Fahmi Said Ibrahim : “Il faut obtenir une résolution. Malheureusement, aucun autre choix ne s’offre à nous”

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A l’approche de l’assemblée générale des nations unies, l’ancien ministre des affaires étrangères, Fahmi Saïd Ibrahim, qui a su donner une t...

A l’approche de l’assemblée générale des nations unies, l’ancien ministre des affaires étrangères, Fahmi Saïd Ibrahim, qui a su donner une tonalité particulière à la question de Mayotte et imprimé une démarche cohérente, estime que “ce qui fausse en réalité et pose problème, c’est que, très souvent, les représentants de la France aux Comores sont davantage carriéristes et n’ont toujours pas l’envergure de gérer cette question politique de haute importance. Ils veulent assumer le seul cahier de charges qui leur a été assigné et passent outre toute autre dimension, politique, humaine, diplomatique. Pour moi c’est le vrai problème“. “Partant de ce postulat, dit-il, ces fonctionnaires sont convaincus que tous ceux qui peuvent réfléchir et raisonner autrement, proposer autre chose, sont des anti-français. Ils n’admettent pas que l’on puisse aujourd’hui contredire la position officielle de Paris.

Aussi bien sur le plan politique que sur le plan du droit international. Or c’est la vraie dimension de la question de Mayotte, c’est une question de droit et la France n’a jamais eu gain de cause sur ce terrain là“. A la question de savoir si l’ambassadeur de France et ses collaborateurs sont habilités à discuter des questions éminemment politiques Fahmi estime que “dès lors qu’ils sont les représentants du gouvernement français, ils peuvent aborder des sujets politiques, mais ils passent beaucoup de temps à gérer leur carrière. Ils oublient de répercuter en France les vrais enjeux ainsi que les positions légitimes des uns et des autres. Parce que je ne peux comprendre que Paris ignore que sur la question de Mayotte la France est perdante, en termes de crédibilité. Et cela ne nous arrange pas. Nous avons, nous aussi, dans la région, besoin d’une France respectée et crédible. Or ce qu’ils font depuis vingt ans, depuis Balladur jusqu’à aujourd’hui, est en train de discréditer la France à long terme“.

A l’issue du communiqué conjoint entre Sarkozy et Sambi, la France était disposée à négocier de la question et offrait les perspectives de discuter de l’avenir de l’archipel. A la question de savoir, pourquoi les Comores, n’ont pas pris au mot le président français, Fahmi émet ses regrets : “Je pense qu’il fallait immédiatement engager les passerelles de discussions, de haut niveau. J’ai toujours refusé, comme l’on fait mes prédécesseurs, de passer toujours par l’ambassade de France à Moroni, parce qu’à mon sens l’interlocuteur du gouvernement comorien reste le gouvernement français. J’ai toujours refusé de m’enfermer avec des discussions à ce niveau“. “Parce que dans la pratique, l’ambassade s’érige en haut commissariat. J’ai dû, d’ailleurs, me bousculer avec certains fonctionnaires de mon ministère pour qu’ils acceptent de rompre avec certaines habitudes“.

“Il fallait refuser que l’interlocuteur du ministre des affaires étrangères des Comores soit Hallade, l’ambassadeur, parce la question de Mayotte doit être traitée avec le ministre des affaires étrangères du pays avec lequel nous sommes en litige territorial. Un point c’est tout. Partant de cette position, tout était possible. Il n’y a pas de petit pays, il n’y a pas de petite Nation“.

Après la mise en place du groupe travail de haut niveau, et l’enlisement des négociations sur des questions mineures, le président comorien décide de rompre les discussions bilatérales. Sambi a changé de ton et de stratégie. Selon Fahmi, “le discours de Sambi aux Nations-unies, c’était le ton qu’il fallait tenir. Et l’attitude qu’il fallait adopter vis-à vis de la France. Il fallait que le monde entier et leurs représentants aux Nations-unis sachent que les négociations bilatérales entre nous et la France ont échoué malheureusement et que les Comores remettent de nouveau au secrétariat général des Nations unies et donc à l’assemblée général la gestion entière de la question. Le discours du président Sambi est entré dans l’histoire et j’espère que le gouvernement actuel en assurera le suivi“.

Fahmi rappelle que “La France a de nombreux lobbies au sein des nations unis, et travaille pour que la question, maintenu à l’ordre du jour soit à chaque fois repoussé“. “Ce qui me chagrine, c’est quand des hommes politiques comoriens, des élus de l’assemblée de surcroît qui osent tenir des propos qui desservent l’intérêt national et vont à l’encontre des intérêts du pays. Et quand je vois en France des députés comme Le Coq (député du Parti communiste français, ndlr) qui défendent les Comores au sein de leur assemblée, je dis qu’il y a un problème. Ils doivent comprendre que Le Coq ne peut pas être soupçonné d’être anti-français. Ce complexe de nègre, qui n’a pas le droit de réfléchir, doit être dépassé par certains. Non. On aime la France mais on aime également les Comores et on défend son intégrité territoriale, voilà pourquoi nous nous battons pour que Mayotte redevienne comorienne pour préserver l’équilibre naturelle de notre pays mais également de notre sous région“.

Fahmi avait initié une campagne médiatique et diplomatique de haut niveau en Europe pour sensibiliser les pays et leur rappeler leur engagement à soutenir la souveraineté des Comores sur Mayotte. “Pour moi, c’était une des manières de sensibiliser l’Europe, parce l’enjeu maorais n’est pas uniquement franco-comorien. Parce que la France est impliquée économiquement à Mayotte. Il faut que l’Europe sache la vérité. Le but de tout ce qu’on a fait est de ramener la France à la table des négociations. Discuter sérieusement mais à un niveau élevé“. “Et puis sincèrement, ajoute-t-il, dans le drame qui frappe notre pays, est ce que on peut réellement agir autrement. Il faut qu’on libère notre conscience. Il fallait que je fasse tout pour arrêter cette situation. S’il nous reste encore d’humanité en nous, il faut qu’on fasse tout pour supprimer ce visa, qui produit tant de drames, tant de morts“.

A la prochaine assemblée générale de l’Onu, “il faut faire le maximum pour que la question soit débattue et qu’on obtienne une résolution. Nous n’avons malheureusement pas d’autres choix qui s’offrent à nous“. Faisant écho de la proposition du parlement de tenir des assises nationales, Fahmi estime que “Mayotte doit faire l’unanimité quant à la feuille de route à adopter. Cela permet aux hésitants de se conformer à des délibérations de portée nationale“.

Propos recueillis par AAA : alwatwan

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