Plusieurs témoignages d’enseignants, mais qui pourraient émaner de soignants, ou d’autres professionnels qui essaient de travailler au qu...
Plusieurs témoignages d’enseignants, mais qui pourraient émaner de soignants, ou d’autres professionnels qui essaient de travailler au quotidien en dépit des barrages, vont dans un sens : le découragement face aux agressions et à l’absence de protection de l’Etat français. | ||||
|
Le conflit va impacter sur l’économie et la société mahoraise, cela fait 5 semaines que tous les médias de l’île avertissent de la catastrophe. Et les premiers effets sont là : 25 professeurs ont choisi de rompre leur contrat immédiatement selon le syndicat du second degré SNES. Certains lycées et collèges manquent de professeurs, et si pour l’instant les absences sont imputables aux problèmes de circulation provoqués par les barrages, l’arrêt du conflit va mettre les établissements dans l’impossibilité d’assurer certains cours… Et ceci, sans compter les enseignants qui ne souhaitent pas renouveler leur contrat au bout d’un an ou de trois ans.
Les départs immédiats sont justifiés par des agressions, 18 professeurs ayant bénéficié de 7 à 15 jours d’Incapacité de travail (ITT), victimes de caillassage ou d’agressions directes (Voir témoignages ci-dessous).
La période des mutations arrive et habituellement c’est une cinquantaine de mails de renseignements qui arrive sur la boite du SNES. « Cette année, il n’y en a que 3 ou 4… Il va y avoir un gros problème de recrutement » explique Yann Durozad, secrétaire général du SNES.
Nous avons pu reccueillir plusieurs témoignages de violences, et si certains n’ont été « que » rançonnés comme cela peut arriver sur un barrage, d’autres ont été gravement blessés : tel ce professeur de mathématiques agressé par des jets de pierre réitérés alors qu’il rentrait du collège de Kawéni le mercredi 26, sur le rond-point du Jumbo score par les émeutiers, 7 jours d’ITT ou ce professeur d'anglais au lycée de Mamoudzou caillassé à son retour au domicile le mercredi 26 octobre à 11h 30 au rond point de Jumbo score, et ce professeur au collège de Chiconi, caillassé toujours le même mercredi 26 à un barrage pourtant levé à Vahibé, ainsi que ce professeur de lettres au collège de Dembéni agressé mercredi 26 devant chez lui à Tsoundzou, ou encore ce professeur de mathématiques du lycée du Nord molesté à un barrage vendredi 21 en revenant chez lui vers 22h00 dans l’extrême nord avec des dégâts sur la voiture, ainsi que ce professeur d’éco gestion au lycée de Mamoudzou, caillassé violemment en rentrant chez lui ; il venait de Tsoundzou le soir peu avant minuit le vendredi 21. Il a porté plainte. Il y a aussi un enseignant contractuel au collège de Passamainty, agressé sur son deux roues à la sortie de Dembéni lundi 24 sur la route vers 17h00 en repartant du collège par 8 individus d’une vingtaine d’années et ce professeur d’Histoire-Géographie au collège de Kawéni 2, « caillassé » à Majicavo /Koungou en revenant chez lui après sa journée de cours mercredi 26, ainsi que 4 autres enseignants caillassés en sortant du collège de Kawéni mercredi, l’un d’entre eux, caillassé même en cours avec ses élèves et une vingtaine de collègues obligés de se réfugier au Lycée de Sada le 19 octobre jusqu’en milieu de soirée par des émeutiers…
Sans compter les angoisses « collatérales » comme l’exprime un autre professeur, « comment envoyer mon fils de cinq ans à l’école à Tsoundzou II dans ces conditions ? » ou un autre « comment ne pas s’inquiéter pour ma fille de deux ans restée à la maison avec la nounou si des jeunes entraient dans le lotissement ? », « Comment ne pas m’inquiéter pour ma femme partant vers le lycée du nord avec tous ces barrages et ces agressions dont des proches sont victimes, avec le risque de rester bloquée la nuit tombant, en pensant à la recrudescence des viols cette année ? », « je préfèrerais de loin être au collège à faire mon travail dans de bonnes conditions plutôt que de rester chez moi comme un lion en cage à m’informer des événements et à avoir peur pour ma famille ».
Un professeur présent depuis 5 ans à Mayotte, donc sans indemnité sans prime, remet en question sa présence qu’il considère pourtant comme indispensable au développement de Mayotte : « un lien de confiance s’est rompu avec l’île ».
La population ne se sent plus protégée. Du côté gendarmerie, l’ordre est d’éviter les incidents et les provocations, les jeunes sévissant sur les barrages n’attendant que ces confrontations. Mais cette situation implique une solution : chacun va se défendre avec ses propres armes, ce qui n’est pas prévu dans notre Constitution française. Ceci n’a pas prêté à des dérapages jusqu’à présent, mais chez les automobilistes coincés ce matin sur les barrages la tension continue à monter : à Koungou des petites altercations en étaient la preuve.source:malango actualité
A.L.
COMMENTAIRES