Des coups de feu d’armes de guerre ont retenti dans la nuit de mardi à mercredi à Marsatra, un quartier de Ouani à l’entrée de la localité ...
Des coups de feu d’armes de guerre ont retenti dans la nuit de mardi à mercredi à Marsatra, un quartier de Ouani à l’entrée de la localité de Barakani, soutenus par deux autres salves dans d’autres endroits toujours dans la périphérie de Ouani-Barakani. Si ces coups de feu n’ont pas fait de victimes, ni de dégâts matériels, des questions se posent : que revendiquent les auteurs ? et pourquoi à Barakani ? et que fait la commission en charge de l’insertion et du ramassage des armes encore aux mains des civiles depuis la sécession de l’île en 1997?
Ouani et sa région, à une dizaine de kilomètres de la capitale de l'île, Mutsamudu Crédit photo : E.T./Malango |
D’origine inconnue, ces coups de feu soulèvent des interrogations, car depuis quelques semaines, voire des mois, des anciens éléments des FGA (Force de gendarmerie d'Anjouan), ex-bras armé de Mohamed Bacar, disent ne pas comprendre les critères de sélection concernant l’insertion au sein des différents corps de l’armée comorienne des anciens FGA. Des missives et des courriers anonymes ont circulé et un officier de la brigade de la gendarmerie de Mutsamudu, qui a préféré garder l’anonymat, nous a confié jeudi soir qu’il « n’est pas écarté que des éléments des FGA soient impliqués dans cette histoire. Ils ont clairement affiché la couleur. » Avant d’ajouter que des « mesures ont été prises pour identifier le ou les auteurs de ces coups de feu, sans perturber la quiétude de la population civile ». C’est pour cette raison que des patrouilles nocturnes et des points de contrôles routiers ont été mise en place dès mardi.
Quatre personnes ont été interpelées au bénéfice de l’enquête puis relâchées vendredi. « Ce sont des riverains qui se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment. Il fallait les entendre. Mais l’enquête se poursuit. Nous n’écartons aucune hypothèse. »
Les riverains interrogés affirment avoir entendu une des trois salves d’armes à Marsatra mardi, vers 1h30 mais sans conséquences. A noter que ces tirs provenaient d’une zone très fréquentée, un débit de boissons alcooliques informel y ayant pignon sur rue.
Cependant, « les deux autres tirs nourris qui ont succédé au premier à environ une heure d’interval, démontrent que l’acte n’est pas le fait du hasard. C’est un travail d’un ou plusieurs professionnels, des gens qui se déplaçaient pour éviter d’être identifiés ou suivis. Les douilles de gros calibres retrouvés à Marsatra en témoignent. Mais pourquoi et que revendiquent le ou les auteurs ? Cela reste du domaine du mystère» s’interroge Aboullatuf, un riverain.
Il est vrai que la proximité des faits avec la localité de Barakani, fief de Mohamed Bacar, l’ex-chef rebelle d’Anjouan en exil au Benin, peut bien supposer une implication de ses fidèles qui croient toujours à un retour probable aux affaires de leur chef.
Toutefois, une source crédible nous a informé vendredi matin que parmi les interpellés, il y aurait une personne qui a témoigné avoir entendu un véhicule qui rôdait dans les lieux avant et après les coups de feu de Marsatra. Ce qui peut privilégier la thèse d’une action qui visait à faire porter le chapeau aux partisans de l’ex-chef rebelle.
A Barakani, les rares personnes qui ont accepté donner leur opinion sur l’affaire, disent n’avoir jamais entendu de coups de feu, ni de mouvements inhabituels, mais ces événements se sont produits dans des heures tardives de la nuit, à la veille du jour de l’Aïd El Fitr.
Tous ces éléments remettent en action la mission des experts militaires et civils qui s’occupent du programme d’insertion des anciens FGA et du ramassage des armes. Cette commission peine à fournir des résultats concrets depuis son institution en 2009.
Il se dit que depuis la mise en place de cette commission, pas plus d’une dizaine armes ont été rendues ou ramassées. Quant à l’insertion, c’est une autre paire de manche. Une thèse démentie par un gendarme qui affirme qu’un lot important d’armes aurait été ramassé « même si nous n’avons pas encore mis la mains sur la totalité de l’armement encore en circulation. A noter qu’il est évident que la plupart de ses armes qui échappent à notre contrôle sont devenues inutilisables faute d’entretien. » « Toutefois un arme de guerre reste toujours un arme de guerre et il ne doit pas être à la portée des civils ou être stoker dans un endroit en dehors des casernes militaires » a-t-il conclu.
A titre de rappel, sur les centaines d’ex-FGA qui servaient Mohamed Bacar, une soixantaine seulement a été intégrée dans l'armée nationale.
KAY
(Source : Malango Actualité)
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