La caravane électorale de Nicolas Sarkozy fait étape mercredi pour quelques heures dans la chaleur de La Réunion, l'unique visite outrem...
La caravane électorale de Nicolas Sarkozy fait étape mercredi pour quelques heures dans la chaleur de La Réunion, l'unique visite outremer d'avant le premier tour du président-candidat de l'UMP, sur un territoire très marqué à gauche et ravagé par le chômage.
En l'espace de deux semaines, l'île française de l'océan Indien aura vu défiler les principaux prétendants de la course à l'Elysée, à l'exception de la candidate du Front national Marine Le Pen. Après Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et François Hollande (PS) et avant François Bayrou (MoDem), c'est donc au tour de Nicolas Sarkozy de sacrifier au rituel réunionnais.
A son menu très resserré: un bain de foule à son arrivée mercredi matin à l'aéroport de Saint-Denis, puis rencontre avec des élus, réunion en petit comité à Saint-Pierre et conclusion en fin d'après-midi avec une réunion publique à Pierrefonds, avant un retour sur Paris jeudi à l'aube pour la présentation, très attendue, de son programme électoral.
Dans des entretiens publiés mercredi par la presse réunionnaise, Nicolas Sarkozy accuse François Hollande d'"hypocrisie" et de "changer de discours selon qu'il parle aux ultramarins ou aux métropolitains". "Dans un cas il veut maintenir la défiscalisation, dans l'autre il veut réduire les niches fiscales de 29 milliards tout en les plafonnant à 10.000 euros par foyer", dit M. Sarkozy.
"Faire cela, c'est vouloir supprimer la défiscalisation sans avoir le courage de l'assumer", ajoute-t-il.
Le président sortant débarque sur une île à peine apaisée après les nuits de violences qui ont agité la moitié de ses communes fin février. Allumée par les transporteurs routiers en lutte contre le prix de l'essence, la mèche s'est rapidement propagée pour aboutir à un mouvement dénonçant la vie chère, trois ans après des émeutes identiques qui ont secoué tout l'outre-mer.
Des mesures d'urgence ont été annoncées pour faire retomber la pression (suppression d'une taxe sur les carburants, tarif social de l'électricité, baisse des prix de denrées de première nécessité...) mais, de l'avis général, la situation économique de l'île reste précaire.
Malgré les états-généraux de l'outremer qui ont suivi la grave crise sociale de l'hiver 2009, La Réunion reste la collectivité la plus pauvre de France. Selon l'Insee, le taux de chômage y atteignait 29,5% de la population active fin 2011, dont 60% des jeunes de 15 à 24 ans.
Lors de leurs tournées, les adversaires de Nicolas Sarkozy ont insisté sur ce très mauvais bilan social de l'île. Jean-Luc Mélenchon a qualifié l'île de "cratère d'une France en état d'urgence sociale". Et François Hollande y a indiqué envisager un "encadrement" des prix des produits de base.
Il y a un mois, le candidat de l'UMP a donc annoncé qu'il débarquerait à Saint-Denis avec un paquet de propositions pour favoriser le "développement endogène de l'île". Entre autres pistes, déjà largement avancées, le chef de l'Etat avait alors cité l'agriculture et une "grande faculté de médecine pour l'ensemble des francophones de la région". Ce CHU, le 30e de France, doit accueillir des étudiants à partir de la rentrée 2012.
"Je ne crois qu'à une seule chose, au développement économique de cette île", a-t-il plaidé, "parce qu'elle se trouve dans un bassin de 80 millions de francophones, parce qu'à côté il y a Madagascar, il y a l'île Maurice".
Pour son unique déplacement ultramarin d'avant le 22 avril, Nicolas Sarkozy, qui a visité la Réunion une fois pendant son quinquennat en janvier 2010, n'a pas choisi la facilité. Plus encore que les Antilles, l'île de l'océan Indien fait figure de bastion de la gauche.
Lors de la présidentielle de 2007, il y avait même obtenu son plus mauvais résultat au second tour (36,43%). Et même si elle avait profité de l'éclatement de la gauche aux régionales de 2010 pour porter à la tête de la région l'UMP Didier Robert, la droite a été sèchement battue l'an dernier aux cantonales.
Outre cette visite, Nicolas Sarkozy a également prévu une réunion le dimanche 15 avril à Paris avec les "Français d'outremer".
Source : Nouvel Obs
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