulait se rendre à Mohéli, et ce sont les policiers d'Ahmed Sambi qui avaient commis ce forfait innommable. Donc, on ne peut pas se focaliser sur la personne de Hamada Madi Boléro, alors que le combat était national.
Pour ce qui est des chiffres avancés par Ahmed Sambi pour dire qu'il a laissé dans les caisses de l'État, au moment de son départ de Beït-Salam, quelque 11 milliards de francs, il est permis d'en douter car à cette époque, les arriérés de salaire des fonctionnaires et agents de l'État comorien avaient été payés par le Qatar, qui avait accepté de prendre en charge 7 mois de salaire, quand Ahmed Sambi annonça par la suite que, finalement, c'était 6 mois!
En laissant de côté nos fantasmes personnels, nous avons le droit de nous poser la question de savoir comment un État en faillite, économiquement et financièrement asséché comme une morue ou un hareng, peut, du jour au lendemain, passer de la mendicité internationale à des caisses débordant de flousse! C'est tout de même surréaliste! Et puis, la querelle des chiffres qui s'est engagée sur le sujet entre Sambi et Mohamed Bacar Dossar, d'une part, et les collaborateurs d'Ikililou Dhoinine, d'autre part, n'est pas de nature à satisfaire les Comoriens car, comme la langue n'a pas d'os, chacun est libre de citer les chiffres fantaisistes qu'il veut, et c'est de bonne guerre. Et puis, n'oublions pas le mot savoureux de Sir Winston Churchill: «Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées». Donc, on peut fait dire aux chiffres ce qu'on veut qu'ils disent. Point à la ligne.
Il y a plus grave encore car, ce dimanche 18 août 2013 de tous les dangers, Ahmed Sambi a dit en substance: «Un bruit court qu'un tueur à gages serait engagé pour m'éliminer. Je dis aux miens que s'il arrive qu'on m'assassine, je ne pardonnerais pas ceux qui croiseraient les bras. Il faut que les coupables de ma mort toute fraîche me suivent dans la tombe». C'est une accusation d'une très grande gravité car elle signifie qu'Ikililou Dhoinine a recours à des assassins pour tuer Ahmed Sambi et qu'Ahmed Sambi demande à ce qu'on le tue s'il est lui-même assassiné. On en est arrivé là.
Dans cette déclaration, il y a deux choses qu'il faut bien retenir, à savoir une accusation de tentative d'assassinat et un appel au meurtre. C'est très grave. Car, aujourd'hui, la personne qu'Ahmed Sambi vise, c'est bien Ikililou Dhoinine. Est-ce vrai qu'Ikililou Dhoinine peut aller jusqu'à envisager l'extrémité qu'est l'assassinat? Pour ma propre crédibilité, je ne m'aventure pas sur des spéculations et des conjectures pour dire qu'il peut ou qu'il ne peut pas car rien ne me permet de prendre position sur une affaire aussi grave. De la retenue donc En tout cas, le Parti RIDJA demande à la Justice comorienne l'ouverture d'une enquête sur cette affaire, et il n'a pas tort.
Selon un certain nombre de blogs comoriens, Ikililou Dhoinine, lors de sa dernière visite à Anjouan, aurait dit à Anissi Chamsidine, Gouverneur de l'île: «Je suis le Président de la République», «l'État, c'est moi» (se prend-il pour la réincarnation de Louis XIV, le Roi-Soleil?), «désormais Sambi doit se contenir et qu'il sache que s'il tente de se manifester en public, je prendrais les responsabilités qui sont les miennes car cet homme devrait en principe moisir en prison pour ce qu'il a fait à notre pays», «je ne me plierai pas ni devant sa violence verbale, ni devant son populisme éhonté». Tout ceci est bien dit, mais pourquoi c'est justement aujourd'hui qu'Ikililou Dhoinine découvre ce que son prédécesseur «a fait à notre pays», alors qu'hier encore, il louait ses qualités, disait vouloir le consulter au tant que faire se peut, prétendait s'inspirer de sa politique et s'en conformer? Ce n'est pas sincère.
Quand Ahmed Sambi était encore aux affaires, on a constaté que sa gouvernance était tout sauf claire et nette. La CRC avait même déposé une plainte contre lui après son départ de Beït-Salam. On dit beaucoup de choses sur ses biens immobiliers à l'étranger, sur ce qu'il a fait de l'argent de la «citoyenneté économique», sur les 5 milliards de francs comoriens que l'Arabie Saoudite avait alloués au «Projet Habitat», etc. Jusqu'à ce jour, malgré le cri du cur de milliers de Comoriens, le chef de l'État n'a rien fait pour s'intéresser à la question. Cependant, si c'est aujourd'hui qu'il veut se lancer dans des poursuites judiciaires contre Ahmed Sambi en ce qui concerne ces sommes faramineuses à l'échelle des Comores, même le dernier écailleur de poissons sera en droit de s'interroger sur ce brusque réveil de la Justice comorienne, qui ne perd le sommeil que s'il s'agit de procéder à des règlements de compte. La Justice comorienne, déjà en piteux état, ne doit pas devenir un instrument de vengeance personnelle. Tous les mauvais garçons et toutes les mauvaises filles de la République doivent rendre des comptes, mais la Justice doit être une institution indépendante et neutre.
