HYPOTHÈSE – La version officielle de la mort de Muammar Kadhafi est remise en cause après les révélations de plusieurs médias. L'ancie...
HYPOTHÈSE – La version officielle de la mort de Muammar Kadhafi est remise en cause après les révélations de plusieurs médias. L'ancien dictateur libyen aurait été exécuté sur ordre de Nicolas Sarkozy parce qu'il en savait trop.
La version officielle de la mort de Muammar Kadhafi est en train d'être remise en cause par plusieurs sources. L'ancien dictateur libyen n'aurait pas été lynché par des révolutionnaires libyens, après que son convoi a été immobilisé par les frappes aériennes de l'ONU entre Syrte et Misrata. Selon le magazine français Le Point, il aurait été exécuté sur ordre de Nicolas Sarkozy parce qu'il en savait trop.
Le premier à avoir mis le feu aux poudres est l'ancien premier ministre du Conseil national de transition libyen (CNT), celui-là même qui avait convaincu les Occidentaux d'intervenir en Libye. Sur une chaîne de télévision égyptienne, Mahmoud Jibril a affirmé que «c'est un service de renseignements étranger» qui a abattu Muammar Kadhafi. De peur qu'il ne révèle des secrets sur des Etats étrangers s'il était capturé vivant.
S'appuyant sur des sources diplomatiques européennes à Tripoli, le journal italien Corriere della Sera va plus loin et affirme que c'est un «agent français» qui aurait tué le colonel. Fâché de la décision de la France de reconnaître le CNT, Muammar Kadhafi avait menacé Nicolas Sarkozy de révéler un« grave secret» sur le financement de sa campagne en 2007.
Dans le quotidien britannique Daily Telegraph, Rami El Obeidi, ex-responsable des relations avec les agences de renseignements étrangères du CN, atteste cette version des faits. «Les services français ont joué un rôle direct dans la mort de Kadhafi», dit-il.
Pas de commentaires
Interrogé par Le Point.fr, le Quai d'Orsay s'est refusé à tout commentaire. Mais pour Patrick Haimzadeh, ancien diplomate et auteur du livre Au cœur de la Libye de Kadhafi , «il est tout à fait avéré que les Français se sont lancés dans une logique d'élimination physique de Kadhafi», étant donné qu'un ordre de Paris avait été donné aux avions français de bombarder les bunkers où aurait pu se cacher le raïs.
«Que la France ait été présente assez tôt à Misrata pour former des combattants libyens est véridique», explique Patrick Haimzadeh. «Mais cela ne signifie pas qu'un membre des services secrets français ait abattu Kadhafi. Cela peut tout à fait être un combattant libyen formé par la France, sans qu'il y ait eu forcément d'ordre hiérarchique venant de Paris», souligne-t-il.
Nuances
Hasni Abidi nuance également la thèse d'un assassinat ourdi par Paris. Pour le politologue et directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), «il n'y a pas que la France que la mort de Kadhafi arrangeait. Le dictateur libyen nourrissait également des contentieux avec les Américains, qu'il avait largement aidés à traquer al-Qada, ou avec les Britanniques dans le règlement de l'attentat de Lockerbie»
Hasni Abidi réfute aussi la théorie selon laquelle Muammar Kadhafi aurait été éliminé parce qu'il en savait trop. « Le fils de Muammar Kadhafi Seif el-Islam et son ex-chef des renseignements Abdallah el-Senoussi seraient au courant d'au moins 90 % de ses dossiers secrets. Or, eux sont toujours en vie», argumente le politologue. Seif el-Islam et Abdallah el-Senoussi sont actuellement en prison en Libye et attendent leur jugement.
Par Christine Werlé
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