Caillassage à répétition contre les forces de Police et ce, « depuis les manifestations » nous disent les intéressés, agressions multiples d...
Caillassage à répétition contre les forces de Police et ce, « depuis les manifestations » nous disent les intéressés, agressions multiples de particuliers à leurs domiciles, les faits divers ne le sont plus, et c'est un phénomène de société qui se déverse sur Mayotte. L'absence de politique sociale décriée par tous nous a amené à rencontrer son responsable, Mohamed Elamine, qui a défendu ses motivations. Propos chocs où des arguments sont à prendre, d'autres à laisser...
Quel avenir pour les enfants des rues de Kawéni?
«Que font les parents ? », « où sont nos foundis ? » entend-on ça et là. Si ces derniers se sont vus écartés de certains actes légaux, comme le mariage ou le divorce, les textes avaient prévu de les inciter à accroitre leur présence au sein des villages tant qu'ils avaient encore du poids.
Car le tout répressif ne peut fonctionner, comme l'a explicitement dit notre procureurPhilippe Faisandier, et surtout dans une société où les habitants vivent encore pacifiquement. La punition via la prison de 7 places pour les mineurs, ne marche « que pour les gros délinquants » expliquent les ''anciens'' qui répètent depuis plusieurs semaines qu' « ici, c'est le travail d'intérêt général qui est efficace : le jeune délinquant est alors montré du doigt par tout un village, créant la honte chez les parents et l'enfant. Agissons tant qu'il est encore temps ! ».
Les maires sont montré du doigt car sollicités depuis trois ans, sans grand succès, pour reprendre des condamnés en les intégrant dans des travaux d'intérêt général, ainsi que nous l'explique Ibrahim Boinahéry, président de l'association des maires qui va lancer dans ce cadre un chantier de nettoyage de rivière, « mais nous manquons de moyens pour les encadrer ». S'il sollicite l'aide de la Préfecture dans le domaine de la cohésion sociale, il déplore par ailleurs que la compétence du Conseil général sur sa partie sociale soit délaissée.
C'est également ce que sous-entend Philippe Faisandier, qui dénonce les insuffisances en matière de postes d'éducateurs agréés, de familles d'accueil et de foyers d'accueil, alors que la justice est elle même accusée de ne pas apporter de sanctions suffisantes, le juge des libertés aurait d'ailleurs relâché récemment des caillasseurs dans la nature. Cette insuffisance de sanctions pénales est aussi dénoncée par le capitaine de PoliceChamassi, représentant syndical de Synergie officier, qui demande en outre un Centre de réinsertion, pour sauver l'avenir de chaque délinquant.
Mohamed Elamine demande "une solution supportable pour tout le monde"
Reconduite des parents sans leurs enfants : quelle réponse ?
« Ces foyers et un Centre de réinsertion pour qui ? » interpelle Mohamed Elamine, directeur général administratif chargé de la Solidarité et du développement au Conseil général qui détient la clef de la politique sociale de Mayotte. « Nous n'avons aucune analyse qui nous permette de cerner qui sont ces délinquants ! » sous entendant qu'ils arrivent en droite ligne des Iles voisines, « lorsqu'on nous dit que la moitié sont mahorais c'est faux. Il faut avant tout contraindre les parents qui ont abandonné leurs enfants à Mayotte à les faire revenir auprès d'eux. C'est leur place. Mais en faisant cela, nous buttons sur un autre volet de la loi qui interdit de reconduire un enfant mineur aux frontières. Or, la priorité, c'est quand même le rapprochement familial ! ».
Si le propos est rude à entendre, il faut le peser, car il est représentatif de la pensée d'une grande majorité de mahorais. « Je comprends la compassion des associations humanitaires vis à vis des jeunes, mais ils nous font passer pour xénophobes, alors que leur générosité n'est qu'un leurre : il me suffirait de bâtir un Centre de réinsertion pour qu'il soit aussitôt rempli et qu'il faille en construire un autre, puis un autre etc., comme les écoles ! ».