Aujourd'hui, alors que la lune de miel entre Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine est bel et bien finie, une question taraude nombre de Comoriens: est-ce qu'Ikililou Dhoinine va garder à Beït-Salam les deux «chevaux de Troie d'Ahmed Sambi à la présidence de la République»? La question est très sensible, mais compte tenu de l'influence considérable des faucons du chef de l'État, on ne peut écarter aucune hypothèse. Tout est possible. C'est une bataille à mort qui est engagée, et celle-ci ne finira pas sans victimes directes, ni dégâts collatéraux. Mais, il ne faut pas que la bagarre entre Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine constitue un dérivatif amusant les Comoriens et les détournant de leurs vrais problèmes.
Par ARM
© lemohelien Vendredi 23 août 2013.
Les Comoriens viennent de trouver un nouveau sujet de discussion, mais à la réflexion, celui-ci n'est à la hauteur des enjeux sociaux, politiques et économiques du moment car il y a le feu au lac, et on les amuse avec des querelles entre anciens alliés du sambisme qui se crêpent le chignon comme des chiffonniers. Dans cette affaire, il faut faire la part des choses. En effet, quand il s'agit d'évaluer froidement l'interdiction du meeting d'Ahmed Sambi à Bambao Mtsanga, dimanche 18 août 2013, personne ne pourra dire qu'il s'agit d'une mesure intelligente ou démocratique.
Cette mesure est juridiquement arbitraire et politiquement stupide. Maintenant, Ahmed Sambi est devenu le martyr parfait, et connaissant l'homme, il va faire dans la victimisation et dans le «victimisme» pendant des siècles et en faire des tartines. Par contre, pour ce qui est des péroraisons qu'il a faites à son domicile le même dimanche 18 août 2013, on peut ergoter et disserter là-dessus tant qu'on se refuse à voir la réalité en face, notamment en diligentant une enquête indépendante pour tirer au clair la véracité des chiffres qu'il a lancés à la volée et que contestent les collaborateurs d'Ikililou Dhoinine.
Ahmed Sambi Président donne l'impression et la certitude qu'il juge comme hautement positif le référendum qui lui a permis de procéder à des tripatouillages de la Constitution pour convenances personnelles, alors que la Loi est générale et impersonnelle. Lui et ses hommes font une fixation sur Hamada Madi Boléro, alors opposé à toutes les manuvres destinées à empêcher l'organisation de l'élection primaire à Mohéli en mai 2010, alors que Hamada Madi Boléro n'était qu'un Mohélien parmi tant d'autres, un Comorien parmi tant d'autres réclamant la stricte application de la Constitution.
Dans cette affaire, personne ne peut s'attribuer un mérite personnel car le pays entier était mobilisé, et des partis comme la CRC, le RIDJA et l'Alliance étaient entièrement mobilisés pour l'organisation de la «tournante mohélienne». Tout le monde a vu et revu les images de Maître Saïd Larifou, Président du RIDJA, battu à mort à l'Aéroport de Hahaya, uniquement parce qu'il voulait se rendre à Mohéli, et ce sont les policiers d'Ahmed Sambi qui avaient commis ce forfait innommable. Donc, on ne peut pas se focaliser sur la personne de Hamada Madi Boléro, alors que le combat était national.
Pour ce qui est des chiffres avancés par Ahmed Sambi pour dire qu'il a laissé dans les caisses de l'État, au moment de son départ de Beït-Salam, quelque 11 milliards de francs, il est permis d'en douter car à cette époque, les arriérés de salaire des fonctionnaires et agents de l'État comorien avaient été payés par le Qatar, qui avait accepté de prendre en charge 7 mois de salaire, quand Ahmed Sambi annonça par la suite que, finalement, c'était 6 mois!
En laissant de côté nos fantasmes personnels, nous avons le droit de nous poser la question de savoir comment un État en faillite, économiquement et financièrement asséché comme une morue ou un hareng, peut, du jour au lendemain, passer de la mendicité internationale à des caisses débordant de flousse! C'est tout de même surréaliste! Et puis, la querelle des chiffres qui s'est engagée sur le sujet entre Sambi et Mohamed Bacar Dossar, d'une part, et les collaborateurs d'Ikililou Dhoinine, d'autre part, n'est pas de nature à satisfaire les Comoriens car, comme la langue n'a pas d'os, chacun est libre de citer les chiffres fantaisistes qu'il veut, et c'est de bonne guerre. Et puis, n'oublions pas le mot savoureux de Sir Winston Churchill: «Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées». Donc, on peut fait dire aux chiffres ce qu'on veut qu'ils disent. Point à la ligne.
