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Le veto russe et chinois "est une expression de mépris pour les aspirations légitimes qui s'expriment courageusement en Syrie depuis cinq mois", a affirmé l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud. AFP/ESKINDER DEBEBE
La Chine et la Russie ont mis, mardi 4 octobre, leur veto et de ce fait torpillé un projet de résolution des pays occidentaux du Conseil de sécurité menaçant le régime syrien de "mesures ciblées" à la suite de la répression sanglante des manifestations.
"Des pays ont présenté un projet de résolution pour faire pression de façon aveugle et même menacer de sanctions la Syrie. Cela n'aiderait pas à améliorer la situation", a déclaré mercredi un porte-parole de la diplomatie chinoise.
L'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine, a estimé que deux philosophies s'étaient affrontées lors des discussions au Conseil de sécurité, dont celle de la "confrontation" voulue, selon lui, par les pays occidentaux. "La menace de sanctions était inacceptable", a-t-il dit après le vote.
"DÉFI MORAL URGENT"
Neuf pays ont voté pour la résolution, la Russie et la Chine, deux membres permanents du Conseil, votant contre, usant de leur droit de veto. L'Afrique du Sud, l'Inde, le Brésil et le Liban se sont abstenus.
"Les Etats-Unis sont furieux du fait que ce Conseil ait complètement échoué" dans sa tentative de traiter "un défi moral urgent et une menace croissante à la paix régionale", a déclaré l'ambassadrice américaine Susan Rice. Elle a implicitement condamné Moscou et Pékin qui, a-t-elle dit, "préféreraient vendre des armes au régime syrien". "Que je sois claire : les Etats-Unis pensent qu'il est grand temps que ce Conseil assume ses responsabilités et impose des mesures ciblées dures et un embargo sur les armes contre le régime [de Bachar Al-]Assad", a déclaré Mme Rice.
"MÉPRIS"
"Aujourd'hui, le peuple courageux de Syrie peut maintenant voir qui, dans ce Conseil, soutient ses aspirations à la liberté et aux droits de l'homme universels et qui ne le fait pas", a insisté l'ambassadrice.
L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a souligné que tous les efforts avaient été déployés pour trouver un compromis depuis le début des discussions au Conseil de sécurité en mai, en vain. Le veto russe et chinois "est une expression de mépris pour les aspirations légitimes qui s'expriment courageusement en Syrie depuis cinq mois. C'est un rejet de ce formidable mouvement en faveur de la liberté et de la démocratie qu'est le 'printemps arabe', a ajouté M. Araud. Qu'on ne s'y trompe pas, ce veto ne nous arrêtera pas. Aucun veto ne peut donner blanc-seing à des autorités syriennes qui ont perdu toute légitimité en assassinant leur propre peuple", a-t-il souligné.
Il s'agit du premier veto russo-chinois depuis celui qui avait bloqué des sanctions de l'ONU contre le président du Zimbabwe Robert Mugabe en juillet 2008.
"TRISTE JOUR POUR LE PEUPLE SYRIEN"
Cet échec est "un triste jour pour le peuple syrien" et "pour le Conseil de sécurité", a déclaré mercredi 5 octobre le ministre des affaires étrangères Alain Juppé. "La France, avec ses partenaires, a tout tenté pour proposer au Conseil de sécurité un texte fort mais qui puisse répondre aux préoccupations de tous. Certains ont décidé de mettre leur veto. C'est un triste jour pour le peuple syrien. C'est un triste jour pour le Conseil de sécurité", a-t-il déploré dans un communiqué.
Le ministre des affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a jugé pour sa part "très regrettable" cet échec. "Ainsi le Conseil de sécurité de l'ONU n'assume pas sa responsabilité pour la paix et la sécurité", a-t-il ajouté. Le ministre a précisé que l'Allemagne allait continuer à tout faire pour "exercer une pression sur le régime syrien", en particulier dans le cadre de l'Union européenne.Le monde
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