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Le président de la HAT refuse de se conformer aux résolutions de la SADC. Il annonce son intention de mener à nouveau seul la barque de la transition, avec ou sans la communauté internationale.
Andry Raoelina persiste et… ne signe pas une feuille de route amendée. Le président de la Transition s'apprête à passer outre les résolutions du Sommet des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). « Nous allons poursuivre l'application sans condition de la feuille de route élaborée par la SADC », a-t-il déclaré, hier au palais d'Ambohitsorohitra.
L'homme fort de la transition rejette en bloc les résolutions du Sommet du bloc économique régional du 11 et 12 juin à Sandton, officialisant une position adoptée à la suite d'une réunion avec ses proches collaborateurs lundi. Il refuse le retour sans condition de l'ancien président Marc Ravalomanana qui se trouve en Afrique du Sud. « Il peut rentrer dès que le contexte politique le permettra. Et encore, il ne peut pas rentrer impunément », lance-t-il. Puis, il s'en tient à la feuille de route paraphée par huit des onze entités politiques définies par l'équipe de médiation le 9 mars. « Personne ne peut faire pression sur nous pour cela », défie-t-il.
Le régime de transition répond aux résolutions du Sommet de la SADC en Afrique du Sud. Ce rendez-vous avait exhorté la HAT à permettre le retour sans condition des exilés politiques, dont l'ancien président Marc Ravalomanana. Il avait également fait part de la nécessité d'amender la feuille de route paraphée.
La Haute autorité de la transition (HAT) s'en tiendra à la feuille de route paraphée du 9 mars. Andry Rajoelina promet de « prendre ses responsabilités » et confirme la tenue des scrutins sans dévoiler l'ordre des consultations populaires et le calendrier de celles-ci. « Nous devrons aller de l'avant pour des élections libres, transparentes et incontestables avec ou sans l'aide de la communauté internationale », lance-t-il, s'apprêtant à faire à nouveau cavalier seul après avoir cherché la reconnaissance internationale depuis 2009.
La HAT change son fusil d'épaule après une campagne de lobbying, annoncée comme fructueuse, et des déclarations qui se veulent rassurantes quant à l'issue du Sommet de la SADC. Cette fois-ci, elle lance une contre-offensive pour défendre la feuille de route paraphée malgré une position différente de la SADC sur la question.
Opposition catégorique
Les responsables des commandements au sein des Forces armées et de la police nationale sont les premiers à monter au créneau, avant même le chef suprême des armées à Andrefan'Ambohijanahary. Ils font part de leur « opposition catégorique » au retour au pays de Marc Ravalomanana et promettent des mesures adéquates relatives à cette position, et ce, après une rencontre de près d'une heure et demie avec Andry Rajoelina dans la matinée.
Des indiscrétions font état d'une consigne auprès des groupes politiques ayant paraphé la feuille de route de contrecarrer les résolutions de la SADC. Coïncidence ou non, la réaction de VyVato Rakotovao, ministre de l'Agriculture et secrétaire général du Tiako i Madagasikara (Tim) aile Raharinaivo Andrianatoandro, semble cadrer avec l'initiative. « Nous sommes tenus à nos engagements contenus dans la feuille de route de sortie de crise à Madagascar, élaborée par l'équipe de la médiation », lance-t-il en s'adressant au bloc économique régional.
Mamy Rakotoarivelo, président de délégation de la mouvance Ravalomanana, réagit vite à la position de la HAT. « L'élaboration de la feuille de route est un processus. Le régime se réfère à ce document quand les conditions lui sont favorables et se retourne contre celui-ci dans le cas contraire. Ce n'est pas sérieux », fustige-t-il, rappelant au passage une déclaration de Monaïsa Mokgheti, ambassadeur de l'Afrique du Sud, selon laquelle, la feuille de route n'est définitive qu'après sa signature, précédée de l'aval de la SADC en marge du Freedom Day .
Le secrétaire général du TIM pro-Ravalomanana pointe du doigt l'attitude du régime dans la gestion du cas de l'ancien président. « Il faut avoir un esprit réconciliateur pour jeter une base solide à la sortie de crise, sinon on va tourner en rond. Ceux qui sont au pouvoir ne doivent pas oublier qu'ils ne sont pas innocents sur les événements de 2009, pour ne parler que de ceux du 26 janvier », prévient-il.
Des mesures d'accompagnement attendues
Le régime de transition promet des mesures économiques et sociales pour accompagner l'« unilatéralisme », en réaction aux décisions de la SADC. « Des programmes sont prévus, mais on les annoncera plus tard. Aujourd'hui, il fallait d'abord clarifier la décision politique », a promis Harry Laurent Rahajason, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement et directeur de la communication à la Présidence, hier.
Lors de son allocution, Andry Rajoelina, président de la Transition, s'est contenté d'annoncer la feuille de route comme étant le cadre politique de sortie de crise. Il n'a pourtant pas touché mot sur les mesures d'accompagnement en matière économique et sociale pour faire face aux conséquences de la décision d'outrepasser les résolutions du bloc économique régional.
Iloniaina Alain
Source:lexpressmada
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