En plus des changements institutionnels, le livre décrit la formation d’une nouvelle génération politique qu’il appelle “la génération Azali...
En plus des changements institutionnels, le livre décrit la formation d’une nouvelle génération politique qu’il appelle “la génération Azali”. L’auteur place cette génération à la suite des trois autres que j’avais moimême déterminé sous la colonisation française. C’est sans doute sur cette partie que réside la faiblesse du livre.
La réflexion politique est au rendez-
vous dans le nouvel ouvrage
de Hamidou Saïd Ali. L’auteur originaire
de Mbeni, spécialiste en
droit constitutionnel et de sciences politiques
a publié au mois de mai Les Comores réinventées*.
Cet ouvrage est d’autant plus intéressant
pour l’historien que je suis que ses deux principaux
thèmes renvoient à des éléments d’études
que j’ai pu mener dans mes recherches
: la question de l’Etat comorien au sortir
d’une colonisation qui a été longue et la
formation des élites politiques dans la période
contemporaine.
Partant des événements provoqués par les
différentes crises séparatistes, Hamidou
Saïd Ali mène une réflexion intéressante sur
l’existence d’un Etat qui, dès sa naissance,
est mise en cause par le séparatisme maorais soutenu par l’ancienne puissance coloniale,
puis par le séparatisme anjouanais. Il
note également, avec justesse, que la plupart
des intellectuels comoriens se complaisent
dans des discussions allant jusqu’à nier
l’existence même de cet Etat.
Pour l’auteur, c’est la confusion régnant au
sommet de l’Etat qui a conduit à une politisation
progressive de l’armée nationale, puis à
son entrée officielle en politique avec le coup
d’État du colonel Azali, le 30 avril 1999, alors
que le séparatisme anjouanais continuait à
gangrener toutes les institutions étatiques.
Les Comores réinventées sont donc celles
qui naissent avec ce coup d’Etat et la
Constitution de l’Union des Comores en
décembre 2001. En plus des changements institutionnels, Hamidou Saïd Ali décrit la formation d’une nouvelle génération politique qu’il appelle “la génération Azali“. L’auteur place cette génération à la suite des trois autres que j’avais moi-même déterminé sous la colonisation française. C’est sans doute sur cette partie que réside la faiblesse du livre. En effet, sans nier la possible existence de cette “génération
vous dans le nouvel ouvrage
de Hamidou Saïd Ali. L’auteur originaire
de Mbeni, spécialiste en
droit constitutionnel et de sciences politiques
a publié au mois de mai Les Comores réinventées*.
Cet ouvrage est d’autant plus intéressant
pour l’historien que je suis que ses deux principaux
thèmes renvoient à des éléments d’études
que j’ai pu mener dans mes recherches
: la question de l’Etat comorien au sortir
d’une colonisation qui a été longue et la
formation des élites politiques dans la période
contemporaine.
Partant des événements provoqués par les
différentes crises séparatistes, Hamidou
Saïd Ali mène une réflexion intéressante sur
l’existence d’un Etat qui, dès sa naissance,
est mise en cause par le séparatisme maorais soutenu par l’ancienne puissance coloniale,
puis par le séparatisme anjouanais. Il
note également, avec justesse, que la plupart
des intellectuels comoriens se complaisent
dans des discussions allant jusqu’à nier
l’existence même de cet Etat.
Pour l’auteur, c’est la confusion régnant au
sommet de l’Etat qui a conduit à une politisation
progressive de l’armée nationale, puis à
son entrée officielle en politique avec le coup
d’État du colonel Azali, le 30 avril 1999, alors
que le séparatisme anjouanais continuait à
gangrener toutes les institutions étatiques.
Les Comores réinventées sont donc celles
qui naissent avec ce coup d’Etat et la
Constitution de l’Union des Comores en
décembre 2001. En plus des changements institutionnels, Hamidou Saïd Ali décrit la formation d’une nouvelle génération politique qu’il appelle “la génération Azali“. L’auteur place cette génération à la suite des trois autres que j’avais moi-même déterminé sous la colonisation française. C’est sans doute sur cette partie que réside la faiblesse du livre. En effet, sans nier la possible existence de cette “génération
Azali“, les caractéristiques évoquées n’ont
pas été suffisamment analysées. Pourtant,
Hamidou Saïd Ali cite au moins une quinzaine
d’éléments qui seraient communs aux
membres de cette génération. Mais, on peut
pratiquement tous les remettre en cause.
