Mouigni Baraka Said Soilih est arrivé à Moroni ce mercredi au terme d’un périple de plus de deux semaines qui l’a conduit de Pékin à Paris....
Mouigni Baraka Said Soilih est arrivé à Moroni ce mercredi au terme d’un périple de plus de deux semaines qui l’a conduit de Pékin à Paris. Dans les deux capitales, le gouverneur de Ngazidja est allé poser les jalons d’une coopération décentralisée au profit de son île.
« Mon premier souci est d’ouvrir Ngazidja au monde ». Le propos résonne comme un slogan politique pour Mouigni Baraka Said Soilih qui affirme vouloir faire de la coopération décentralisée, la priorité de son action. Le gouverneur de Ngazidja semble ainsi avoir trouvé le sésame qui ouvrirait les portes du développement de l’île qu’il dirige depuis seize mois.
Une conviction qu’il tient de sa récente participation à Brésil à la conférence des gouverneurs et des maires des grandes villes qui a précédé le sommet des chefs d’Etat sur l’environnement. « Cette rencontre a permis aux gouverneurs de faire entendre leurs voix dans les discussions des chefs d’Etat » a retenu le gouverneur de Ngazidja. Du coup, il ne veut manquer aucune opportunité pour défendre les intérêts de l’île dont il a la charge et en appelle ses homologues des deux autres îles à faire autant.
Les 27 et 28 août, Mouigni Baraka a siégé parmi les 95 représentants des gouvernements locaux d’une quarantaine de capitales et villes africaines invités au 1er Forum Sino-africain sur la coopération décentralisée. Une aubaine pour le patron de l’île qui a bien pris note de l’ambition chinoise de faire passer de 111 à 220 le nombre d’accords de jumelages entre la Chine et l’Afrique d’ici 5ans et de débloquer en 2013 une enveloppe de 20 milliards de Yuans (près de 30 millions d’euros) pour financer des programmes dans le cadre de ce deuxième niveau de coopération. De quoi inciter les gouverneurs africains à des opérations de charme pour séduire les provinces de la future puissance mondiale.
Le choix de Mouigni a porté sur Hainan. L’île tropicale au Sud de la Chine présente bien des similitudes avec son île [lire encadré]. La visite de 48h qu’il a effectuée sur le terrain des réalisations de cette province historique, en compagnie de son commissaire aux Finances et de la présidente de la Chambre de commerce, d’industrie d’agriculture de Ngazidja et de l’Ambassadeur des Comores en Chine, a encore convaincu le gouverneur de Ngazidja des avantages qu’il peut tirer du jumelage avec Hainan. « Des opportunités de coopération existent dans les secteurs de l’énergie, du tourisme, de la protection de l’environnement…etc. Mais nous avons choisi de mettre la priorité au niveau de l’agriculture pour assurer les besoins premiers de la population et lutter contre la vie chère», a indiqué le gouverneur Mouigni dès ses premiers entretiens avec les autorités provinciales.
La lettre d’intention qu’il a signée avec le Vice-gouverneur Chen Zhirong confirme ce choix et inscrit l’envoi dans les prochaines semaines d’une équipe technique d’évaluation des besoins en techniques culturales, en équipements et en formation pour développer les rendements de la production agricole ainsi que les moyens de conservation. « Avec la signature de cette lettre d’intention, nous avons franchi un premier pas important. Mais le respect de la légalité, il me reste à obtenir l’aval du Conseil de l’île et de la Cour constitutionnelle avant de conclure officiellement l’accord de jumelage avec la province de Hainan », fait remarquer Mouigni Baraka. « Une procédure et non un obstacle », laisse t-il entendre.
Le gouverneur de Ngazidja ne compte pas sa quête d’ouverture à Hainan. Après la Chine, c’est en France qu’il est allé scruter de nouvelles pistes de coopération décentralisée par le filon de la diaspora grand-comorienne et l’appui du Réseau des élus français d’origine comorienne. « Notre schéma de développement est clair. Aujourd’hui nous devons sortir de l’ancienne vision fondée sur le village et la région pour évoluer vers une mobilisation de projets prenant en compte la nouvelle organisation de l’île en 28 communes », souligne le chef de l’exécutif insulaire.
Avec Kamal’Eddine Saindou (ORTC)
Ngazi Ngomé
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