Monsieur le président, vous faites l'objet d'un rejet massif de l'ensemble des députés qui exigent votre démission. Jusqu'à ...
Monsieur le président, vous faites l'objet d'un rejet massif de l'ensemble des députés qui exigent votre démission. Jusqu'à quand comptez-vous vous accrocher au perchoir?
Je crois qu'il y a là un malentendu. S'accrocher au perchoir signifierait que j'use de la force. Or il n'en est rien. Je suis élu président de l'Assemblée par mes collègues députés conformément à l'article 20 de la Constitution et ce, pour la durée de la législature. Et pour autant, que je sache, nous sommes élus pour cinq ans. Si nous faisons bien le calcul, notre mandat vient à terme en 2015. Un mot sur le rejet dont vous parlez: j'ai vu circuler une pétition de mes collègues députés. Je rappelle que l'unique pétition dont il est question dans la Constitution ne vise pas le président de l'Assemblée, mais permet aux députés de demander le départ d'un ministre. Je ne suis pas ministre mais le président de l'Assemblée de l'Union.
Les députés vous reprochent de nombreux voyages inutiles, une opacité dans la gestion des fonds parlementaire… Que répondrez-vous à ces accusations?
Les missions que j'ai effectuées à l'étranger sont des missions officielles. Elles sont, de ce fait, justifiées. Je citerais, en exemple, ma première visite à l'étranger et la dernière que j'ai effectuées. Lors de la première, en Thaïlande, j'étais notamment accompagné de Attoumane Anlaoui Andoudou. Pour la dernière, en France, j'étais parti avec cinq députés et un haut fonctionnaire de l'Assemblée. J'ose croire que si elles étaient inutiles, ces honorables députés n'auraient jamais accepté de venir avec moi. S'agissant de la gestion des fonds, j'ai toujours dit ma volonté de faire appel à un audit interne ou externe pour analyser les comptes de l'Assemblée. Un appel d'offre vient d'être lancé pour recruter un auditeur. On ne tardera pas à savoir s'il y a eu détournement de fonds.
Selon certains députés, vous adresseriez vos rapports de missions à l'ex-président de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi. Si oui, pourquoi le faites-vous?
Je mets quiconque au défi de prouver ces allégations. J'ai toujours eu des relations amicales avec l'ancien président Sambi et je n'ai jamais confondu mes responsabilités avec mes relations personnelles. Une tradition bien établie veut que chaque fois que le président de l'Assemblée voyage, il en informe le président de la République. Je le faisais avec le président Sambi, en son temps, et je continue à le faire, aujourd'hui, avec le président Ikililou Dhoinine, actuel chef de l'Etat. Mais il n'est pas interdit au président de l'Assemblée de pouvoir échanger des idées, de temps à autre, avec des personnes ressources comme les anciens présidents de la République.
Pourriez-vous nous dresser un bref bilan de votre mandat à la présidence de l'Assemblée?
On n'est pas encore au moment des bilans, la législature n'étant pas encore terminée. Mais pour répondre à votre question, je pourrais citer quelques réalisations. Ainsi nous avons entrepris de moderniser le parlement en le faisant entrer dans l'ère du Numérique par l'ouverture d'un site web, la mise en place d'un réseau intranet, l'accès illimité à l'internet via le Wifi dans toute l'enceinte du Parlement. Il n'y a pas longtemps, cela était impensable. Nous avons créé une unité de communication correctement équipée. Nous avons contribué à élargir davantage le cercle de nos relations avec les institutions parlementaires, notamment l'adhésion au parlement panafricain, panarabe, etc. Notre législature a contribué fortement à ressouder l'Unité nationale.
Vous êtes en train de rallier certaines couches de la population à votre cause, notamment les pécheurs et les agriculteurs. Pourquoi vous déplacez le débat sur ce terrain au lieu de vous en tenir au droit?
Si quelqu'un est sur le chemin du droit dans cette affaire, c'est bien moi. C'est au camp d'en face qu'il faut rappeler le droit. Maintenant, en tant qu'élu, j'ai le devoir de rencontrer la population et de partager l'information avec elle. C'est dans ce cadre que se situent mes réunions de concertation avec les différentes couches sociales. Vous invoquez les textes pour justifier votre position, mais vous avez un problème de légitimité.
Comment comptez-vous présider une Assemblée qui est majoritairement hostile?