D’abord, cette génération Azali ne semble
exister qu’à Ngazidja car les hommes cités
(aucune femme alors qu’il laisse supposer
qu’il y en a) viennent de cette île, à part
Abdou Djabir, sauf que ce dernier est en politique depuis la création du Front démocratique donc, bien avant le coup de force du colonel. De même pour Houmed Msaïdié qui
est en politique depuis la période d’Ali Soilihi
et qui a véritablement émergé sous Djohar.
Ensuite, l’auteur oublie qu’avant cette “génération Azali“, la période postcoloniale a produit d’autres hommes politiques différents de
ceux qui sont apparus sous la colonisation :
les “révolutionnaires“ d’Ali Soilihi, les nouveaux conservateurs (mais aussi leurs opposants du msomo wa nyumeni) sous Abdallah et surtout tous ceux qui sont entrés en politique avec la démocratisation sous le régime
Djohar. Or, Hamidou Saïd Ali fait un saut de
la période coloniale jusqu’à la période Azali.
Enfin, l’auteur donne d’autres caractéristiques
de cette génération et notamment le
fait que ses membres seraient nés vers
1950. Ce n’est pas le cas de certains piliers
du régime comme Hamada Madi Boléro
(1965) ou Soeuf Elamine (1962). Azali lui
même est né en 1959.
Plus qu’une nouvelle génération, c’est peutêtre
une nouvelle manière de faire de la politique
qui apparaît sous Azali, avec ses avantages
et ses inconvénients.
Dans tous les cas, le livre de Hamidou Saïd
Ali invite à la réflexion et c’est une bonne
nouvelle de la part de ce jeune, dans ce pays
où les intellectuels, parmi ses ainés, ne parlent
plus depuis longtemps.
Mahmoud Ibrahime
*Edilivre, 2012, 255 pages
Alwatwan
pas été suffisamment analysées. Pourtant,
Hamidou Saïd Ali cite au moins une quinzaine
d’éléments qui seraient communs aux
membres de cette génération. Mais, on peut
pratiquement tous les remettre en cause.
D’abord, cette génération Azali ne semble
exister qu’à Ngazidja car les hommes cités
(aucune femme alors qu’il laisse supposer
qu’il y en a) viennent de cette île, à part
Abdou Djabir, sauf que ce dernier est en politique depuis la création du Front démocratique donc, bien avant le coup de force du colonel. De même pour Houmed Msaïdié qui
est en politique depuis la période d’Ali Soilihi
et qui a véritablement émergé sous Djohar.
Ensuite, l’auteur oublie qu’avant cette “génération Azali“, la période postcoloniale a produit d’autres hommes politiques différents de
ceux qui sont apparus sous la colonisation :
les “révolutionnaires“ d’Ali Soilihi, les nouveaux conservateurs (mais aussi leurs opposants du msomo wa nyumeni) sous Abdallah et surtout tous ceux qui sont entrés en politique avec la démocratisation sous le régime
Djohar. Or, Hamidou Saïd Ali fait un saut de
la période coloniale jusqu’à la période Azali.
Enfin, l’auteur donne d’autres caractéristiques
de cette génération et notamment le
fait que ses membres seraient nés vers
1950. Ce n’est pas le cas de certains piliers
du régime comme Hamada Madi Boléro
(1965) ou Soeuf Elamine (1962). Azali lui
même est né en 1959.
Plus qu’une nouvelle génération, c’est peutêtre
une nouvelle manière de faire de la politique
qui apparaît sous Azali, avec ses avantages
et ses inconvénients.
Dans tous les cas, le livre de Hamidou Saïd
Ali invite à la réflexion et c’est une bonne
nouvelle de la part de ce jeune, dans ce pays
où les intellectuels, parmi ses ainés, ne parlent
plus depuis longtemps.
Mahmoud Ibrahime
*Edilivre, 2012, 255 pages
Alwatwan
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