Pour Mohamed Elamine, les « arrivants clandestins » devraient s'assurer auparavant que leurs enfants auront de quoi vivre, de quoi dormir : « ils ont ratifié la charte de l'enfance ». Or pour lui, le référent, tante, oncle ou cousin sur place à Mayotte qui a accepté l'enfant, ne s'en occupe finalement pas.
Et, lisant le Code de l'action sociale et des familles « les pouvoirs publics suppléeront à la défaillance des parents, sans se substituer à eux, en cas de troubles graves de l'éducation parentale », en soulignant que «ce sont les 23 éducateurs spécialisés de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) qui placent ces enfants dans des familles d'accueil : actuellement, 200 enfants sont ainsi affectés en ordonnance de placement provisoire dans les 54 familles d'accueil ». Educateurs spécialisés dont le rôle est de suivre ces enfants, ce qui n'est hélas pas toujours le cas. Il faut dire que le manque cruel de moyens du Conseil général n'arrange pas les choses : il n'y avait plus d'essence pour les véhicules de l'ASE il y a 2 semaines…
Quel avenir pour les enfants des rues de Kawéni?
« Cachez ces sœurs que je ne saurais voir… »
Selon Dominique Versini, anciennedéfenseure des enfants, 6.000 mineurs isolés seraient recensés sur l'île. Pour les professionnels de la petite enfance, ils sont beaucoup moins sans référent. Les chiffres devaient être donné par l'Observatoire des mineurs isolés dont on n'entend plus parler… « Il faut laisser le temps aux travailleurs sociaux de discuter avec les mères au Centre de rétention administrative pour vérifier si elles ont laissé des enfants derrière elles car il est arrivé que l'on retrouve un enfant de 2 mois laissé seul dans un banga alors que sa mère était expulsée… » dénonce Mohamed Elamine qui ne comprend pas qu'« après interception, on lâche ces enfants dans la nature ».
« Et arrêtez de dire que ces voisins sont nos cousins ! » Et, poussant le propos, il compare le mélange familial entre les familles Mahoraises et celles des autres îles des Comores, avec la mixité entre Français et Espagnols… Le transfert de la capitale de ce qui s'appelle tout de même « les Comores » de Dzaoudzi à Moroni ? la langue commune ? A tout cela Mohamed Elamine a une réponse : « nous n'avons pas de langue commune. Le shimaorais ou le swahili n'existent pas aux Comores où sont parlés le grand comorien ou l'anjouanais ! Et ce n'est qu'en 1986 que l'immigration vers Mayotte a débuté ».
Pour lui, la solution tient dans un travail « de l'autre côté » : « le développement aux Comores ne dépendra pas d'une coopération régionale, mais seulement si les comoriens le veulent eux-mêmes. Par exemple, lors de l'épisode du chikungunya en 2006, Médecins du monde avait envoyé des médecins pour aider les Comoriens, mais les médecins comoriens ont bloqué cette aide ». Et de rajouter que « les associations qui fleurissent ici doivent aller bosser là-bas »…
Une autre solution pour le DGA : « que le parquet de Mamoudzou accepte d'avoir des interlocuteurs à Anjouan et ce ne sera plus une reconduite mais un raccompagnement d'enfants vers ses parents ». De la même manière, « il faut une collaboration entre la gendarmerie d'Anjouan avec la gendarmerie mahoraise, et même chose avec la Police ».
Un chose sur laquelle tout le monde tombe d'accord : « on créée une bombe qui va nous péter sur les bras ». Surtout que, comme le dénonce Elamine, « nous avons sur l'île des apprentis sorciers qui ont organisé les manifestations sans se soucier que des enfants soient au milieu et en pensant que ça leur rapportera une reconnaissance populaire ! D'autres mahorais gagnent de l'argent sur la location des logements insalubres...»
En conclusion, Mohamed Elamine déclare qu'en continuant à accepter que les femmes enceintes arrivent au 9ème mois pour accoucher à Mayotte « on est en train de créer de la haine alors que nous avons toujours été une société d'accueil ».
Condamner en bloc ces propos ne ferait pas avancer les choses, en discuter, et proposer une action qui convienne à tous paraît approprié, car n'oublions pas que, comme le chantait Moustaki, « s'il y a des coupables, nous sommes tous condamnés »... Malango Actualité
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