Soeuf Elbadawi à Mitsudje en octobre 2009 (Archives Washko Ink./ Mihi Djoubeir) L'expression voudrait signifier [ici] que nous avons...
Soeuf Elbadawi à Mitsudje en octobre 2009 (Archives Washko Ink./ Mihi Djoubeir)
L'expression voudrait signifier [ici] que nous avons eu tout faux en matière de gestion-pays. Trente-six années de rêves effondrés. Trente-six années d'angoisses au quotidien, de promesses en paroles, de mensonges éhontés. La liste de nos malheurs mériterait une édition en série non limitée. Elle exige que l'on ferme les portes une bonne fois pour toutes, afin de pouvoir se jeter des tas de vérités amères au visage. Mais nul n'en ressent le besoin. Car si l'on établissait le véritable bilan, allant du 6 juillet 1975 à nos jours, nous serions obligés de reconnaître nos vrais manquements à l'intérêt général. Il est évident que ripvwa zéro sur toute la ligne ! Le pire, c'est qu'il n'y en a pas un pour sauver l'autre. Nous avons appris à vivre au-dessus de nos moyens. A ramper pour mériter notre petite place au soleil des espérances. A se vendre à vil prix pour ne pas sombrer dans la fange. A cesser de penser pour ne plus avoir à reconnaître nos erreurs.
Que dire d'autre que l'on ne sait déjà ? Nous avons tranquillement grillé le destin de ce pays. A croire que tout ce que l'on a appris à l'école n'a servi qu'à ruiner ce qui restait du legs de l'ancien temps. Scandales fâcheux, incompétence notoire, corruption active, impunité totale, autosuffisance et arrogance, remise en question impossible d'un système en crise depuis plus de cent cinquante ans. Bientôt, nous n'aurons pas les moyens les générations qui mendient leur salut sur la place de l'indépendance. Aurons-nous encore besoin de croire en l'au-delà pour goûter aux plaisirs d'un enfer ici-bas ? Qui s'en soucie ? Le mot « citoyen » ne signifie même plus rien dans la langue de nos élites autoproclamées. Se former, se soigner, manger à sa faim, mériter un toit, n'étant plus un droit, nous organisons lentement mais sûrement le suicide collectif, sans la primeur des médias. Primes-times et gros titres nous ignorent sans façon. Ce qui réduit notre champ d'existence à l'horizon limité au silence.
A force, nos cerveaux se fatiguent, nos forces déclinent. Surtout, personne ne s'interroge sur ce que nous serons, lorsqu'il n'y aura plus rien à vendre sur le marché défait des peuples en souffrance. Personne ne sait non plus à quoi servent nos intellectuels et nos cadres. A courir après des 4x4 rutilants et à miser sur le diable en chemin, peut-être. La date du 6 juillet vient d'être célébrée à grands pas de faux frais. Mais ne se soucie de savoir ce que nous allons raconter au peuple légitimement abruti dans cinq années ? Pour le 40ème anniversaire de l'Etat moribond. Et dire que nos vieux parents ont cru que les savoirs nouveaux allaient leur changer la vie, leur permettre de mieux vivre. Après 36 années d'effets d'annonce, ils ont pu se rendre compte du désastre. Ceux qui ont appris les savoirs nouveaux sont ceux-là mêmes qui scient la branche sur laquelle ils étaient assis. La régression est devenue un crédo de bonne gouvernance, à l'heure où le boutre s'enlise dans les cendres du passé. Nous ne devrions pas en rire sur les places publiques, même si le ridicule ne tue pas. Il n'y a aucune gloire à retirer de l'art de griller son propre pays au soleil. En trente-six années d'existence, nous n'avons fait que désapprendre ce qui fonde notre humanité. Nous n'avons même plus d'empathie pour notre semblable, voisin ou cousin, en ces temps de mauvaise vie.
Soeuf Elbadawi - Auteur et artiste
Source : comoresdroit
L'expression voudrait signifier [ici] que nous avons eu tout faux en matière de gestion-pays. Trente-six années de rêves effondrés. Trente-six années d'angoisses au quotidien, de promesses en paroles, de mensonges éhontés. La liste de nos malheurs mériterait une édition en série non limitée. Elle exige que l'on ferme les portes une bonne fois pour toutes, afin de pouvoir se jeter des tas de vérités amères au visage. Mais nul n'en ressent le besoin. Car si l'on établissait le véritable bilan, allant du 6 juillet 1975 à nos jours, nous serions obligés de reconnaître nos vrais manquements à l'intérêt général. Il est évident que ripvwa zéro sur toute la ligne ! Le pire, c'est qu'il n'y en a pas un pour sauver l'autre. Nous avons appris à vivre au-dessus de nos moyens. A ramper pour mériter notre petite place au soleil des espérances. A se vendre à vil prix pour ne pas sombrer dans la fange. A cesser de penser pour ne plus avoir à reconnaître nos erreurs.
Que dire d'autre que l'on ne sait déjà ? Nous avons tranquillement grillé le destin de ce pays. A croire que tout ce que l'on a appris à l'école n'a servi qu'à ruiner ce qui restait du legs de l'ancien temps. Scandales fâcheux, incompétence notoire, corruption active, impunité totale, autosuffisance et arrogance, remise en question impossible d'un système en crise depuis plus de cent cinquante ans. Bientôt, nous n'aurons pas les moyens les générations qui mendient leur salut sur la place de l'indépendance. Aurons-nous encore besoin de croire en l'au-delà pour goûter aux plaisirs d'un enfer ici-bas ? Qui s'en soucie ? Le mot « citoyen » ne signifie même plus rien dans la langue de nos élites autoproclamées. Se former, se soigner, manger à sa faim, mériter un toit, n'étant plus un droit, nous organisons lentement mais sûrement le suicide collectif, sans la primeur des médias. Primes-times et gros titres nous ignorent sans façon. Ce qui réduit notre champ d'existence à l'horizon limité au silence.
A force, nos cerveaux se fatiguent, nos forces déclinent. Surtout, personne ne s'interroge sur ce que nous serons, lorsqu'il n'y aura plus rien à vendre sur le marché défait des peuples en souffrance. Personne ne sait non plus à quoi servent nos intellectuels et nos cadres. A courir après des 4x4 rutilants et à miser sur le diable en chemin, peut-être. La date du 6 juillet vient d'être célébrée à grands pas de faux frais. Mais ne se soucie de savoir ce que nous allons raconter au peuple légitimement abruti dans cinq années ? Pour le 40ème anniversaire de l'Etat moribond. Et dire que nos vieux parents ont cru que les savoirs nouveaux allaient leur changer la vie, leur permettre de mieux vivre. Après 36 années d'effets d'annonce, ils ont pu se rendre compte du désastre. Ceux qui ont appris les savoirs nouveaux sont ceux-là mêmes qui scient la branche sur laquelle ils étaient assis. La régression est devenue un crédo de bonne gouvernance, à l'heure où le boutre s'enlise dans les cendres du passé. Nous ne devrions pas en rire sur les places publiques, même si le ridicule ne tue pas. Il n'y a aucune gloire à retirer de l'art de griller son propre pays au soleil. En trente-six années d'existence, nous n'avons fait que désapprendre ce qui fonde notre humanité. Nous n'avons même plus d'empathie pour notre semblable, voisin ou cousin, en ces temps de mauvaise vie.
Soeuf Elbadawi - Auteur et artiste
Source : comoresdroit
COMMENTAIRES