Le président tunisien Moncef Marzouki a entamé mercredi une visite de trois jours au Maroc, première étape d'une tournée régionale qui ...
Le président tunisien Moncef Marzouki a entamé mercredi une visite de trois jours au Maroc, première étape d'une tournée régionale qui vise à donner un nouveau souffle au processus d'union maghrébine.
Après avoir été accueilli à sa descente d'avion par le roi Mohammed VI, le président Marzouki et son hôte se sont dirigés vers le palais royal pour un déjeuner, qui sera suivi d'entretiens avec les responsables marocains.
M. Marzouki -- un ancien opposant parfois taxé d'idéalisme -- a placé très haut la barre de cette tournée, en déclarant qu'il souhaitait que cette année, succèdant au printemps arabe, soit celle de "l'Union maghrébine".
"Nous allons oeuvrer cette année à rétablir la cohésion avec nos frères algériens, marocains, libyens et mauritaniens, dans le but de ressusciter le grand rêve de l'Union maghrébine, gelée depuis des années", a-t-il dit dans une interview à l'agence d'information marocaine MAP.
Tunis a déjà fait part de son souhait d'accueillir un sommet des cinq pays qui composent l'UMA (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Mauritanie), une organisation qui a vu le jour en 1989, mais est restée lettre morte.
Evoquant sa vision d'une Union maghrébine, l'ancien militant des droits de l'homme a dit vouloir que les Maghrébins puissent jouir des "cinq libertés": "les libertés de circulation, de résidence, de travail, d'investissement et de propriété et, enfin, du droit de participation aux élections municipales" dans ce nouvel espace.
La Tunisie, a-t-il assuré, a décidé d'aller dans ce sens "le plus vite possible", mais préfèrerait que cela se fasse aux termes "d'une décision collective".
Le roi du Maroc avait également souhaité il y a quelques mois la création d'un "nouvel ordre maghrébin qui tienne compte des changements intervenus en Libye et en Tunisie".
D'ores et déjà, Rabat et Alger ont entamé un rapprochement et les rencontres se multiplient entre les pays de la région.
Un différend oppose l'Algérie et le Maroc sur la question du Sahara Occidental, mais, pour M. Marzouki, ce problème peut être mis entre parenthèses.
"L'avenir du Maghreb passe inéluctablement par une intégration inter-maghrébine et tout retard pénalise davantage cette importante partie de la Méditerranée", a indiqué à l'AFP Abdelaziz Karraky, professeur de sciences politiques à l'université de Rabat.
"Les Européens ont un intérêt pour que les sociétés de la rive sud partagent les mêmes valeurs en matière de démocratie et de justice", a-t-il ajouté.
Selon des économistes, la réouverture des frontières toujours fermées depuis 1994 entre l'Algérie et le Maroc et la circulation des biens et des personnes au Maghreb augmenteraient de deux points le taux de croissance dans cette région riche en matières premières (phosphates, pétrole, gaz...) et en main d'oeuvre.
Même si le chemin reste encore long, une réunion ministérielle de l'UMA est d'ores et déjà prévue fin février à Rabat.
Cette question ainsi que le renforcement des relations bilatérales --les échanges commerciaux restent infimes --seront au menu des entretiens de M. Marzouki et du chef du gouvernement marocain, l'islamiste Abdelillah Benkirane.
Ces deux pays se retrouvent aujourd'hui dirigés par des partis islamistes, chose impensable il y a à peine un an, mais devenue réalité avec la révolution tunisienne et son onde de choc sur le Maroc où le roi --prenant la mesure du printemps arabe -- a lancé des réformes, suivies d'élections anticipées qui donné la vicitoire au parti justice et développement (PJD).
Après l'étape officielle, M. Marzouki se rendra jeudi à Marrakech pour se recueillir sur la tombe de son père, ancien opposant comme lui, qui a vécu en exil au Maroc.
M. Marzouki doit ensuite se rendre en Mauritanie, puis en Algérie.slateafrique.com
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