À chacun ses pleurs. Cette chanson savamment composée, dans des circonstances plus que douloureuses, reste une source de recueillement, d'apaisement e
À chacun ses pleurs.
"Uhoza mwandzani elawa duniani".
Cette chanson célèbre de Salim Ali Amir quand il a perdu un de ses meilleurs amis, à la fleur de l' âge, a fait pleurer des milliers des comoriens.
Elle comporte des notes funèbres très aiguës adoucies par la voix gravement apisante et mélodieuse du chanteur. L'intro a vivement révélé la douleur maitrisée et retenue qui frôle, à peine, l'appel à la compassion de l'artiste en profonde souffrance.
Le couplet est toute une page ouverte où défilent, à l'écoute recueillie, la peine subie par le disparu, la délivrance de son âme, l'intimité endolorie entre le chanteur et son frère parti, la marque indélébile de sa vie et la prière pour le repos de son âme.
Le pont marque, remarquablement, un ruissellement de la musique coulant vers une rupture irréparable mais, qui ne rompt pas la vie, tout en insistant sur la terrible épreuve faisant partie même de la vie.
Cette chanson savamment composée, dans des circonstances plus que douloureuses, reste une source de recueillement, d'apaisement et de vive mémoire pour, à la fois, le repos de l'âme du disparu et la consolation des proches affligés.
En tout cas, quand Salim m'a parlé de cette chanson, autour d'un café á Moroni, je lui ai dit que cela a calmé ma douleur endurée pour la mort d'un jeune cousin à quelques jours de son bac et renforcé ma forte pensée pour lui, je l'ai remercié.
Salim n'a pas inventé cette manière de pleurer les morts par la chanson. Il lui a donné une dynamique artistique. Dans la tradition comorienne, lorsqu'un pilier de la famille décède, les femmes faisaient l'idumbio, une sorte de chant funèbre exprimant à la fois la douleur des proches, le rôle, le statut et les œuvres du disparu après avoir lu le hitma et les duan.
Ceux qui etaient au concert de Salim Ali Amir le 07/09/2024 à Marseille ont pu voir, sur scène, comment un artiste de grand talent a réussi à noyer la douleur de perdre un être très cher dans ce qui était la force de sa vie en partage.
Et quand s'éteindront les ondes sombres de l'obscurantisme, il se pourrait que l'idumbio sera reconnu une sorte de pleurs normale, un sadaka autrement.
Dini Nassur
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