Mzembaba victime d'un pouvoir qui ne supporte pas la vérité. Ce régime qui fabrique la peur. L’arrogance du Maire de Moroni a franchi un nouveau seuil
Mzembaba victime d'un pouvoir qui ne supporte pas la vérité
Moroni n’est plus seulement la capitale des Comores. Elle est devenue le théâtre de l’humiliation, de la peur et du silence imposé. Le cas de Mze Mbaba, aujourd’hui hospitalisé après une agression d’une brutalité inouïe, en est l’illustration parfaite. Dans un pays où critiquer le pouvoir est perçu comme un crime, la voix de cet homme dérangeant pour les autorités a été réduite au silence… à coups de matraques. Un citoyen en colère contre l’injustice est rendu victime.
Ces derniers temps, Mze Mbaba s’était fait connaître sur les réseaux sociaux pour ses prises de positions virulentes contre la mauvaise gestion du maire de Moroni, M. Omar, un proche du régime du président Azali Assoumani. Il dénonçait la corruption, le népotisme et l’arrogance du Maire de Moroni. Mais dans une République où la loyauté au pouvoir compte plus que la compétence, où le silence est synonyme de survie, Mze Mbaba a commis un crime impardonnable : il a parlé. Et pour avoir parlé, il a été réduit au silence.
Enlèvement et passage à tabac. D’après plusieurs témoignages concordants circulant sur les réseaux sociaux, Mze Mbaba aurait été enlevé par l’unité de la police municipale de Moroni sans mandat, sans convocation, sans procédure. Ces voyous car il faut bien les appeler ainsi l’auraient tabassé avec une violence telle qu’il ne parvient plus à se tenir debout. Hospitalisé, il souffrirait de séquelles physiques, mais aussi d’un traumatisme psychologique profond. L’homme qui dénonçait la misère et la corruption a été livré à la brutalité d’un système devenu fou.
Ce régime qui fabrique la peur. L’arrogance du Maire de Moroni a franchi un nouveau seuil. Ceux qui prétendent gouverner « au nom du peuple » terrorisent ce même peuple. Les institutions sont confisquées, la presse muselée, les opposants exilés ou emprisonnés.
Le régime d’Azali Assoumani, devenu une caricature de lui-même, s’accroche à son trône comme un naufragé à sa planche, et ses lieutenants maires, préfets, militants zélés exécutent sans honte les basses besognes. Mze Mbaba n’est pas un cas isolé. Ceux qui devraient protéger les citoyens deviennent leurs bourreaux. Ceux qui ont juré de servir la République l’ont transformée en une jungle où la loi du plus fort règne en maître.
Aujourd’hui, Mze Mbaba est couché sur un lit d’hôpital. Mais son cri résonne au-delà de sa douleur. Le régime peut frapper, intimider, emprisonner, mais il ne pourra jamais bâillonner durablement un peuple éveillé. Car ce qui est arrivé à Mze Mbaba pourrait arriver demain à n’importe quel autre citoyen, à n’importe quelle voix libre.
Said Yassine Said Ahmed

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