Ce débat de la légitimité ne se pose même pas étant donné que la pétition de mes camarades n'a aucune force ni légale ni juridique. Nous travaillons pour l'apaisement et pour la réconciliation des coeurs. Nous avons bon espoir que nous y parviendrons. Il faudrait comprendre aussi qu'il n'y a quand même pas le feu parce que des parlementaires se sont exprimés. Cela entre bien dans le cadre de nos fonctions. C'est la vocation même du député de s'exprimer. Nous sommes en démocratie, c'est normal.
Comprenez-vous la neutralité affichée par le chef de l'Etat, Ikililou Dhoinine?
D'abord, il faudrait savoir que la neutralité du chef de l'Etat ne signifie pas désintérêt. En tant que garant des institutions, il est attentif à ce qui se passe. Mais il ne faudrait pas oublier que ce qui se passe au Parlement est un problème interne et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Dans notre pays, la démocratie fonctionne; les gens s'expriment, les gens parlent…
Pourquoi vous tenez tant à rester au perchoir?
Encore une fois, je vous en renvoie à l'article 20 de la Constitution. Il dit que le président de l'Assemblée est élu pour toute la durée de la législature. Certaines rumeurs vous prêtent des ambitions présidentielles. Seriez-vous candidat à la présidentielles de 2016? Vous me parlez de 2016, ce n'est pas ma priorité et je n'y pense pas. Pour l'instant, j'exerce d'importantes fonctions de l'Etat, je les assume jusqu'au bout!
On accuse les députés de s'être partagés le Rau en s'achetant notamment des véhicules privés alors que cet argent est censé servir au fonctionnement de l'institution. N'est-ce pas un détournement de fonds?
Je ne suis pas habilité à juger s'il y a eu détournements ou pas. Je laisse l'appréciation à ceux qui en sont compétents. C'est un sujet complexe qui pourrait avoir des éléments de réponse dans le travail d'audit que j'ai commandé. Les instances compétentes apprécieront.
Lors de la récente mission des parlementaires comoriens en France, le trésor public a été saisi pour débloquer 23 millions de francs au titre de frais de mission, alors que le voyage aurait été entièrement pris en charge. Comment justifiez-vous?
Je suis naturellement l'ordonnateur du budget du Parlement. Mais il m'arrive de déléguer mes pouvoirs en cas d'absence. L'opération à laquelle vous faites allusion a été menée par la personne qui assurait l'intérim en mon absence. Moi-même, je suis intéressé de savoir les tenants et les aboutissants de ce dossier.
Propos recueillis
par Nakidine Hassane
Je crois qu'il y a là un malentendu. S'accrocher au perchoir signifierait que j'use de la force. Or il n'en est rien. Je suis élu président de l'Assemblée par mes collègues députés conformément à l'article 20 de la Constitution et ce, pour la durée de la législature. Et pour autant, que je sache, nous sommes élus pour cinq ans. Si nous faisons bien le calcul, notre mandat vient à terme en 2015. Un mot sur le rejet dont vous parlez: j'ai vu circuler une pétition de mes collègues députés. Je rappelle que l'unique pétition dont il est question dans la Constitution ne vise pas le président de l'Assemblée, mais permet aux députés de demander le départ d'un ministre. Je ne suis pas ministre mais le président de l'Assemblée de l'Union.
Les députés vous reprochent de nombreux voyages inutiles, une opacité dans la gestion des fonds parlementaire… Que répondrez-vous à ces accusations?
Les missions que j'ai effectuées à l'étranger sont des missions officielles. Elles sont, de ce fait, justifiées. Je citerais, en exemple, ma première visite à l'étranger et la dernière que j'ai effectuées. Lors de la première, en Thaïlande, j'étais notamment accompagné de Attoumane Anlaoui Andoudou. Pour la dernière, en France, j'étais parti avec cinq députés et un haut fonctionnaire de l'Assemblée. J'ose croire que si elles étaient inutiles, ces honorables députés n'auraient jamais accepté de venir avec moi. S'agissant de la gestion des fonds, j'ai toujours dit ma volonté de faire appel à un audit interne ou externe pour analyser les comptes de l'Assemblée. Un appel d'offre vient d'être lancé pour recruter un auditeur. On ne tardera pas à savoir s'il y a eu détournement de fonds.
Selon certains députés, vous adresseriez vos rapports de missions à l'ex-président de l'Union des Comores, Ahmed Abdallah Sambi. Si oui, pourquoi le faites-vous?
