«Depuis l'arrivée d'Azali en 2016, les chantiers sont attribués aux seules sociétés chinoises...sans respect des procédures légales d'appel d'offres»
«Depuis l'arrivée d'Azali en 2016, les chantiers sont attribués aux seules sociétés chinoises...sans respect des procédures légales d'appel d'offres»
Dans une interview censurée par La Gazette des Comores, le patron de la société CBE est revenu sur la gestion opaque de ceux qui «managent les fonds de la banque mondiale» et critique les distributions des marchés publics aux sociétés chinoises et turques sans appel d'offre. Nous publions cette interview à la demande du censuré par nos confrères
La Gazette des Comores : Interview du lundi 29 novembre 2021
Vous avez grillé le gouvernement auprès de la Banque mondiale, en l’accusant d’attribuer les marchés publics à des sociétés étrangères et pour la plupart du temps sans respect des procédures légales d’appel d'offres. Pourquoi un tel réquisitoire maintenant ?
Pas que maintenant.
Depuis l’avènement du régime d’Assoumani Azali en 2016, je n’ai pas cessé de dénoncer le non-respect des lois et procédures légales d’appel d’offres et incessamment de 2016 à 2019 au cours de mon mandat au sein du patronat comorien. Le secteur privé s’est toujours plaint de cet état de fait. Les acteurs de la grève de janvier 2020 avaient mis en avant cette revendication. Ce régime a affiché dès son arrivée une mauvaise foi flagrante sur le sujet.
En 2016, le premier gouvernement du Président Assoumani Azali avait à gérer une plainte pour non-respect de la loi contre les vice-présidents Mamadou, Nourdine Bourhane , contre le Directeur National des Routes (DNR) Said Houssein et la société Colas. Sans aucune explication, la procédure judiciaire fût stoppée par le Ministre de la Justice du régime d’Assoumani Azali en 2016.
En 2017 Said Houssein a été remplacé. Mais en 2019 le régime le rappelle au même poste de DNR. Et les entorses à la loi et aux procédures ont continué de plus belle jusqu’ aujourd’hui.
Pour répondre à votre question, ce n’est pas le gouvernement que j’ai grillé, mais ce sont ceux qui managent les fonds de la Banque Mondiale que je dénonce avec le lancement en ce mois de novembre 2021 des 10 appels d'offres N° 2021/002 et 003 /MAPETA /PIDC/AO.
Des appels d'offres assortis de conditions qui viennent conforter des pratiques hors-la-loi de ce gouvernement et leur donnant ainsi la caution de la Banque Mondiale.
« Le PIDC sollicite des offres fermées de la part de soumissionnaires...ayant démontré une bonne expérience de marchés...à partir du 1er janvier 2016...» Or depuis l'arrivée du régime d'Assoumani Azali en 2016, les chantiers sont attribués aux seules sociétés chinoises et turques pour la plupart du temps sans respect des procédures légales d’appel d'offres.
Dans le contexte comorien actuel, le principe de mise en concurrence conformément aux procédures de référence de la Banque Mondiale est vicié.
Quelle a été la réaction de la Banque mondiale ?
En effet j’ai explicité par écrit aux représentants PIDC le problème conséquent aux conditions posées par les derniers appels d’offres. Aucune réaction.
Pouvez-vous fournir des exemples de marchés attribués sans respect des procédures ?
Tous les marchés de construction et de réhabilitation de routes lancés et financés par L’Etat Comorien depuis 2016.
Le marché de construction du bâtiment des pompiers.
Votre société CBE et votre concurrent direct EGT ne peuvent pas faire le poids face à une multinationale. C’est une évidence. Quid de l’idée de vous unir autour d’un groupement d’intérêt économique ?
Le problème ne se pose pas en ces termes. Les sociétés qui ont la faveur des autorités ici ne sont pas installées aux Comores comme des mastodontes. Elles se sont équipées puis ont grossi grâce aux marchés qui leur ont été attribués par nos autorités.
Tant que cette préférence de conduite des affaires d’Etat perdurera, même le plus costaud GIE de comoriens ne fera que végéter. Nous ne sommes pas comptés dans l’échiquier vers la fameuse émergence 2030.
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