Ronald Poppo le SDF victime du cannibale de Miami, a dû raconter en détails à la police ce qui lui était arrivé. CBS4 News s'est procur...
Ronald Poppo le SDF victime du cannibale de Miami, a dû raconter en détails à la police ce qui lui était arrivé. CBS4 News s'est procuré les enregistrements et les a diffusés jeudi. Âmes sensibles s'abstenir.
Il n’avait pas passé une bonne journée à la plage»… Ronald Poppo n’a pas trouvé d’autre raison qui aurait conduit Rudy Eugene à lui sauter dessus pour lui dévorer le visage, le 26 mai dernier à Miami (Floride). CBS4 News a dévoilé jeudi certaines auditions de ce SDF de 65 ans, victime du «cannibale de Miami». D’une voix posée, d’un calme olympien, l’homme qui a perdu la vue, le nez, comme 50% de sa face, raconte l’irracontable. Décrit l’indescriptible. «Il m'a attaqué. Il m’a juste déchiqueté en lambeaux, a-t-il déclaré au sergent Altarr Williams avec une lucidité et une résilience effarante. Il mâchait mon visage, a-t-il détaillé. Il m’a arraché les yeux. En gros, c'est tout ce qu'il y a à dire à ce sujet.» Sans sanglot, sans colère, il a simplement relaté, froidement, concrètement, comment son bourreau «écrasait [son] visage sur le trottoir». «Il en a fait de la purée», a-t-il lâché. «Il m'étranglait pendant qu’il m'arrachait les yeux.»
Malgré de multiples interventions chirurgicales au Jackson Memorial Hospital, Ronald Poppo restera aveugle. Il récupère toutefois peu à peu au centre de rééducation de longue durée de la région, le Perdue Medical Center. Son pronostic vital n'est plus engagé. Il bénéficie de la couverture santé américaine et le Jackson Memorial Hospital collecte également des fonds pour financer ses soins. Ronald Poppo ne comprend toujours pas pourquoi son agresseur lui a fait ça. «Qu’est-ce qui peut provoquer une telle attaque?», s’interroge-t-il d’un ton neutre. «Je ne l’ai pas insulté, ni ne lui ai dit quoique ce soit de désagréable ou méchant.» Bien que certains médias aient laissé entendre que les deux sans-abri s’étaient peut-être déjà rencontrés, Poppo affirme qu'il ne se rappelle pas avoir jamais vu Eugene avant le jour de l'attaque. Ce dernier s’était approché de lui. Il ne s’en est même pas méfié. «Pendant un petit moment, j’ai pensé que c’était un mec bien», se souvient-il. Mais tout à coup, «il a été pris de folie furieuse». «Il n'avait apparemment pas passé une bonne journée à la plage, a-t-il poursuivi, et il en revenait. Et je suppose qu'il s’est vengé sur moi ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas.»
La question de la drogue
Interrogé sur ce que le cannibale disait en l’agressant, le sexagénaire a rétorqué: «Toi, moi, mon pote, et personne d'autre ici. (…) Je vais te tuer. Ou quelque chose comme ça.» «A-t-il dit pourquoi?», l’a encore questionné Altarr Williams. «Non, il a juste commencé à crier. Et à tenir un drôle de discours.» Il disait «que j'allais mourir. Et qu’il allait mourir aussi», a rapporté le blessé, qui pense que la cannibale était sous substance. Toujours selon son récit, Rudy Eugene lui a confié ne pas aimer la plage; qu’il y était allé pour acheter de la drogue et qu'il n'avait pas pu le faire. Pourtant, les analyses toxicologiques n’ont révélé que du cannabis dans son sang. Mais il n’est pas totalement exclu qu’une drogue de synthèse pas encore connue n’ait pas pu être identifiable par les analyses. Eugene lui aurait également reproché de lui avoir volé sa Bible –ce que la victime dément.
Malgré le calvaire qu’il a vécu, malgré le fait qu’il ait été défiguré, et qu’il doive subir encore de multiples interventions pour reconstruire son visage, Ronald Poppo est de ces stoïques que rien ni personne ne semble pouvoir anéantir. Sans rancœur, le SDF s’estime même chanceux: grâce à ce drame, il a retrouvé sa famille, qu’il avait perdu de vue depuis des décennies. Alors que le policier lui demandait, à la fin de son interrogatoire, s’il avait quelque chose à ajouter, l’homme a répondu: «Je remercie le Département de la police de Miami de m’avoir sauvé la vie. C'est à peu près la meilleure façon dont je pourrais résumer (mon cas). S'ils n’étaient pas arrivés à temps, j'aurais sans nul doute été dans un pire état. Je serais certainement mort sur place».
Marie Desnos - Parismatch.com
Marie Desnos - Parismatch.com
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