Je mets quiconque au défi de prouver ces allégations. J'ai toujours eu des relations amicales avec l'ancien président Sambi et je n'ai jamais confondu mes responsabilités avec mes relations personnelles. Une tradition bien établie veut que chaque fois que le président de l'Assemblée voyage, il en informe le président de la République. Je le faisais avec le président Sambi, en son temps, et je continue à le faire, aujourd'hui, avec le président Ikililou Dhoinine, actuel chef de l'Etat. Mais il n'est pas interdit au président de l'Assemblée de pouvoir échanger des idées, de temps à autre, avec des personnes ressources comme les anciens présidents de la République.
Pourriez-vous nous dresser un bref bilan de votre mandat à la présidence de l'Assemblée?
On n'est pas encore au moment des bilans, la législature n'étant pas encore terminée. Mais pour répondre à votre question, je pourrais citer quelques réalisations. Ainsi nous avons entrepris de moderniser le parlement en le faisant entrer dans l'ère du Numérique par l'ouverture d'un site web, la mise en place d'un réseau intranet, l'accès illimité à l'internet via le Wifi dans toute l'enceinte du Parlement. Il n'y a pas longtemps, cela était impensable. Nous avons créé une unité de communication correctement équipée. Nous avons contribué à élargir davantage le cercle de nos relations avec les institutions parlementaires, notamment l'adhésion au parlement panafricain, panarabe, etc. Notre législature a contribué fortement à ressouder l'Unité nationale.
Vous êtes en train de rallier certaines couches de la population à votre cause, notamment les pécheurs et les agriculteurs. Pourquoi vous déplacez le débat sur ce terrain au lieu de vous en tenir au droit?
Si quelqu'un est sur le chemin du droit dans cette affaire, c'est bien moi. C'est au camp d'en face qu'il faut rappeler le droit. Maintenant, en tant qu'élu, j'ai le devoir de rencontrer la population et de partager l'information avec elle. C'est dans ce cadre que se situent mes réunions de concertation avec les différentes couches sociales. Vous invoquez les textes pour justifier votre position, mais vous avez un problème de légitimité.
Comment comptez-vous présider une Assemblée qui est majoritairement hostile?
Ce débat de la légitimité ne se pose même pas étant donné que la pétition de mes camarades n'a aucune force ni légale ni juridique. Nous travaillons pour l'apaisement et pour la réconciliation des coeurs. Nous avons bon espoir que nous y parviendrons. Il faudrait comprendre aussi qu'il n'y a quand même pas le feu parce que des parlementaires se sont exprimés. Cela entre bien dans le cadre de nos fonctions. C'est la vocation même du député de s'exprimer. Nous sommes en démocratie, c'est normal.
Comprenez-vous la neutralité affichée par le chef de l'Etat, Ikililou Dhoinine?
D'abord, il faudrait savoir que la neutralité du chef de l'Etat ne signifie pas désintérêt. En tant que garant des institutions, il est attentif à ce qui se passe. Mais il ne faudrait pas oublier que ce qui se passe au Parlement est un problème interne et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Dans notre pays, la démocratie fonctionne; les gens s'expriment, les gens parlent…
Pourquoi vous tenez tant à rester au perchoir?
Encore une fois, je vous en renvoie à l'article 20 de la Constitution. Il dit que le président de l'Assemblée est élu pour toute la durée de la législature. Certaines rumeurs vous prêtent des ambitions présidentielles. Seriez-vous candidat à la présidentielles de 2016? Vous me parlez de 2016, ce n'est pas ma priorité et je n'y pense pas. Pour l'instant, j'exerce d'importantes fonctions de l'Etat, je les assume jusqu'au bout!
On accuse les députés de s'être partagés le Rau en s'achetant notamment des véhicules privés alors que cet argent est censé servir au fonctionnement de l'institution. N'est-ce pas un détournement de fonds?
Je ne suis pas habilité à juger s'il y a eu détournements ou pas. Je laisse l'appréciation à ceux qui en sont compétents. C'est un sujet complexe qui pourrait avoir des éléments de réponse dans le travail d'audit que j'ai commandé. Les instances compétentes apprécieront.
Lors de la récente mission des parlementaires comoriens en France, le trésor public a été saisi pour débloquer 23 millions de francs au titre de frais de mission, alors que le voyage aurait été entièrement pris en charge. Comment justifiez-vous?
Je suis naturellement l'ordonnateur du budget du Parlement. Mais il m'arrive de déléguer mes pouvoirs en cas d'absence. L'opération à laquelle vous faites allusion a été menée par la personne qui assurait l'intérim en mon absence. Moi-même, je suis intéressé de savoir les tenants et les aboutissants de ce dossier.
Propos recueillis
par Nakidine Hassane
Alwatwan
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