Il y a plus grave encore car, ce dimanche 18 août 2013 de tous les dangers, Ahmed Sambi a dit en substance: «Un bruit court qu'un tueur à gages serait engagé pour m'éliminer. Je dis aux miens que s'il arrive qu'on m'assassine, je ne pardonnerais pas ceux qui croiseraient les bras. Il faut que les coupables de ma mort toute fraîche me suivent dans la tombe». C'est une accusation d'une très grande gravité car elle signifie qu'Ikililou Dhoinine a recours à des assassins pour tuer Ahmed Sambi et qu'Ahmed Sambi demande à ce qu'on le tue s'il est lui-même assassiné. On en est arrivé là.
Dans cette déclaration, il y a deux choses qu'il faut bien retenir, à savoir une accusation de tentative d'assassinat et un appel au meurtre. C'est très grave. Car, aujourd'hui, la personne qu'Ahmed Sambi vise, c'est bien Ikililou Dhoinine. Est-ce vrai qu'Ikililou Dhoinine peut aller jusqu'à envisager l'extrémité qu'est l'assassinat? Pour ma propre crédibilité, je ne m'aventure pas sur des spéculations et des conjectures pour dire qu'il peut ou qu'il ne peut pas car rien ne me permet de prendre position sur une affaire aussi grave. De la retenue donc En tout cas, le Parti RIDJA demande à la Justice comorienne l'ouverture d'une enquête sur cette affaire, et il n'a pas tort.
Selon un certain nombre de blogs comoriens, Ikililou Dhoinine, lors de sa dernière visite à Anjouan, aurait dit à Anissi Chamsidine, Gouverneur de l'île: «Je suis le Président de la République», «l'État, c'est moi» (se prend-il pour la réincarnation de Louis XIV, le Roi-Soleil?), «désormais Sambi doit se contenir et qu'il sache que s'il tente de se manifester en public, je prendrais les responsabilités qui sont les miennes car cet homme devrait en principe moisir en prison pour ce qu'il a fait à notre pays», «je ne me plierai pas ni devant sa violence verbale, ni devant son populisme éhonté». Tout ceci est bien dit, mais pourquoi c'est justement aujourd'hui qu'Ikililou Dhoinine découvre ce que son prédécesseur «a fait à notre pays», alors qu'hier encore, il louait ses qualités, disait vouloir le consulter au tant que faire se peut, prétendait s'inspirer de sa politique et s'en conformer? Ce n'est pas sincère.
Quand Ahmed Sambi était encore aux affaires, on a constaté que sa gouvernance était tout sauf claire et nette. La CRC avait même déposé une plainte contre lui après son départ de Beït-Salam. On dit beaucoup de choses sur ses biens immobiliers à l'étranger, sur ce qu'il a fait de l'argent de la «citoyenneté économique», sur les 5 milliards de francs comoriens que l'Arabie Saoudite avait alloués au «Projet Habitat», etc. Jusqu'à ce jour, malgré le cri du cur de milliers de Comoriens, le chef de l'État n'a rien fait pour s'intéresser à la question. Cependant, si c'est aujourd'hui qu'il veut se lancer dans des poursuites judiciaires contre Ahmed Sambi en ce qui concerne ces sommes faramineuses à l'échelle des Comores, même le dernier écailleur de poissons sera en droit de s'interroger sur ce brusque réveil de la Justice comorienne, qui ne perd le sommeil que s'il s'agit de procéder à des règlements de compte. La Justice comorienne, déjà en piteux état, ne doit pas devenir un instrument de vengeance personnelle. Tous les mauvais garçons et toutes les mauvaises filles de la République doivent rendre des comptes, mais la Justice doit être une institution indépendante et neutre.
Aujourd'hui, alors que la lune de miel entre Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine est bel et bien finie, une question taraude nombre de Comoriens: est-ce qu'Ikililou Dhoinine va garder à Beït-Salam les deux «chevaux de Troie d'Ahmed Sambi à la présidence de la République»? La question est très sensible, mais compte tenu de l'influence considérable des faucons du chef de l'État, on ne peut écarter aucune hypothèse. Tout est possible. C'est une bataille à mort qui est engagée, et celle-ci ne finira pas sans victimes directes, ni dégâts collatéraux. Mais, il ne faut pas que la bagarre entre Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine constitue un dérivatif amusant les Comoriens et les détournant de leurs vrais problèmes.
Par ARM
© lemohelien Vendredi 23 août 2013.