L'antipaludique OZ439, en phase de test, est le produit le plus puissant pour détruire le parasite responsable de la maladie, et cela ...
L'antipaludique OZ439, en phase de test, est le produit le plus puissant pour détruire le parasite responsable de la maladie, et cela à tous les stades de son développement.
Un médicament capable de guérir en une seule dose le paludisme chez l'animal a été mis au point par une équipe internationale de chercheurs australiens, suisses, anglais et américains.
Leur étude montre dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaine du 7 février que l'antipaludique OZ439 est actuellement le produit le plus puissant pour détruire le parasite Plasmodium responsable de la maladie, et cela à tous les stades de son développement dans le sang. «Il s'agit d'une avancée majeure dans le traitement du paludisme, commente Bernard Meunier, membre de l'Académie des sciences et fondateur de la société Palumed. L'OZ439 est une molécule originale promise à un très brillant avenir.» Cette découverte arrive à point nommé au moment où de nouvelles souches du parasite résistantes aux traitements actuels font leur apparition dans l'ouest du Cambodge.
L'évolution du traitement
Le paludisme est, avec la tuber culose et le virus du sida, l'un des fléaux majeurs de l'humanité, responsable notamment de la mort de près de 800.000 personnes chaque année dans le monde. La dernière révolution dans son traitement a été l'arrivée dans les années 1990 des dérivés de l'artémisinine, substance naturelle antipaludique présente depuis deux mille ans dans la pharmacopée chinoise. Leur association aux antipaludiques classiques en formules appelées ACT offre une alternative pour traiter le plus virulent agent du paludisme, Plasmodium falciparum, désormais résistant au traitement classique par la chloroquine. Le soutien financier de fondations telles que celle de Bill et Melinda Gates a permis de généraliser l'usage des ACT ces dernières années en Afrique, continent le plus touché par la maladie.
En 2009 cependant, des chercheurs thaïlandais et le spécialiste français François Nosten présent sur place annoncent l'existence de souches de P. falciparum résistantes à l'artémisinine près de la frontière cambodgienne. Cela était d'autant plus inquiétant que cette région avait déjà vu l'apparition des souches de P. falciparum résistantes à la chloroquine qui ont causé la mort de millions de personnes en Afrique. Face à ce nouveau défi, l'OMS vient de lancer un plan d'endiguement mais elle va probablement pouvoir aussi compter sur le puissant renfort de l'OZ439.
Celui-ci, dont le mode d'action est inspiré de l'artémisinine, a jusqu'à présent rempli le cahier des charges attendu: il est efficace par voie orale en une seule dose, ce qui facilite son usage dans les zones reculées, étant entièrement chimique, il pourra être produit industriellement à faible coût. Il a déjà montré son innocuité chez l'homme même à très fortes doses. Mieux, il peut, à la différence des dérivés synthétiques de l'artémisinine, prévenir aussi l'infection à Plasmodium, surpassant en cela la méfloquine utilisée actuellement par les touristes. Les premiers essais chez l'homme ont démarré en Thaïlande. Le développement et la diffusion de l'OZ439 est piloté par la fondation suisse Medicines for Malaria Venture (MMV) financée en grande partie par la Bill et Melinda Gates Foundation ainsi que le Wellcome Trust britannique et certains États européens.source:le Figaro